On ne pouvait rien faire devant un tel fléau, surtout qu'il n'y avait pas vraiment de contrôles en bonne et due forme. Il fallait monter un laboratoire qui permettrait un contrôle strict, ou à défaut avoir une commission qui s'occuperait de ce genre de contrôles. Cette commission a vu le jour au cours du premier mandat du président de la FAF, Mohamed Raouraoua, ainsi que du président de la LNF, Mohamed Mecherara. Il a été donc procédé au lancement de la première opération de contrôle antidopage en Algérie, toutes disciplines confondues, lors de la saison 2003/2004. Une commission spécialisée présidée par Madjid Bessaha, et où le Dr Belhadj avait un rôle prépondérant, puisqu'il faisait les prélèvements sur le terrain lors des matches des championnats de DI et de DII, a été constituée. Les résultats étaient positifs, puisque deux cas ont été relevés : il s'agit d'un joueur de la formation de l'ES Mostaganem, de la DII, et du gardien international Hichem Mezaïr, qui ont défrayé la chronique. Cependant, ces contrôles sont temporaires, puisqu'ils seront suspendus dès le départ de Raouraoua. Des pressions ont-elles été exercées pour cesser ces contrôles ? D'autres opérations, celles-là épisodiques, à l'occasion par exemple des Jeux panarabes qu'a accueillis notre pays en 2004, ont été initiées, mais qui n'ont rien apporté de nouveau. Notre pays a été un pionnier donc dans ces opérations de contrôle anti-dopage, mais cela n'a pas duré trop longtemps, puisque ces dernières ont été suspendues, ce qui n'a pas permis d'aller vers une action qui se prolonge dans le temps, et c'est vraiment dommage, car cela aurait permis d'élucider plusieurs affaires. Le dopage dans le football ne date pas d'hier. Dans les années 50, les générations les plus douées en football n'ont pas rechigné à utiliser les amphétamines. Un fait qui deviendra une règle notamment dans le bloc soviétique. D'après l'historien Giselher Spitzer, les joueurs du Dynamo Berlin étaient dopés à leur insu. Dans les années 1970, l'Amérique du Sud était connue pour pratiquer ce que l'on nomme pudiquement «le rééquilibrage hormonal». Franz Beckenbauer, capitaine de l'équipe d'Allemagne en 1974 et patron de la Coupe du monde 2006, explique dans le magazine Stern avoir «une méthode particulière pour demeurer au top niveau» : l'injection de (son) propre sang. 1982 et la Coupe du monde en Espagne sont restées dans toutes les mémoires. Le gardien poète Harald Schumacher publie le livre Coup de sifflet en 1987 qui décrit les penchants de l'équipe d'Allemagne pour l'éphédrine, qui développe, entre autres, l'agressivité… José Touré raconte également dans son ouvrage Prolongations d'enfer son expérience nantaise et les visites médicales avant le match qui donnaient lieu à d'étranges «piqûres de vitamines». En 1994, pendant la phase finale de la Coupe du monde aux Etats-Unis, Diego Maradona, au comportement bien étrange, est contrôlé positif à l'éphédrine. Il est exclu de la compétition. En 1998, en pleine préparation de la Coupe du monde, un contrôle inopiné est organisé lors du stage de préparation de l'équipe de France à Tignes. Cette opération déclenche les foudres de l'encadrement de l'équipe de France. En 2001, Fernando Couto et Josep Guardiola (l'actuel entraîneur du Barça) sont contrôlés positifs à la Nandrolone, tout comme les internationaux néerlandais Edgar Davids et Frank de Boer. Tous n'hériteront au final que de quelques mois de suspension. Mais coïncidence ? Le médecin de l'équipe nationale Huib Plemper est licencié la même année. Cette décision n'empêchera pas le défenseur néerlandais Jaap Stam d'être contrôlé positif lui aussi à la Nandrolone en octobre de la même année. A. L.
