La communauté internationale est responsable moralement de ce qui s'est passé, lundi dernier, dans les territoires occupés du Sahara occidental. La répression féroce, dont ont été victimes les populations d'El Ayoun, est le résultat de la politique coloniale d'un pays usurpateur et du laxisme des puissances mondiales qui laissent faire. La situation au Sahara occidental est la même qu'en Palestine. L'ONU et l'Occident se comportent dans les deux cas de la même manière dans la mesure où ils refusent d'agir comme ils ont agi lorsque le problème s'est posé en ex-Yougoslavie ou dans le cas du Timor oriental, alors qu'il ne s'agissait pas d'une occupation étrangère. Pourquoi la communauté internationale se mobilise et utilise tous les arguments légaux et illégaux pour mettre un terme à un conflit dans une région et ne le fait pas dans d'autres régions ?Pourtant, les territoires palestiniens sont considérés par l'ONU et par les puissances occidentales comme territoires occupés depuis juin 1967. Le Sahara occidental est aussi considéré par l'ONU comme un territoire non autonome depuis 1966. Si dans le cas palestinien, les droits politiques et nationaux des Palestiniens sont reconnus et, qu'à ce titre, Israël doit évacuer les territoires occupés depuis 1967 pour permettre l'établissement d'un Etat palestinien souverain et viable, au Sahara occidental, l'ONU est tenue de créer les conditions idoines pour la tenue d'un référendum d'autodétermination. Les visées expansionnistes du Maroc ne datent pas de 1975 lorsqu'il a occupé le Sahara occidental, mais de 1963 lorsque ses armées ont attaqué l'Algérie sous prétexte de récupérer Béchar et Tindouf. Le Maroc, qui n'a aucune légitimité sur les territoires sahraouis, n'a jamais rien fait pour les libérer lorsqu'ils étaient sous occupation espagnole. La même Espagne occupe toujours Ceuta et Melilla, deux enclaves situées sur la côte méditerranéenne du Maroc, mais le palais royal ne fait rien pour les libérer. A moins que l'Espagne n'ait cédé le Sahara occidental au Maroc contre Ceuta et Melilla. Ce qui explique d'ailleurs la position ambiguë de Madrid sur la question du Sahara occidental. Le Maroc abandonne ses territoires légitimes du Nord et «hérite» d'un cadeau empoisonné qui risque de lui coûter cher. L'intégrité territoriale du Maroc est ailleurs, même si cette litanie est désormais le soliloque du palais royal qui veut détourner l'attention des Marocains de Ceuta et Melilla. Si le Sahara occidental était marocain depuis la nuit des temps, pourquoi le Maroc avait-il accepté de le partager avec la Mauritanie ? Si le Sahara occidental était marocain, pourquoi a-t-il coupé ce territoire en deux grâce au mur de la honte qui sépare les territoires «utiles» des territoires inutiles ? Si le Sahara occidental était marocain, pour le Maroc négocie-t-il ce qui lui appartient avec une bande armée qu'est le Polisario, à la solde d'un pays étranger qu'est l'Algérie ? Si les Sahraouis étaient marocains depuis toujours, pourquoi le Maroc a-t-il peur de la tenue d'un référendum, alors qu'il a importé des «Sahraouis» sur mesure et dociles en 1975, dont le nombre a augmenté depuis ? A. G.