Photo : A. Lemili De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi «Monsieur, vous allez garer ? Madame, mettez votre véhicule de ce côté-ci». Une formule qui retentit quotidiennement en boucle au niveau des espaces de stationnement créés pour une telle conjoncture à Constantine. L'anarchie y règne devant le total mutisme des autorités qui font dans le laxisme pour ne pas bousculer une jeunesse affamée de dinars…pour survivre. Mais est-ce au détriment des espaces libres d'accès ? Pour les aires (9 au total) normalement réglementées par la commune, le flou persiste quant aux tarifs proposés aux usagers. Cette situation confuse devrait s'estomper un tant soit peu avec l'ouverture dans les prochains jours du parking à étages situé du côté de Sidi Rached. Mais la population semble moins intéressée, car il lui faudrait se garer un peu loin du centre ville et des organismes publics centralisés. Dans ce contexte, on apprend que cet énorme chantier, réalisé à Constantine après tant d'années d'attente, serait opérationnel début octobre prochain, et ce, à en croire une énième …promesse des responsables de la commune. Désormais tous les espoirs sont tournés vers cette solution temporaire. Soit une échappatoire éphémère car Constantine grandit et le parc roulant va de concert. Aussi cet énorme projet, qui aura ingurgité plusieurs milliards en raison de sa réévaluation incessante, pourrait servir une partie de la cité millénaire. 750 millions de centimes pour sa première mise aux enchères C'est fait ! Le parking à étages verra incessamment son acquéreur pour une durée de trois ans, comme il a été stipulé récemment dans le mode de gestion de cet espace. Après les délibérations des commissions compétentes relevant du secteur domanial et municipal, des avis seront lancés incessamment dans la presse pour enclencher l'option, a-t-on appris du responsable des réalisations près l'APC. Celui-ci sera destiné à accueillir 532 voitures et doté de 16 locaux à usage commercial, et le futur bénéficiaire devra régir l'ensemble de la bâtisse, atteste encore le responsable du domaine. Cependant, cette décision de recourir au plus vite à l'ouverture s'avère un peu anticipée. Si l'on se rend sur les lieux, on peut voir les travaux qui ne sont pas achevés. Pour l'heure, ni entrée principale ni locaux ne semblent avoir été finalisés. Du moins, un compromis aura été scellé entre le service de réalisation garant du projet et la commune, qui aura donné sa parole «aux autorités» quant à la remise du chantier vers la fin du mois d'octobre. Ce qui a été relayé par l'administration locale en vue de gagner du temps pour entériner les enchères du futur potentiel chaland. Les citoyens espèrent que la précipitation n'altèrera pas pour autant la qualité de l'œuvre devant être livrée, presque à la force des bras, en témoignent les multiples cessions des deux assemblées (APC et APW) qui lui ont été consacrées. Des jeunes s'improvisent gardiens de jour dans des espaces publics Le problème de stationnement à Constantine constitue un handicap majeur pour les résidants et les passagers. De jour comme de nuit, la population véhiculée est confrontée à cet éternel problème qui n'a pas encore été solutionné de manière radicale et raisonnée. L'ouverture de la capitale de l'Est à plusieurs chantiers a engendré en outre un rétrécissement aux points névralgiques, ce qui complique davantage la problématique que tous les responsables peinent à solutionner. Entre parkings sauvages gardés par des pseudo-détenteurs et parkings dit autorisés, les automobilistes se bousculent aux premières heures pour se garer. Il ne faut surtout pas chercher le prix de la place louée. Le rush s'accentuant, ce sont des bouchons qui en résultent. Constantine détient un «garage» improvisé dans chaque cité où se trouve le plus souvent un quelconque organisme public ou privé assez sollicité par les citoyens. L'anarchie, en dépit des actions entreprises par les services compétents pour y mettre fin, est source de beaucoup de problèmes, dont des échauffourées entre les automobilistes et les gardiens. Ce mois de Ramadhan aura mis à nu la défaillance criante dans la gestion des espaces non autorisés au stationnement, donc ne relevant d'aucune taxe. «On préfère s'acquitter de 20 ou 50 DA pour acheter la paix», avoue un automobiliste qui renvoie la balle de cette mascarade aux autorités locales en premier lieu car jugeant qu'«elles laissent la voie ouverte à ces braconniers des quatre roues, au motif que la jeunesse n'a pas de boulot…» Combien de fois n'a-t-on vu des scènes de violence et de provocation dans ces endroits. C'est la loi du plus fort qui dépossède les citoyens respectueux. Pourtant, on se rappelle que les pouvoirs publics ont juré de mettre fin à cette débandade qui salit les espaces publics et encourage le banditisme. Lors d'une session de l'Assemblée populaire de wilaya, le chef de l'exécutif n'a pas caché son mécontentement sur le sujet. Toutefois, son message semble avoir été mis dans les tiroirs. Et aucun des élus n'a daigné reprendre la question pour trouver une solution un tant soit peu acceptable, de par la complexité du tissu urbain dans la ville des Ponts. La municipalité gère neuf parkings régularisés Il y a de l'arnaque dans l'air ! Le cahier des charges a été préalablement défini par la Direction des domaines et l'APC dans lequel est consigné, entre autres, le prix appliqué pour le stationnement, à savoir 20 DA. Toutefois, cette règle n'est pas appliquée par la majorité des «gardiens» de ces parkings ou plutôt de ces aires de stationnement situées à Saint-Jean, Tatache, El Bir, les «SS» Coudiat, Souk Al Asser, l'hôpital, Zamouche et la gare routière. «Ce sont les citoyens qui n'exigent pas le ticket», accuse le directeur du domaine. Ce qui conforte l'application libre des coûts. «Personne n'est venu réclamer la valeur réelle du tarif de stationnement», renchérit-il. Soit un informel dans une peau formelle ! Loués par la commune et les services des domaines, ces neuf parkings ont revu leur durée de location à la baisse. De fait, au lieu de les céder pour une durée de trois ans, il est question d'un seul. Les anciens baux de location seront désormais raccourcis, selon M. Dekkari, directeur des domaines. La nouveauté des cessions réside dans le payement intégral des redevances et l'acquittement des nouveaux frais relatifs à toute l'année, rubis sur l'ongle, avant la prise en main dudit contrat. Il faut savoir que c'est aux enchères que les neuf espaces sont loués. La fourchette minimale fixée entre 30 et 50 000 DA augmente pour atteindre les 200 000 DA selon l'endroit. «Cela renfloue les caisses de la municipalité» notamment avec cette nouvelle condition de payement sans tranches. Au centre-ville, les lieux convoités se situent au Coudiat et Saint Jean, car ils débouchent facilement sur tous les types d'établissements fréquentés par la population et, par ricochet, par la masse de fonctionnaires, postes, finances, commissariat central. Constantine devrait respirer partiellement avec le parking à étages et se désengorgera davantage avec la construction d'autres espaces similaires à des points stratégiques pour peu que les délais ne s'éternisent pas. Décidément, on se souviendra longtemps des travaux de réalisation et des surcoûts du parking de Sidi Rached.
