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De quoi le Cinquantenaire sera-t-il la mémoire ?
Publié dans La Tribune le 15 - 01 - 2012

Ne pas tout dire mais ne rien oublier. Toutes les vérités historiques ne sont pas bonnes à rappeler, surtout à vif. Certes. Mais, cinquante ans plus tard, le temps, celui de la mémoire, n'est pas propice à l'oubli. Loin s'en faut. Cinq décennies après, au moment même où on s'apprête, en Algérie et en France, à célébrer le cinquantenaire de l'indépendance algérienne, l'occultation ou même le lissage de la mémoire, comme le souhaite Alain Juppé, ne signifierait, en aucun cas, l'oubli. L'oubli serait alors amnésie. C'est que les plaies, les consciences et les mémoires, faute d'avoir été apaisées, sont toujours à vif. S'il fallait, plus qu'hier, éviter le choc des mémoires, rien, en revanche, ne justifierait d'éviter leur confrontation. Or, de l'autre côté de la Méditerranée, dans le cours d'une année électorale cruciale pour une droite UMP angoissée, son chef de file, le président Nicolas Sarkozy, semble avoir encore des problèmes avec la mémoire coloniale. Surtout, avec les lobbys de la mémoire nostAlgérique la plus vive. Le souci électoral d'en flatter les différentes clientèles est tel que son ministre des Affaires étrangères a exprimé récemment le souhait de gommer, de part et d'autre, toutes les aspérités de la mémoire coloniale. Il a même fait état d'un accord avec le président Abdelaziz Bouteflika pour «envisager la célébration
du cinquantième anniversaire (de l'Indépendance) dans un esprit de modération, en essayant d'éviter les extrémismes de tous bords». M. Juppé refuse de regarder dans le rétroviseur de l'Histoire et parie sur l'apaisement. Il dit que lui et le chef de l'Etat algérien se sont «mis d'accord pour dire : regardons l'avenir. Essayons de fonder la relation franco-algérienne sur l'avenir et pas sur le passé». Il oppose donc la modération aux débordements passionnels des «extrémismes» d'ici et de là-bas. Il les place même sur un même pied d'égalité. Il saucissonne le temps en niant le continuum qui en est l'essence, s'agissant surtout de la mémoire historique. Les «extrémistes» algériens et les «extrémistes» français de cette mémoire, sont-ils pour autant comparables ? Sont-ils les deux faces d'une même monnaie mémorielle ? De ce même point de vue, l'avenir des relations entre la France et l'Algérie, quels que soient les pouvoirs en place, pourrait-il être (re)construit en faisant table rase du passé ? Sans tenir compte, non plus, du présent qui est justement impacté par le poids de la mémoire ? Le maire de Bordeaux, ombre du gaulliste qu'il fut un jour, en arrive à appeler ensuite à encadrer les initiatives algériennes et françaises. Il semble redouter, de part et d'autre, des débordements mémoriels. Mais, tout compte
colonial fait, la balance mémorielle n'est pas équilibrée car elle ne pourrait pas l'être. Les extrémistes algériens s'ils en furent ne sont en rien comparables aux extrémistes français. Les mauvaises consciences sont plus nombreuses et plus chargées de l'autre côté. Il n'y a pas dans l'ancien pays colonisé de lois mémorielles. En France, oui. Dans ce pays, les passions et la nostalgie ont parfois le poids d'un passé lesté d'un complexe d'arrogance et de culpabilité. La mémoire historique est ainsi transformée en objet juridique. En France, mais pas en Algérie, le déni de mémoire est passible des tribunaux. M. Alain Juppé peut alors demander de réprouver les dynamiques polémiques. De sortir des espaces des controverses historiographiques et militantes. D'éviter la guerre des paradigmes au sujet d'une colonisation, saisie comme un processus à deux temps. C'est-à-dire comme une séquence composée de moments de violences, dénoncés en Algérie, suivi d'un moment modernisateur, rituellement célébré en France et consacré par la loi (23 février 2005). Le fondateur de l'UMP peut donc tout demander aux Algériens, sauf de mettre la pédale douce sur leur mémoire. Ou de la couvrir du voile pudique de l'oubli. Dans les faits, malgré des demandes velléitaires, les Algériens n'ont jamais inscrit dans les tables de la loi regrets, excuses ou repentance. Ils n'ont jamais exigé réparation des crimes et des pillages des ressources de leur pays. A l'image de leur ancien président Houari Boumediène, nationaliste ombrageux et orgueilleux, ils ont, tant de fois, tourné la page sans jamais la déchirer. Faut-il alors leur demander d'oublier Le Duc de Bourmont, le trésor de la régence d'Alger, les maréchaux Soult et Cavaignac, Pélissier de Raynaud, Saint-Arnaud, Massu, Bigeard et ses «crevettes» ? Encore moins les enfumades dans l'Ouarsenis, le 8 mai 1945, les fours à chaux, la gégène, les zones interdites, Larbi Ben M'hidi, Maurice Audin, Ahmed Zabana, Fernand Yveton, Maurice Laban, Mostefa Ben Boulaid, l'OAS ? Et, au plus loin, les cerises, rouge sang, d'Icherridène, El Mokrani, cheikh Bouziane. Cayenne, la Nouvelle Calédonie, l'Emir Abdelkader ? Appeler à l'apaisement des esprits, comme l'a fait l'ancien président Jacques Chirac en 1996, ne veut pas dire prôner en 2012 l'aseptisation de la mémoire, comme le fait Alain Juppé. Ni remontrances, ni repentance, ni demande de regrets. Pas plus qu'il n'est question d'exhorter l'Autre à alléger sa conscience en se couvrant la tête de cendres. Il est question d'une simple, juste et légitime reconnaissance du crime colonial qui est un fait irréfragable. Ne pas l'oublier en demandant aux Algériens d'avoir une mémoire lisse. Ou d'oublier tout court, même l'espace d'un cinquantenaire qu'on veut border pour ne pas voir les mémoires déborder.
N. K.


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