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Sur les traces de l'Emir Abdelkader
Un colloque lui a été dédié à Tlemcen
Publié dans La Tribune le 02 - 10 - 2010

De notre correspondante à Tlemcen
Amira Bensabeur
La vie spirituelle de l'Emir Abdelkader a été le thème central d'un colloque organisé jeudi et vendredi dernier à Ghazaouet dans la wilaya de Tlemcen, par la fondation Emir Abdelkader en étroite collaboration avec la Direction de la culture de la wilaya. Placé sous le haut patronage du président de la République, cette rencontre à laquelle ont pris part chercheurs et historiens, et qui s'est achevée hier, a été une occasion pour les participants d'évoquer plusieurs facettes de la vie du premier fondateur de l'Etat algérien.
Plusieurs communications ont été présentées durant le colloque, notamment «Dialogue des civilisations», et «La bataille de Sidi Brahim».Dans l'esprit de beaucoup d'Algériens, l'homme, symbole de «l'Etat nation» (du moins à travers son effigie sur les billets de banque et les statuts qui lui ont été conférés en signe de reconnaissance et aussi dans l'espoir que cet homme puisse rassembler autour de son image l'ensemble des Algériens) est reconnu pour sa bravoure, son sacrifice, et pour sa stratégie militaire, ce qui n'est pas peu de choses. Il est rare, en revanche, qu'on prête à cet homme des idées de fondateur d'un Etat moderne (administration, impôt, monnaie nationale, justice, etc.).Chef d'Etat de génie, poète de surcroît, à peine sorti de l'adolescence qu'il se trouve par le jeu de l'histoire et de la trame divine placé à la tête d'un pays prospère, mais aux prises avec une armée française plus forte militairement. Mystique extatique, rattaché à l'école doctrinale et à la lignée initiatique d'Ibn Arabi, l'Emir Abdelkader s'est imposé, pendant son exil à Damas où il mourut en 1883, comme l'un des maîtres spirituels majeurs du soufisme contemporain. Il est rare qu'une nation enfante d'un homme de l'envergure de l'Emir Abdelkader, ce qui est encore plus rare dans l'histoire des nations, c'est notre incapacité à saisir ce prestige à bras-le-corps pour en faire non une statue (place Emir-Abdelkader), mais une voie pour des centaines de milliers de personnes qui errent dans la nature. Un document écrit par Sidi Mohammed juriste et soufi, évoque la formation de l'homme. «Abdelkader est né à la Guetna près de Mascara en 1808, élevé dans la zaouïa paternelle dirigée par Sidi Mahieddine, il reçoit une éducation solide qu'il complète auprès des maîtres éminents à Arzew et à Oran. Il apprend les sciences religieuses, la littérature arabe, l'histoire, la philosophie, les mathématiques, l'astronomie, la médecine... Platon et Aristote, Al-Ghazali, Ibn Rushd et Ibn Khaldûn lui sont familiers, comme en témoignent ses écrits. Toute sa vie, il étudie et développe sa culture.» Le document parle également de pèlerinage. «Il effectue le pèlerinage à la Mecque avec son père en 1826 et prend contact avec l'Orient. Les pèlerins se rendent ensuite à Baghdad pour visiter le tombeau de Sidi Abdelkader Djilani, fondateur de la confrérie al-Qadiriya à laquelle se rattache la zaouïa de la Guetna. Ils échappent ainsi aux menaces du bey d'Oran qui a pris ombrage de l'autorité spirituelle de Sidi Mahieddine et de son fils en Oranie.» Quant à son engagement et la guerre ; l'auteur souligne qu'après la prise d'Alger en 1830, Sidi Mahieddine et le jeune Abdelkader participent à la résistance populaire. Abdelkader se distingue par son courage et son intelligence. Les tribus de l'Ouest se réunissent et veulent choisir un chef pour détendre le pays. Si Mahieddine, sollicité, s'excuse en raison de son âge et propose son fils Abdelkader qui fait l'unanimité. Il est investi en qualité d'Emir par une grande assemblée réunie près de Mascara, le 21 novembre 1832, après le départ du dey d'Alger. Il fonde un Etat qui couvre les deux tiers du territoire algérien, puis, succédant à son père, il reprend le flambeau de la «guerre sainte» contre la colonisation française. Vaincu en 1843, il se réfugie au Maroc où il continue la lutte avec l'appui du sultan jusqu'à la victoire française d'Isly, en 1844. Après trois ans de combats sporadiques, Abdelkader se rend au général Lamoricière. Emprisonné en France pendant cinq ans, il est libéré par Napoléon III et se retire en Turquie puis en Syrie, où il se consacre aux études religieuses. En 1860, lors des émeutes antichrétiennes de Damas, il sauve plusieurs milliers de maronites. Mais selon sa volonté, il se tiendra à l'écart de tout engagement politique à la fin de sa vie. L'Emir s'engage à diriger la guerre contre l'occupation étrangère, il