La Russie et le Qatar ont été désignés jeudi dernier par le comité exécutif de la Fifa pour l'organisation des phases finales des Mondiaux 2018 et 2022, à l'occasion du vote qui a eu lieu au siège de la Fifa à Zurich. Pour rappel, quatre candidats, la Russie, la Grande-Bretagne, et deux candidatures communes, Belgique-Hollande et Espagne-Portugal, espéraient accueillir l'édition 2018. Deux de ces pays, l'Angleterre et l'Espagne, avaient déjà abrité le Mondial. La Coupe du monde de la Fifa 1966 avait en effet eu lieu outre-Manche, alors que les Ibériques, champions du monde et d'Europe, avaient accueilli la Coupe du monde de la Fifa en 1982. C'est finalement à la Russie que reviendra l'honneur d'organiser la Coupe du monde 2018. Si l'édition de 2018 aura lieu en Europe, bastion traditionnel de la discipline, celle de 2022 sera beaucoup plus exotique. L'instance suprême du football mondial, espérant conquérir de nouveaux territoires notamment au Qatar ou en Australie pour l'octroi de cette prestigieuse compétition, après une première sur le continent africain, en 2010, ou revenir de nouveau aux Etats-Unis (organisateurs en 1994) ou en Extrême-Orient (Japon, Corée du Sud organisation conjointe en 2002), a fait son choix. Le président de la Fifa, Joseph Blatter, a mis tout son poids pour faire pencher la balance vers le Moyen-Orient, une région qui n'avait encore jamais eu l'honneur d'organiser un événement planétaire. Le président de la Fifa, tout heureux de son choix, lui le fervent défenseur du développement du football, a d'ailleurs réagi immédiatement. Il a d'abord tenu à féliciter les pays hôtes de ces Mondiaux tout en exhortant les perdants à accepter sportivement et avec fair-play la défaite. Il dira en substance : «Le football est plus qu'un jeu. Il donne de l'émotion. Ce sport a une valeur d'éducation avec un esprit de fair-play. Il donne énormément d'espoir dans le monde entier, notamment à la jeunesse. Avec le football, nous apprenons à gagner, mais aussi à perdre. Il faut que les perdants se rappellent que le football est l'école de la vie.» La Russie, qui remporte l'organisation, apparaissait comme un outsider ; son dossier était loin de valoir celui de ses concurrents en termes de stades, dont seul le Luzhniki à Moscou est aux normes d'une compétition d'envergure. Elle est venue en fin de course à bout de trois potentiels candidats, représentant des bastions traditionnels du football en Europe : Angleterre, Espagne-Portugal, Pays-Bas-Belgique. La Russie, qui organisera aussi les JO d'hiver en 2014, a déjà été candidate à sept reprises. Elle a battu l'Angleterre (première éliminée !) et les candidatures communes Espagne-Portugal (qui a perdu en finale contre la Russie par 7 voix contre 13) et Belgique-Pays-Bas. Malgré un «risque dangereux» concernant les transports, les distances entre les 16 stades étant très élevées, la Russie a donc remporté le vote pour la première fois. Le soutien sans faille des autorités russes et du Premier ministre Vladimir Poutine a dû rassurer les membres de la Fifa. L'homme fort de Russie avait déjà joué un rôle central dans l'obtention par Sotchi des JO d'hiver de 2014. Après cette deuxième victoire personnelle, il a estimé, à son arrivée à Zurich jeudi soir, que les accusations de corruption contre des membres de la Fifa étaient «inacceptables». «Des gens ont été accusés de corruption, ils ont été accusés sans raison aucune, sans fondement ; je déplore ces agissements contraires à la morale.» Nous sommes ravis que la Russie ait été choisie Après la victoire de 2007 pour Sotchi 2014, ce résultat est un nouveau signe de la transformation qui s'opère dans la Russie moderne et de notre enthousiasme à accueillir le monde dans notre pays», a déclaré Dmitry Chernyshenko, le président du Comité d'organisation des JO d'hiver 2014. Concernant le choix du Qatar, il a été bien plus difficile et disputé, il s'est effectué au 4e et dernier tour. Le richissime petit émirat devançant la grande puissance mondiale américaine par 14 voix contre 8 après les sorties du Japon, de la Corée du Sud et de l'Australie. En dépit de la chaleur accablante en été et de la faible superficie du pays (11 700 km⊃2;), la Fifa a voulu faire confiance à cet Etat pétrolier, troisième producteur de gaz au monde. Le pays, qui s'était attaché les services de Zinedine Zidane pour défendre son dossier, ne manque pas de moyens et envisage de construire des stades futuristes avec climatisation. Joseph Blatter, le boss de la FIFA était fier du choix du Qatar en tant que pays hôte de la Coupe du monde 2022 au même titre que la Russie, choisie pour organiser la reine des compétitions planétaires en 2018. Pour rappel, cinq pays avaient présenté leur candidature pour 2022 : le monde arabe, représenté par le Qatar, l'Australie, porte-drapeau de l'Océanie, la République de Corée, le Japon et les Etats-Unis. C'est le Qatar qui l'emporte en fin de parcours. Ce petit pays, qui accueille 900 000 habitants sur une superficie de 11 586 km2, a une expérience dans les compétitions sportives régionales et mondiales et est prêt à consacrer beaucoup d'argent à ce Mondial. Il a ainsi accueilli en 1995 la Coupe du monde de football des moins de 20 ans et en 2006 les 15es Jeux asiatiques dont le déroulement a été perçu comme le meilleur de l'histoire. Le Qatar organise également depuis 1994 un grand prix moto GP et, depuis 1990, un tournoi de tennis ATP. Il a en outre accueilli à Doha les masters féminin de tennis. En 2011, il organisera la Coupe d'Asie des nations de football et les Jeux panarabes. Le Qatar va construire de nouveaux stades, dont certaines installations seront démontées après le Mondial pour être offertes à des pays en développement, peu équipés en infrastructures sportives. Le public n'aura pas à faire de longs déplacements pour suivre les matches, et pourra assister à deux matches en une seule journée, les stades étant proches les uns des autres. Un avantage aussi pour les médias. Cette assurance tous risques pour la Fifa et son président Joseph Blatter a également ouvert la voie pour 2026 à une autre nouvelle puissance: la Chine. A. B.
