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Novembre junior, Novembre sénior
En l'an I de la Révolution et en sa 57è année, le drapeau et l'hymne national unissent les générations
Publié dans La Tribune le 31 - 10 - 2011


Photo : Riad
Par Noureddine Khelassi
Le premier novembre 1954, en l'an I de la Révolution, ils étaient jeunes. Ils avaient vingt ans, un peu moins, un peu plus, mais ils étaient jeunes et beaux car ils étaient les révolutionnaires en marche d'un peuple qui a décidé de sortir de la nuit coloniale. Le premier novembre 2011, les jeunes d'hier sont septuagénaires, octogénaires ou même nonagénaires. En face ou derrière eux, les jeunes d'aujourd'hui ont leurs différents âges lorsque la première balle de Novembre fut tirée, quelque part, entre Ghassira et Mchounêche, dans l'altier plateau des Aurès. Les jeunes d'hier ont eu le pouvoir en 1962. Ils l'ont toujours en 2011 et le partagent avec les générations de puinés et de benjamins qui ne sont plus eux aussi de toute première jeunesse. Mais quel que soit l'âge des uns et des autres, quand le pouvoir, la richesse et bien d'autres discriminants les séparent, il reste le drapeau et l'hymne national qui unifient les générations d'Algériens. Comme partout ailleurs depuis que les nations existent et vivent en république ou en monarchie.
L'hymne et le drapeau, ringards ?
La bannière à l'étoile cerclée du croissant de l'islam et Qassaman, l'hymne vibrant des Algériens, et les valeurs patriotiques consubstantielles, sont-ils ringards dans l'Algérie de 2011 ? Si en 1954, les jeunes de Novembre ne se sont pas posé la question pour prendre les armes de l'émancipation, les jeunes de 2011 peuvent poser ou se poser cette même question. Interrogation qui peut paraitre pertinente, impertinente, banale ou même provocatrice, au temps où leur marginalisation a le goût amer du chômage endémique, de l'exode désespéré vers les rives inhospitalières, voire meurtrières du nord de la Méditerranée, de l'émeute à grande échelle ou de la jacquerie sociale localisée. La question, d'une brûlante actualité, nécessite de revisiter l'adjectif ringard : Outre tocard, le sens du mot renvoie à démodé, ridiculement vieillot ; ou bien de mauvaise qualité, de piètre goût également.
En novembre 2008, la radio algérienne avait eu la louable initiative d'organiser une opération «un drapeau dans chaque foyer». Cette action, que des persifleurs modernistes auraient qualifiée de démagogique ou de populiste, renseigne beaucoup sur l'habitus patriotique des Algériens. Autant que la question de la ringardise de Novembre et de ses valeurs, l'initiative renvoie aux rituels codifiés, à la symbolique du drapeau en tant que tissu des signes, à l'hymne national comme expression populaire et musicale du «surmoi» collectif. Comme hier, les jeunes de 2011 et ceux de demain, pourraient penser que l'étendard est seulement un attribut conventionnel de l'autorité publique. Que l'hymne national ne représente pas forcément leur identité, leur être profond. Que l'un comme l'autre expriment le plus souvent des moments d'exaltation collectifs, par exemple, à l'occasion d'un match de football qualificatif pour une compétition internationale, comme c'est le cas lorsqu'il s'agissait d'affronter les Pharaons d'Egypte.
Mais que l'on ne s'y trompe pas : le drapeau et l'hymne national ont depuis les émergences nationalistes et révolutionnaires, partout et de tout temps, une fonction de rassembleur, une valeur de communion patriotique, une qualité de garant de la continuité de la nation. Qassaman et le drapeau vert-blanc-rouge, frappé du croissant et de l'étoile, renvoient à la mémoire de l'émancipation du colonialisme, au vert de nos prairies et de nos montagnes, au rouge du sang des martyrs et au blanc des cimes enneigées, celles vers lesquelles s'est élevé le peuple algérien et qui abritaient les jeunes combattants de novembre 1954. La bannière et l'hymne sont ainsi l'association sang-sacrifice-sol-unité qui raconte l'histoire de la nation, exprime ses valeurs et ses aspirations, ou, plus beau encore, reflète l'âme du peuple. C'est valable pour tous les peuples. Indépendamment des couleurs des drapeaux et des signes associés, c'est l'hymne qui exprime, le mieux, par la force des émotions exaltées et le plus souvent renouvelées, l'appartenance nationale, magnifiée et fétichisée. En Autriche, l'hymne s'appelle Pays des montagnes, pays sur le fleuve. A Bahreïn, Notre Bahreïn, l'hymne de cet émirat du Golfe traduit l'appartenance de son peuple. En Biélorussie, c'est Nous, Biélorusses où l'affiliation, l'identification et l'identité sont dans le pronom personnel collectif qui exprime la collectivité spécifique représentée par les Biélorusses, un peuple qui fut longtemps dissolu dans l'addition soviétique. Le Gba Majay Bma birman veut dire tout simplement Nous aimerons la Birmanie. Au Costa Rica, c'est l'association pays-drapeau qui est exprimée dans Noble patria, tu hermosa bandera, à savoir l'hymne Noble patrie, ton beau drapeau.
