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Jours comptés pour le Néron de Tripoli
Le dictateur fou s'accroche, l'opposition gagne encore du terrain
Publié dans La Tribune le 01 - 03 - 2011

Coincé entre l'enclume des sanctions internationales et le marteau de la pression, de plus en plus grande, de la contestation populaire, Mouammar Kadhafi s'accroche à ses ultimes illusions, tel un oursin au rocher percuté par la puissance surmultipliée de la houle marine. Le névropathe de Tripoli reste sourd à l'avancée victorieuse des insurgés et indifférent aux sanctions de l'ONU. Au quinzième jour du soulèvement démocratique du peuple libyen, le «Guide» est toujours en proie à un delirium tremens aggravé par ses crises de schizophrénie politique aiguës. Le colonel délirant dirige aujourd'hui une mythique Jamahiriya réduite désormais à la caserne de
Bab El Aziziya, à Tripoli, et à quelques réduits à l'intérieur et à l'extérieur de la capitale libyenne. Mais tel un Néron ou un Attila des temps modernes arabes, Kadhafi semble décidé à brûler son pays. Il est plus que jamais résolu à tuer le maximum de ses compatriotes avant, peut-être, de se suicider dans sa forteresse de Bab El Aziziya, tel Adolphe Hitler dans son bunker nazi à la fin de la Seconde Guerre mondiale. En sa forteresse militaire, en plein cœur de Tripoli, il dispose d'unités de sécurité d'élite commandées par certains de ses fils, de moyens de défense antiaérienne, de radars, de missiles, de munitions de différentes sortes, dont des explosifs à têtes chimiques, selon des sources militaires libyennes. De cette place forte où il dispose d'abris antiatomiques, il contrôle directement l'Internet, les transmissions civiles et militaires et le réseau de diffusion de la télévision publique, y compris les programmes satellitaires. De quoi tenir encore un certain temps et nuire davantage plus à son peuple décidé à le jeter dans les poubelles de l'Histoire.
L'opposition tente de s'organiser
Sur le terrain, les dirigeants de l'opposition sont parvenus à s'organiser assez rapidement au sein d'un Conseil national de transition. Présentée par ses créateurs comme le visage de la Libye durant la période de transition, cette instance a déjà mis en place un gouvernement intérimaire et installé dans les quartiers des «comités révolutionnaires du 17 février» désignés par les comités de villes libérées de l'emprise du tyran du premier septembre 1969. Les opposants, constitués de représentants de quartier et de dissidents originaires de l'armée, des services de sécurité, de l'appareil diplomatique, de l'Administration et des Comités populaires et révolutionnaires formés par les anciennes clientèles politiques du «Guide», ont assuré leur emprise sur l'essentiel du territoire libyen. Ils contrôlent désormais les plus grandes villes situées dans la bande littorale nord comprise entre Djebel Lakhdar, à l'est, et Djebel Nefoussa, à l'ouest. Forts de cette assise territoriale, organisés, armés et plus que jamais déterminés à faire tomber le satrape sanguinaire de Tripoli, ils ont décidé de marcher sur la capitale, décidés à en faire le symbole d'une Libye unifiée et libre. Dans l'attente de la libération de la capitale, voulue comme le futur creuset du patriotisme libyen et la plateforme de la démocratie que se choisiront les insurgés, la Libye court le risque d'une catastrophe humanitaire si, de mauvaise aventure, la communauté internationale se limitait à des sanctions diplomatiques et financières sans conséquences réelles sur la situation difficile des Libyens et des étrangers, dont plus de 100 000, de diverses nationalités, ont déjà quitté le territoire. De nombreuses organisations non gouvernementales ont déjà alerté sur les risques humanitaires de la propagation du chaos en Libye et appelé à l'organisation d'une «opération humanitaire massive». Pour sa part, le Programme alimentaire mondial (PAM) a déjà souligné que la chaîne d'approvisionnement