Les membres du bureau fédéral du secteur de la justice entament, à partir de demain 6 mai, une grève ouverte de la faim, jusqu'à ouverture des portes du dialogue par le ministère de tutelle, a indiqué hier, dans un communiqué le président de la Fédération des fonctionnaires du secteur de la justice, relevant que «la grève de la dignité» des greffiers entamée le 10 avril se poursuit. Selon Mourad Ghedia, président de la fédération, cette décision a été prise à l'issue d'une session extraordinaire du conseil national de la Fédération des fonctionnaires de la justice, tenue jeudi 3 mai. Cette action radicale intervient, également, après «la violation flagrante» par le ministère de la Justice de la Constitution, notamment son article 57, et suite aux violations de la loi 14/90 précisant et réglementant l'exercice syndical et de la convention internationale n°87, qui garantit les libertés syndicales. Les fonctionnaires de la justice, en grève depuis le 10 avril dernier, réclament, par ailleurs l'ouverture d'une enquête pour faire la lumière sur ce qu'ils qualifient de «dépassements et menaces» subis par les grévistes, qui entament aujourd'hui leur 35e jour de débrayage. Lancé le 10 avril dernier, le débrayage des greffiers et corps communs du secteur de la justice intervient en réponse au silence de la tutelle devant leurs revendications. Ils revendiquent essentiellement leur intégration dans le secteur de la justice, au même titre que le corps des magistrats, pour ne plus dépendre de la Fonction publique, la révision de leur statut particulier, et réitèrent leur droit au logement de fonction. Ils réclament également des prêts bancaires pour l'achat de véhicules pour pouvoir se déplacer la nuit, notamment pour ce qui est des femmes qui assurent les audiences pénales dont la quasi-totalité se termine au-delà de minuit. Les greffiers affirment, par ailleurs, que la tutelle n'a pas respecté ses engagements concernant la promesse liée au paiement des heures supplémentaires, notamment pour ceux qui assurent les audiences criminelles. Après avoir vainement tenté de faire réagir la tutelle dans le sens d'un déblocage de la situation, les grévistes s'en sont remis à l'arbitrage du président de la République en sa qualité de premier magistrat du pays. Le chef de l'Etat a, en effet, été destinataire au début de ce mois, d'un rapport détaillé émanant de la Fédération des fonctionnaires du secteur de la justice, dans lequel elle lui fait part de «dépassements et d'infractions graves à la loi», commises «par ceux qui sont censés veiller à son respect». Les avocats qui se retrouvent malgré eux impliqués dans ce conflit, apportent leur soutien aux grévistes. Ils ont tout bonnement refusé de plaider devant les huissiers de justice auxquels le ministère de la Justice a fait appel pour remplacer les greffiers, qualifiant ce procédé d'«antiréglementaire». Dans une déclaration antérieure, le Conseil national de l'Ordre des avocats, qui affiche son soutien aux grévistes, ne reste pas moins inquiet de la situation qui tend à durer. «Nous avons constaté que des audiences publiques ont lieu en l'absence de greffiers qui y sont habilités légalement et leur remplacement par des huissiers de justice qui ne bénéficient pas du statut juridique», constate l'Ordre des avocats, qualifiant la procédure d'illégale que, «le barreau ne cautionne pas». Pour les robes noires, «le recours aux huissiers de justice porte atteinte aux principales procédures judiciaires» pour la tenue des audiences tant près des Cours que près des tribunaux. Ne voulant pas prendre part aux «violations flagrantes», les membres de la défense refusent de plaider devant des «collectifs illégaux». Le communiqué de l'Ordre des avocats souligne, en outre, que pour veiller au bon fonctionnement de la justice et garantir les droits des justiciables, «il faudrait trouver une solution dans les plus brefs délais». Y. D.