Photo : S. Zoheir Par Amel Bouakba Quatre-vingt dix pour cent d'entre eux n'ont aucune activité professionnelle, sont largement désavantagés par rapport aux personnes dites «valides» et leurs ressources restent dérisoires. Nous sommes encore loin des objectifs fixés par le ministère de la Solidarité nationale et de la Famille. Ce dernier vient à peine de lancer l'enquête nationale sur le handicap (3 décembre 2011). Il s'agit de «déterminer le nombre réel de handicapés, leurs besoins et les types de handicaps existants ainsi que l'adaptation des textes juridiques en fonction des besoins». Des doléances, avec en toile de fond, le droit à l'emploi, au logement et un accès au transport. La question de l'accès des handicapés à des logements aménagés est l'une des préoccupations soulevées récemment au ministère de l'Habitat. Le ministre en charge du secteur, Nourredine Moussa, s'est engagé récemment à régler ce problème épineux. Il a demandé aux autorités locales de dresser les listes des personnes handicapées pour aménager les logements en fonction de leurs besoins». Mais pour le moment, l'adaptation du logement aux personnes handicapées reste un vœu pieux comme beaucoup de choses d'ailleurs destinées à assurer, à cette catégorie de la société, le bien-être et une vie digne. Il est bon de rappeler que, dernièrement, le département de Saïd Barkat a installé plusieurs commissions visant à assurer une insertion des handicapés dans la vie sociale et professionnelle. Ainsi, une commission nationale d'accessibilité des personnes handicapées à l'environnement physique, social, économique et culturel, a été mise en place. La commission est répartie en trois sous-commissions chargées de l'accessibilité à l'environnement bâti et aux équipements ouverts au public, l'accessibilité aux infrastructures et aux moyens de transport et l'accessibilité aux moyens de communication et d'information. Par ailleurs, une commission nationale chargée de la promotion et du développement du sport scolaire adapté aux élèves et enfants handicapés pris en charge au sein des établissements spécialisés relevant du secteur de la solidarité a été également mise sur les rails.D'un autre côté, il est utile de noter que le secteur de la Formation et de l'Enseignement professionnels a prévu, cette année, 10.000 places au profit des handicapés.Pour ce qui est des écoles spécialisées, on en compte, officiellement, 182 à l'échelle nationale, dont 42 destinées aux sourds-muets, 24 aux enfants non-voyants et 110 destinées aux retardés mentaux. Mais, pour les parents d'enfants handicapés, c'est l'éternel parcours du combattant. Pour les associations pour handicapés, beaucoup reste à faire car toutes les promesses des officiels sont restées lettre morte. Selon elles, les pouvoirs publics sont restés sourds face aux doléances exprimées, depuis plusieurs années, par cette couche de la société, notamment en ce qui concerne leur insertion socio-économique. Concrètement, rien n'est fait pour inciter les entreprises publiques et privées à recruter des handicapés et à leur accorder la priorité en ce qui concerne le logement et l'accès aux moyens de transport, s'indignent les associations pour handicapés. Face au discours «creux» et aux déclarations «tendancieuses», les associations qui défendent le droit des handicapés investissent le terrain. L'exemple de la Fédération des associations des handicapés moteurs (FAHM) est édifiant. Sa présidente, Mme Atika El Mameri, travaille sans relâche pour améliorer la situation de ces personnes que l'on ignore. La FAHM est initiatrice de l'auto-école pour handicapés de Ben Aknoun (Les Asphodèles) qui donne la chance aux handicapés moteurs de passer leurs permis de conduire et de gagner en confiance, en autonomie et en liberté. D'autres projets du genre ont vu le jour à Tizi-Ouzou et à Constantine. Notons enfin que selon le premier rapport mondial Handicap, en collaboration avec l'Organisation mondiale de la santé, la Banque mondiale et d'autres organisations comme Handicap International, le nombre de personnes handicapées dans le monde est estimé à un milliard, soit 15 % de la population mondiale, dont 150 millions souffrent de handicaps sévères. Le rapport montre que le phénomène est en augmentation notamment à cause des guerres, séismes, accidents etc. De même, de nouvelles pathologies font ravage, aujourd'hui, comme le diabète dans les pays en voie de développement qui peuvent évoluer de manière invalidante. En Algérie, les accidents de la route font chaque année plus de 4000 morts et des milliers de blessés dont de nombreux handicapés.
