Emeutes en Tunisie, bombardements en Irak et en Afghanistan, prises d'otages et assassinats au Niger et au Mali... Le monde va mal. Sur les écrans de télévision défilent des images de haine, de colère, de peur et de désespoir. Les Etats-nations s'effritent, l'instabilité politique et sociale s'accentue. A cela s'ajoutent les problèmes de l'environnement. Partout dans le monde, des hommes et des femmes souffrent à des degrés différents. Ils subissent les conséquences d'une mondialisation de l'économie, largement servie par l'évolution des technologies de l'information et de la communication. La haine est partout. La haine de l'autre mais aussi de soi, par la faute de systèmes politiques et économiques ne répondant pas aux aspirations des peuples. Les médias éprouvent un malin plaisir à exagérer les situations de désespoir et à présenter un monde à feu et à sang. A peine les émeutes se sont-elles arrêtées en Tunisie, que les médias français évoquent l'Algérie. Ils en avaient déjà parlé, plusieurs fois, suite aux dernières émeutes, mais ils y reviennent encore, même s'il n'y en a plus. Les médias français parlent de risque majeur de recrudescence de la violence en Algérie. Ils considèrent que tous les ingrédients sont là pour déclencher un autre soulèvement populaire comme si les événements du 5 octobre 1988 et les années de terrorisme n'ont pas suffi au peuple algérien. La France s'inquiète pour l'Algérie ! Elle pense aux Algériens qu'elle «aime… chez eux». Vrai ou faux, beaucoup d'Algériens prennent au mot tout ce qui se dit outre-mer. Ils le répètent dans les cafés, dans les bureaux, dans les bus… Ils s'en passionnent. Pourtant, ce n'est pas un jeu.La télévision algérienne persiste dans son traitement superficiel des émeutes et autres événements d'ordre politique et social pouvant se développer et s'aggraver dans les prochains jours. Elle laisse le terrain libre aux chaînes françaises et à certaines chaînes arabes pour laisser grandir le sentiment de rejet et de déni de droit chez l'Algérien, simple citoyen ou grand intellectuel. L'Unique n'a même pas jugé nécessaire de suivre ce qui se passe en Tunisie, consacrant ses journaux d'information et ses programmes aux élections du Sud-Soudan et à la botanique. Bon gré, mal gré, les Algériens ont les yeux braqués sur les chaînes étrangères. Ils cherchent l'information. Il est de leur droit de savoir et de comprendre ce qui se déroule dans leur pays et dans le monde. Faire leur lecture et leur propre analyse des événements. Ils ont bien le droit de se positionner selon leurs principes et leurs convictions. Le temps du suivisme et de l'allégeance est révolu. La télévision algérienne a tout à gagner à s'ouvrir aux vrais débats politiques et à la libre expression de tout un chacun. Juste un rayon pour éliminer toute l'obscurité. K. M.