L'hymne ou le fier bonheur d'être
Dans le voisinage centraméricain, au Guatemala, l'hymne national exalte le bonheur d'être guatémaltèque dans le Guatemala Feliz, le Guatemala heureux. En Inde, le philosophique Jana-Gana-Mana, restitue sublimement ce que le drapeau et l'hymne national symbolisent comme attachement à la terre commune : on s'en rend compte quand on constate que le chant patriotique dit du pays qu'il est «le Souverain de toutes les âmes». En Italie, il dit la fraternité. L'hymne latin s'intitule tout sobrement mais magnifiquement Fratelli d'Italia, Frères d'Italie. Au Liban, sous l'ombre du cèdre, les Libanais sont, en arabe dans le texte, Koullouna Lilouatan Lil Oula Lil Alam, c'est à dire Tous pour notre pays, notre drapeau et notre gloire. Au royaume de Norvège, les citoyens chantent Ja, vi elsker dette landet, Oui, nous aimons notre pays. Cette belle profession de foi, qui est aussi une belle preuve d'amour patriotique, n'a enfin d'égal que le péruvien Somos libres, séamoslo siempre, littéralement Nous sommes libres, restons-le à jamais. Au petit royaume du Vanuatu, l'hymne national sublime le moi collectif, exprimé dans la triple affirmation du Yumi, Yumi, Yumi, le Nous, Nous, Nous. Depuis toujours, le drapeau, c'est l'ADN du patriotisme pour les uns, le marqueur du nationalisme pour les autres, le fil rouge de l'appartenance à une nation, le plus petit dénominateur commun ou le plus petit multiple commun d'un peuple. Surtout quand ce peuple communie notamment dans la joie collective des lendemains de victoires sportives qui chantent et qui disent le fier bonheur d'être ce que l'on est. On a vu, dans le cas de l'Algérie, que le bonheur d'être Algériens, d'être de son pays, se mesurait au nombre incalculable de drapeaux déployés partout sur le territoire national et même à l'étranger. En Algérie, comme ailleurs, la fonction de la bannière est de maintenir en permanence un double contact : la nation affiche sa présence, le citoyen qui pavoise, notamment les jours de fête comme le 5 juillet ou le 1er novembre, exprime son adhésion, manifeste sa fierté, revendique son appartenance. Mais le drapeau n'a pas de sens uniquement dans les périodes de rituels codifiés. Il a une fonction phatique, à savoir, par le truchement de paroles ordinaires, répétitives, comme celles des cours d'histoire qui enracinent dans l'esprit la sacralité de l'étendard. Ou encore les cours de récréation où la levée des couleurs stimule les sentiments de loyauté et d'attachement au pays.
Fatwa saoudienne contre l'hymne et le drapeau
Ce n'est donc pas un hasard si la Constitution de 1976 du président Houari Boumediene a énoncé les principes de l'hymne national et du drapeau. Par la suite, le Code pénal amendé en en février 1982 et le décret du 13 novembre 1984, sanctionnent quiconque attentera aux deux symboles de la souveraineté nationale et ne respectera pas les conditions de sa levée sur les places publiques et au sein des institutions de la République. Ce n'est pas fortuit non plus si, en Arabie Saoudite, la Commission permanente de la fatwa énonce que «le musulman n'a pas le droit d'être debout et révérencieux face au drapeau et lorsque un hymne national est chanté ; cela est bien contraire à la parfaite unicité divine et au devoir de glorifier le seul Dieu, et constitue un acte de mécréance répréhensible.» Cette exégèse est sans doute un hymne à la bêtise salafiste dans un pays où existe un hymne national conçu pour sanctifier un homme, un seul ; lui souhaiter vie et gloire éternelles. Ce chant, tout à fait patriotique, s'intitule Aâsh al-Malik !, en bon français, Vive le roi !


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