organise l'Etat national, constitue le gouvernement, désigne les khalifas pour administrer les provinces, mobilise les combattants, crée une armée régulière, lève les impôts et rend la justice. Il signe le traité Desmichels avec un général à Oran le 24 février 1834. Ce traité reconnaît son autorité sur l'Ouest et le Chélif. Ratifié par le gouvernement français, il est mal appliqué par le général Trézal, successeur de Desmichels. Ce général défie l'Emir et veut étendre son autorité. L'Emir lui inflige une grave défaite à la Macta, sur la route de Mostaganem le 28 juin 1835. Plusieurs engagements opposent l'Emir aux troupes françaises. L'Emir pratique la guérilla permanente, attaque rarement l'ennemi de front, il le harcèle, lui tend des embuscades et lui cause des pertes sensibles. Il est insaisissable, se montre partout et nulle part, son infanterie et sa cavalerie sont mobiles et efficaces. Le général Bugeaud, nommé à Oran, négocie un nouveau traité avec l'Emir. Le traité de la Tafna est signé le 3 mai 1837. L'Emir contrôle désormais l'Ouest, le Titteri et une partie de l'Algérois. Il consolide l'Etat, bâtit des villes fortifiées, fonde des ateliers militaires, soumet les rebelles et les collaborateurs.Le traité donne lieu à des contestations avec le gouverneur Vallée et la guerre reprend en novembre 1839. Bugeaud, nommé gouverneur, veut occuper tout le pays, il pratique la méthode de la «terre brûlée», détruisant toutes les villes, les récoltes, les troupeaux. L'Emir résiste avec énergie, remporte de brillants succès comme celui de Sidi Ibrahim (23 septembre 1845). Mais le pays est ruiné, les tribus sont épuisées, le soutien du Maroc fait défaut. L'Emir décide d'arrêter la guerre et choisit l'exil (décembre 1847). Le gouvernement français accepte de le transporter en Orient.L'engagement français n'est pas respecté. L'Emir est conduit à Toulon, puis à Pau et en Amboise. Il est considéré comme prisonnier d'Etat jusqu'à octobre 1852, date à laquelle Napoléon III le libère. Il s'embarque pour la Turquie et s'installe à Brousse, puis se fixe définitivement à Damas où il reçoit un accueil triomphal. En dehors de quelques voyages et d'un nouveau pèlerinage, il ne quitte plus la Syrie et consacre son temps à la méditation, à la prière, à l'enseignement et aux œuvres de bienfaisance.En 1860, les émeutes de Damas lui fournissent l'occasion de s'illustrer comme un personnage particulier. Il sauve des milliers de chrétiens du massacre et fait reculer les émeutiers. Plusieurs chefs d'Etat lui adressent des félicitations et des décorations, notamment ceux d'Angleterre, de Russie, de France. Célèbre et honoré, il s'éteint à Damas le 26 mai 1883. Une foule considérable assiste à ses funérailles.Selon Mohamed Boutleb, son épopée fait couler beaucoup d'encre. On parle de milliers d'écrits. En dépit de recherche et de jugement, nous sommes loin d'avoir une vision juste et
adéquate d'une œuvre et d'une destinée que les passions partisanes se sont plu à obscurcir.En exaltant l'homme, on pourrait oublier que le penseur ou l'homme tout court n'est pas moins digne d'intérêt, que le geste traduit la pensée et souligne le caractère. Intellectuel né, l'Emir a une passion pour l'étude. Pour lui, la religion est compatible avec la science dont elle respecte l'autonomie.
Il écrit : «Les prophètes ne sont pas venus pour controverser avec les philosophes ni pour annuler les sciences de la médecine, de l'astronomie ou de la géométrie. Ils sont venus pour honorer ces sciences pour que la croyance en l'unité de Dieu n'y soit pas contredite et qu'on rapporte à sa puissance, à sa volonté tout ce qui se produit dans le monde. Les sciences ne sont pas contraires à ce que les prophètes ont révélé. Leur science a pour objet l'éternité ou la création du monde, que la Terre soit sphérique ou plane, que le ciel et ce qu'il y a sous lui soit composé de treize couches ou moins. La chose essentielle est que l'existence du monde vient de Dieu, celui qui affirme que les connaissances scientifiques sont opposées à la religion pèchent contre la religion.» (Lettre aux Français ou Dhikra al aqil).C'est réparer une injustice que de connaître en lui le précurseur général des grands réformateurs dont se réclame aujourd'hui l'opinion éclairée du monde musulman tels qu'Al Afghani, Abduh et Ibn Badis. Soucieux d'élever et de modeler le caractère de ses compatriotes, l'Emir établit un système d'éducation publique dans le pays. «Mon devoir, dit-il, était, comme souverain, de prôner la science et la religion. J'ouvris des écoles où les enfants apprenaient les préceptes du Coran, la lecture, l'écriture et l'arithmétique.
