Photo : Riad De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi «Il faudra que les élèves recalés rejoignent sans condition les centres de formation professionnelle. L'Algérie ne pourra pas continuer à former que des ingénieurs en faisant l'impasse sur les métiers qui accusent un déficit important en Algérie», ce fut la réponse du ministre de l'Education Benbouzid à l'adresse d'un élu de la commune de Aïn Abid, lequel sollicitait le ministre pour la réinsertion d'une centaine d'élèves scolarisés. Par cette réponse, l'on comprend que les centres professionnels sonnent le glas ! Mais rien n'y fait avec ce boom dans les réussites au bac et au brevet. Au point de «prédire» que la formation professionnelle serait en passe de rendre une partie de son âme alors que les pouvoirs publics ont investi gros dans ce secteur venant à la rescousse des ajournés. «Il n'y a pas le feu», tempère El Aïch Gasmi, directeur de wilaya de la formation professionnelle. «Ce recul dans le nombre des inscrits reflète une réalité, celle du taux de réussite enregistré dans le cycle moyen et au baccalauréat», dira-t-il. N'empêche que cette baisse est prise au sérieux par les pouvoirs publics locaux qui veulent changer leur fusil d'épaule pour donner un état d'équilibre aux instituts. Non pas seulement pour remplir les salles et les ateliers mais aussi pour rendre la formation une cheville ouvrière pour les différents secteurs. Pas aussi simple. Si le taux de réussite fait le bonheur du secteur de l'éducation, il n'en demeure pas moins qu'il cause le malheur au niveau des centres de formation professionnelle en recul. D'ou la nécessité d'un vaste chantier. A Constantine, l'on dénombre 5459 nouveaux inscrits. Pour la présente année d'enseignement et d'apprentissage, les centres de formation ont vu le pourcentage augmenter de prés de 5% comparativement au taux de l'année 2010. Ce qui dénote l'engouement affiché pour cette ouverture, selon le directeur, qui toutefois n'écarte pas la thèse du repli qu'ont connu les établissements à travers le territoire et non pas à Constantine seulement, et ce, en raison des motifs déjà évoqués. A Constantine, plus de 14 000 apprenants sont répartis à travers 44 centres pour suivre chacun son orientation pour l'une des 90 spécialités existantes. «2909 poursuivront des formations en résidanat et 2890 pat apprentissage. Alors que la femme au foyer bénéficie également de cet apprentissage. On totalise 187 inscrites pour la saison qui démarre», selon les statistiques exposés par la direction lors de l'ouverture de l'année professionnelle. La wilaya ne fait pas d'exception sur le rendement global de ses structures vouées à la formation professionnelle. En opération déséquilibrée s'agissant de la densité des apprenants entre le chef-lieu et les municipalités, les centres devraient revoir une autre stratégie pour accueillir autant de jeunes désireux de se forger et de s'assurer une vie professionnelle, puisque les moyens d'insertion sont maintenant perceptibles et s'offrent aux compétences certaines issues des promus. «Actuellement, la plupart des instituts n'exploitent que la moitié de leur capacité soit de 40 à 50%, attestent les autorités locales conscientes de cet abaissement qu'il faudra aller chercher dans la vulgarisation, la sensibilisation. Au-delà même dispenser des cours et des spécialités de qualité qui répondent le mieux au marché de l'emploi. A cet effet, nous confiera le responsable du secteur : «En localité excentrée les jeunes ne portent pas un regard positif sur cette chance de pouvoir décrocher un diplôme ouvrant la perspective d'une insertion. Une appréciation qui devrait être corrigée surtout par la multiplication des campagnes de sensibilisation. Et cela devrait commencer par les parents «le maillon fort» de la chaîne en vue «d'inciter leur progéniture ayant échoué en cursus scolaire à se ruer vers les centres de formation». «L'Etat n'a pas lésiné sur les moyens pour doter tous les instituts en matière de ressources humaines et de budget inhérent à l'apprentissage», devait soutenir le même responsable insistant sur un autre chapitre : le rôle attendu des municipalités limitrophes pour vulgariser la donne relative à la formation professionnelle dont l'apport est incontournable sur le marché de l'emploi. Sur un autre chapitre, on impute le nombre restreint d'apprenants dans les communes excentrées au profil des parents et aux caractéristiques du site. «Certains pères s'attachent les services de leur propres enfants dans le travail de la terre», explique-t-on. Ce n'est qu'une thèse restreinte, car le secteur de la formation professionnelle souffre d'autres problèmes à l'image du transport qui pénalise radicalement les résidants des lieux lointains de l'itinéraire. Du moins à cet effet, le premier responsable de la ville, M. Bedoui, a certifié la prise en charge du volet pour permettre à chaque élève de suivre sans contrainte sa formation. Sur un autre registre, l'Ansej, partie prenante de la formation professionnelle, a apporté son soutien à plus de 1700 promus depuis janvier 2010. C'est le cas pour l'Angem qui aura entériné 420 dossiers. Tant que les scolarisés se portent bien, les centres de formation professionnelle continueront d'enregistrer une faible adhésion. Tant mieux pour le secteur de l'éducation, ce qui n'est pas le cas pour le département professionnel appelé à revoir sa copie sous peine d'être contraint à limiter ses budgets et ses projets de réalisation… La situation actuelle ou bien une courbe irréversible qui met «en veilleuse» le département de M. Khaldi ? Seule «la transition» des toutes prochaines années éclaircirait davantage le devenir des centres. Peut-être faudra-t-il attendre l'ultime phase «expérimentale» dans la réforme scolaire pour être fixé sur un constat stable de l'enseignement professionnel…