en nourritures est «en danger de rupture» et est «prête à s'effondrer». Ce risque est d'autant plus évident que le prix des denrées alimentaires, comme le riz cédé lundi à 8 dollars le kilogramme, connaît des hausses vertigineuses ! Les effets de la révolution démocratique libyenne sont également visibles sur les plans économique et militaire, de même que du point de vue des flux migratoires vers les autres pays d'Afrique du Nord et l'Europe du Sud. S'agissant du pétrole, les cours du brut étaient orientés à la hausse hier dans les échanges sur les marchés, secoués par l'instabilité grandissante en Libye, selon les analystes. Les prix ont augmenté à l'issue de séances volatiles dans un marché de plus en plus incertain, dépassant toujours la barre psychologique des 100 dollars le baril. Alors que la tendance demeure haussière, l'OPEP continue de dire qu'il n'y a pas de risque d'approvisionnement pour le moment mais qu'elle se tient prête, dans le sillage de l'Arabie saoudite, à agir si nécessaire pour compenser les quantités qui font défaut. 1% seulement de pétrole, représentant le brut libyen exporté, a été retiré, soit 500 000 à 750 000 barils/jour. Malgré le ralentissement des livraisons de compagnies étrangères et en dépit des attaques contre des infrastructures pétrolières chinoises et algériennes, la compagnie libyenne Arabian Gulf Oil, désormais aux mains des opposants depuis la démission de son président Saad Abdelwanis, un affidé du régime, a repris ses activités après une courte période de gel.
pétrole de qualité très prisé
Les livraisons de gaz, dont l'Italie est le plus gros consommateur avec 13% de la production libyenne, ont été sévèrement ralenties quant elles n'ont pas été carrément interrompues. Le ralentissement est imputable à la fermeture de tous les ports et terminaux alors que le gazoduc Greenstream reliant la Libye à l'Italie était, hier, à l'arrêt. Contrairement à la compagnie algérienne Sonatrach qui a maintenu toutes ses activités malgré les attaques contre ses installations, d'autres acteurs dans les hydrocarbures, le BTP et les transports aérien et maritime ont suspendu leurs opérations. Il en est ainsi des français Total, Vinci et Air France. L'impact de l'évolution de la situation en Libye est à apprécier en fonction du poids de la Libye sur le marché. 3ème producteur en Afrique, derrière le Nigeria et l'Angola, l'ex-Jamahiriya est l'un des 20 plus gros producteurs mondiaux. Elle possède les plus grosses réserves d'Afrique et exporte 85% de son or noir vers l'Europe, en particulier à destination de l'Italie, soit 1,49 mbj sur 1,69 mbj. Mais ce sont les réserves pouvant dépasser les 100 milliards de barils et, surtout, son exceptionnelle légèreté, assortie d'une prime à la qualité, qui rendent le sweet crude libyen stratégique aux yeux des consommateurs européens, notamment les producteurs d'essence, de diesel et de carburéacteur, si friands de l'huile libyenne, facile d'exploitation. Malgré son faible volume, l'arrêt d'une grande partie de la production libyenne est tout de même un coup dur pour les exploitants européens qui se voient contraints de payer le prix fort pour trouver du brut de qualité, aisé à raffiner. Tout récemment, l'envolée des prix, à près de 120 dollars le baril, touchant ainsi un nouveau plus haut en deux ans et demi, a déjà pesé lourdement sur la rentabilité des raffineries européennes. Et si le pétrole libyen, très recherché en raison de l'excellente qualité de son huile, de ses faibles coûts d'extraction et de la proximité des marchés, continuait de provoquer des tensions sur les marchés, le pétrole algérien, aussi «doux» et autant demandé, connaîtrait probablement un afflux de demades. Il serait très sollicité pour compenser le déficit enregistré en raison de la qualité du Sahara blend algérien. La révolution démocratique libyenne a eu aussi des conséquences concrètes sur un autre marché, celui de l'armement, dont