Roulez tambours, sonnez trompettes, le secteur de la santé algérien s'est doté d'une clinomobile, une première que le département de Djamel Ould Abbès a vite fait d'annoncer à travers tous les canaux officiels d'information. Cette clinique mobile qui a été mise en circulation à Tessala El Merdja, est équipée pour offrir les premiers soins, prendre en charge les consultations pré et post-natales, le suivi de la femme enceinte, la vaccination, le contrôle de la tension artérielle ainsi que les maladies non transmissibles (des examens biologiques de base pour le diabète notamment). «Cette clinomobile permet aux personnes ayant des difficultés d'accès de se faire soigner», dira le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, ajoutant que les données cliniques et préventives recueillies lors du passage de la clinomobile seront transmises à la structure avoisinante pour la continuité des soins. Selon M. Ould Abbès, le travail de la clinique mobile permettra, à long terme, d'alléger la pression sur les hôpitaux.Mais ce que ne dit pas le ministre, c'est que Tessala El Merdja est aux portes d'Alger et pas très loin de Blida. On aurait compris si la clinomobile avait été envoyée à Tin Zaouatine, Timïaouine ou un de ces nombreux villages oubliés de l'Algérie, mais pas à quelques encablures de deux grandes villes. Il est anormal qu'aux environs de la capitale du pays, il y ait encore des populations qui n'arrivent pas à accéder aux soins. Il est vrai que M. Ould Abbès a précisé que d'autres clinomobiles devront être envoyées, dans un proche avenir, dans d'autres wilayas du pays. N'aurait-il pas été plus judicieux de consacrer l'argent déboursé pour l'achat de ces clinomobiles équipées à la construction et l'équipement de salles de soins et dispensaires pour une véritable promotion de la santé de proximité, tel qu'exigé par le chef de l'Etat, lors de l'audition du responsable du secteur de la Santé ? Surtout que, contrairement à une structure bâtie, la clinomobile peut vous laisser sur la route, en panne, à tout moment. Et si le plan quinquennal prévoit la construction de 1 000 structures sanitaires, on pourra toujours garder cet argent pour l'achat d'équipements, de vaccins et de médicaments qui n'en finissent pas avec les ruptures de stocks, n'en déplaise au ministre qui ne veut pas entendre parler d'indisponibilité de médicament. En fait, le ministre se décharge de tout en imputant les pénuries à l'«inexistence d'une culture du générique dans notre pays», à des problèmes de distribution, à des manœuvres des importateurs… Mais qu'attend donc le ministère de la Santé pour mettre bon ordre dans ce panier à crabes qu'est le marché du médicament ? Quoi qu'en dise M. Ould Abbès, la santé est sous son entière responsabilité et ce n'est pas en rejetant les fautes sur les uns et les autres que les problèmes trouveront solutions. Les malades n'ont que faire des effets d'annonces et des polémiques stériles, ils ont besoin d'un système de santé fiable et performant. Et c'est la mission première d'un ministère de la Santé. H. G.