La bataille pour la présidence au Sénégal devrait passer par un second tour pour départager le chef de l'Etat sortant, Abdoulaye Wade, et son ex-Premier ministre, Macky Sall. «Il y aura très probablement un second tour, toute autre issue nous semble statistiquement impossible d'après ce que l'on sait et ce que l'on entend», selon Thijs Berman, chef de la Mission d'observation de l'Union européenne (MOE-UE). Pour ce premier tour, Abdoulaye Wade a assuré être «en tête avec 32,17% et 25,24% pour mon suivant», faisant allusion à son ancien Premier ministre passé dans l'opposition, Macky Sall. Ingénieur de formation âgé de 50 ans, Sall est l'ancien homme de confiance du président Wade. Il a été son ministre des Mines (2001-2003), puis de l'Intérieur (2003-2004), son Premier ministre (2004-2007) avant d'être élu président de l'Assemblée nationale. Tombé en disgrâce, il a créé sa formation, l'Alliance pour la République (APR) et se présente pour la première fois à une présidentielle. La presse sénégalaise reflétait, hier, l'issue encore incertaine du scrutin. «Atmosphère de fin de règne au palais», a titré le quotidien Walfadjiri, tandis que L'Observateur (opposition) va encore plus loin et évoque un «discours d'adieu», assurant que «Wade, c'est fini». D'autres journaux estiment que, comme l'As, «le Palais n'a pas dit son dernier mot», que la déclaration du président - jugée «pondérée» par la presse - était destinée à la communauté internationale et que Wade restait «totalement déterminé à user d'un forcing pour se déclarer vainqueur». Durant la campagne, Abdoulaye Wade a martelé qu'il était «sûr» de l'emporter dès le premier tour, son entourage évoquant même, avant le scrutin, un score d'environ 53% des voix. En 2007, il l'avait emporté au premier tour avec 55,8%. La mission d'observation de l'Union africaine, conduite par l'ex-président nigérian Olusegun Obasanjo, a salué le bon déroulement de l'élection. «Aucun incident majeur pouvant avoir un impact significatif sur le vote n'a été constaté. La mission d'observation de l'UA déclare que les élections se sont déroulées conformément aux principes de la déclaration de Durban régissant des élections démocratiques en Afrique». Les commissions départementales de recensement des votes publient depuis lundi les résultats pour chacun des 45 départements du Sénégal, mais aucune annonce officielle de résultats sur le plan national n'est prévue avant jeudi ou vendredi. Sauf surprise, ces résultats devraient confirmer que le président sortant Abdoulaye Wade, 85 ans dont 12 au pouvoir, candidat contesté à un nouveau mandat, a été mis en ballottage et qu'il devra affronter un de ses ex-Premiers ministres lors d'un second tour en mars. Le climat «serein et apaisé» du scrutin de dimanche, après des violences meurtrières pendant la campagne, et la «maturité» des Sénégalais ont été salués par l'ONU, Paris, Washington et la mission d'observation de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cdeao). Le taux de participation a tourné autour de 60%, selon un chiffre encore provisoire de la Commission électorale nationale autonome (Céna), en baisse par rapport au taux de 70% de la présidentielle de 2007. R. I.