On envoyait gratuitement dans les zaouias ceux qui désiraient poursuivre leur formation.» L'instruction était tellement primordiale à ses yeux qu'il lui arrivait parfois de faire grâce à un criminel d'une condamnation à mort pour la simple raison qu'il était taleb (lettré).
«Etre convenablement instruit demande tant de temps dans notre pays que je n'avais pas le courage de détruire en un jour le fruit d'un studieux labeur de plusieurs années.» Il ajoute : «Je donnais les ordres les plus stricts pour que tous les manuscrits soient recueillis et conservés.» Peu à peu, il réunit une importante quantité de manuscrits. L'Emir rêve de faire de Tagdemt, ville qu'il fonda près de Tiaret, un centre universitaire pour rayonner sur tout le Maghreb, à l'exemple des Qarawiyin à Fès et de la Zitouna à Tunis. Son intérêt pour la science est à la base de son humanisme. St-Arbaud écrit, dans une lettre adressée à sa famille : «Abdelkader nous a envoyé sans conditions, sans échange, tous nos prisonniers, il leur a dit : ‘‘Je n'ai pas de quoi vous nourrir, je ne vais pas vous tuer, je vous renvoie''.» Il charge sa mère et son épouse de s'occuper des femmes détenues et de veiller personnellement à ce que leur séjour soit le moins rude possible et leur honneur protégé. L'évêque Dupuch lui écrivit d'Alger pour demander la libération d'un sous-intendant militaire, l'Emir lui répond : «J'ai reçu ta lettre, je l'ai comprise, elle ne m'a pas surpris, pourtant, permets-moi de te faire remarquer qu'à double titre de serviteur et d'ami des hommes, tu aurais dû me demander non la liberté d'un seul mais celle de tous les chrétiens qui ont été fait prisonniers depuis la reprise des hostilités. Bien plus, tu serais deux fois digne de ta mission en étendant la même faveur à un nombre de musulmans qui languissent dans vos prisons.» Dans une lettre adressée au commandement français par l'un des prisonniers de 1842, on lit : «Abdelkader a agi avec moi avec une grandeur que je n'aurais pas trouvée dans le pays le plus civilisé d'Europe.» L'Emir demande à l'évêque : «Envoyer un prêtre dans mon camp, il ne manquera de rien, je veillerai à ce qu'il soit honoré et respecté comme il convient à celui qui est revêtu de la noble dignité d'homme de Dieu de s'occuper de personnes et correspondre avec leurs familles, leur procurer les moyens de recevoir de l'argent, des vêtements, des livres.»En 1860, l'Europe impose sa loi à la Turquie. L'Angleterre soutient les Druzes, la France protège les Maronites, la Russie les Grecs. Druzes et Maronites sont dressés les uns contre les autres. Ces troubles peuvent justifier l'intervention de l'Europe, les massacres de chrétiens ont lieu avec la complicité du
gouverneur turc de Damas. Quelles manœuvres obscures vont précéder les troubles ? A un autre moment, l'Emir se souvient de l'établissement des Sœurs de la Charité où vivent 400 enfants des deux sexes. Il se rend au couvent et sauve six prêtres, onze sœurs et les 400 enfants. Les soldats de l'Emir les escortent et repoussent à coups de crosse les émeutiers déchaînés. Arrivé chez lui, l'Emir s'adresse à la foule hostile : «Mes frères, votre conduite est impie, sommes-nous donc un jour de poudre pour que vous ayez le droit de tuer des hommes ? A quel degré d'abaissement êtes-vous descendus puisque je vois des musulmans se couvrir du sang des femmes et des enfants. Dieu a dit : ‘‘Celui qui aura tué un homme sait que celui-ci a commis un meurtre contre le genre humain tout entier.'' Les chrétiens, tant qu'un seul de ces vaillants soldats qui m'entourent sera debout, vous ne les aurez pas, car ils sont mes hôtes.» Concernant la bataille de Sidi Brahim, les intervenants ont longtemps parlé de ce mois de septembre de l'an 1845, où les troupes françaises commandées par le général Lamoricière subirent une lourde défaite près du marabout de Sidi Brahim, où des centaines de soldats furent tués par les cavaliers de l'Emir Abdelkader. La bataille de Sidi Brahim qui a eu lieu du 23 au 26 septembre de l'année 1845 à Ghazaouet représente un chapitre des plus importants de l'histoire de l'Algérie et même de celle de la France. «Parler de cette bataille et l'évoquer est un devoir de mémoire», a-t-on noté.Au volet œuvres, il est à noter que l'Emir Abdelkader a beaucoup écrit. On peut citer notamment, Dhikra al âqiI, traduit en 1856, Al miqradh aI hâdd et Al Sayra a'dhatiyya. Rappelons enfin que les sites construits par l'Emir Abdelkader durant son passage à Tlemcen font l'objet d'opérations de restauration et de réhabilitation, à savoir le mausolée de Sidi Brahim dont l'opération de restauration et réhabilitation a bénéficié d'une enveloppe budgétaire de plus de 4 millions de dinars.


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