la Libye du colonel Mouammar Kadhafi est un gros client. Les soubresauts de la scène libyenne ont déjà impacté, négativement, l'industrie militaire russe. Ainsi, la Russie de Vladimir Poutine pourrait perdre près de 4 milliards de dollars au titre de contrats qui ne pourront pas être honorés, suite à l'adoption par les Nations unies de sanctions sévères contre le régime du colonel Kadhafi, selon l'agence de presse russe Interfax. Il s'agit essentiellement d'équipements d'aviation et de systèmes de défense antiaérienne, dont des radars et des missiles. Mais l'industrie militaire russe n'est pas la seule à en pâtir. L'Italie, principalement le géant Finmeccanica, aura à déplorer des pertes sèches du fait de l'annulation de contrats estimés à quelques centaines de millions d'euros pour la livraison d'explosifs, de missiles et d'hélicoptères, comme l'indiquait hier le quotidien italien Il Corriere della Sera. L'influence des convulsions politiques libyennes est perceptible par ailleurs en termes d'appréciation du risque libyen qui détermine notamment l'attitude des investisseurs. Après Fitch, l'agence de notation Standard and Poors a annoncé avoir abaissé d'un cran la note souveraine de la Libye, à «BBB plus» contre «A moins». Tout incline alors à penser que les agences de notation auraient l'appréciation encore plus sévère si la crise libyenne persistait en raison de l'entêtement du colonel Mouammar Kadhafi à se maintenir au pouvoir et des affrontements entre ses fidèles et les révolutionnaires décidés à conquérir Tripoli, estiment les analystes.
Risque d'afflux migratoires
La révolution libyenne a également un impact direct sur les flux migratoires et l'immigration clandestine en Afrique du Nord et vers l'Europe du Sud. Plus inquiète que d'autres pays européens, la France a demandé à ses partenaires de l'Union européenne de décider d'une stratégie commune. Le président Nicolas Sarkozy, qui préside le G20, a appelé ses homologues européens à adopter une attitude conjointe face aux menaces en matière de transfert massif de populations de la zone de crise libyenne vers l'Europe, principalement l'Italie qui a déjà accueilli des réfugiés tunisiens. D'ailleurs, Rome a mis en garde contre le risque humanitaire «catastrophique» et un afflux de réfugiés libyens, mais plusieurs de ses partenaires lui ont opposé une fin de non-recevoir. Selon Frontex, agence de surveillance des frontières européennes, entre 500 000 et 1,5 million d'étrangers, pour la plupart originaires d'Afrique subsaharienne, vivent aussi en Libye. L'Europe n'est pourtant pas la seule terre d'asile d'éventuels émigrés contraints à l'exil en raison de l'instabilité qui frappe la Libye, des difficultés économiques qu'elle connaît et de l'attitude agressive des partisans du colonel Mouammar Kadhafi, auteurs d'exactions contre des étrangers. Plus de 1 000 réfugiés, principalement des ressortissants d'Egypte et de Tunisie, deux gros pourvoyeurs de main-d'œuvre pour le marché libyen, ont déjà afflué vers l'Algérie à partir des postes frontaliers de Debdab et de Ghadamès, selon le ministère des Affaires étrangères algérien. Au soir du quinzième jour du soulèvement populaire, la photographie de la situation en Libye était de moins en moins floue. L'opposition, qui contrôle désormais toute la Cyrénaïque (Est), plusieurs villes de la Tripolitaine (Ouest) et la plupart des champs pétrolifères et gaziers, se prépare à marcher sur Tripoli dont les accès sont contrôlés par les partisans de Kadhafi. La CPI, la Cour pénale internationale, menait un examen préliminaire avant l'ouverture d'une enquête pour crime contre l'humanité perpétré par le colonel Mouammar Kadhafi et ses fils. Pendant ce temps, la communauté internationale, sous l'impulsion des Etats-Unis, étudiait d'autres sanctions, plus sévères, et n'excluerait pas l'option de la force si la situation demeurait bloquée.
N. K.


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