Malgré une volonté annoncée de sortir du carcan de la sauvegarde et de la préservation des matériaux pour aller davantage vers la diffusion des connaissances et l'ouverture sur le public, le musée Ahmed-Zabana reste prisonnier des dates commémoratives et des célébrations officielles. Trop peu d'imagination ou manque de moyens, l'essentiel des activités du musée se concentre à l'intérieur même de l'établissement, de très rares initiatives étant tentées pour aller à la rencontre du public. Cela aurait put être le cas, cette année, avec la valise muséale destinée aux écoliers des diverses communes de la wilaya, mais cela ne l'a pas été en raison de lourdeurs administratives qui n'ont pas permis au musée et l'Education nationale de concrétiser le projet.C'est ainsi que Ahmed-Zabana se contente toujours d'abriter les manifestations culturelles comme les activités liées au Mois du patrimoine qui, cela dit, réussissent parfois à attirer un large public. L'exposition «Mémoire et identité», organisée cette année autour du patrimoine culturel des célèbres batailles et de ceux qui les ont menées à travers l'histoire algérienne (Jugurtha, Juba, Syphax, cheikh Bouâmama, El Mokrani…) est un exemple de ces manifestations que les Oranais et des visiteurs venant d'autres wilayas limitrophes disent avoir appréciées. On se souvient aussi qu'à l'occasion du Mois du patrimoine de 2010 qui coïncidait avec la 16ème Conférence internationale sur le gaz naturel liquéfié, le Musée avait eu l'idée de tenir une exposition des 100 chefs-d'œuvre du musée Ahmed-Zabana et avait réussi à attirer l'attention du public algérien et étranger. Mais toutes ces manifestations -et d'autres activités encore-restent prisonnières d'un manque d'audace (et évidemment de ressources matérielles) qui ne permet pas au musée de se départir de son rôle d'éternel hôte pour, quelques fois, se glisser dans la peau du musée itinérant allant à la rencontre de ceux et celles qui, pour une raison ou une autre, ne peuvent pas faire le déplacement avenue Ahmed-Zabana, à Oran. Il faudrait penser à la constitution «des ‘‘valises muséales'' qui permettraient aux habitants des autres communes de la wilaya de se faire une idée des trésors gardés par le musée et de leur importance pour la mémoire collective», suggère un peu naïvement un enseignant, amateur d'art. Cela contribuerait probablement à secouer la léthargie du musée et mettrait un peu d'ambiance dans le sinistre quotidien des régions éloignées des centres urbains. «Une valise contenant du matériel informatique suffirait à offrir une visite virtuelle», continue notre enseignant en citant l'initiative du Google art project qui permet à l'internaute d'avoir accès à pas moins 46 musées à travers le monde, 300 000 œuvres d'art issues de 40 pays. «Quand on peut réussir cet exploit, on peut élaborer une malheureuse visite virtuelle non ?», demande l'enseignant.Il est vrai que graver sur un CD -en attendant de les mettre en ligne- l'ensemble des possessions du modeste musée Ahmed-Zabana ne relève pas de la gageure et qu'il suffirait d'un peu de bonne volonté pour qu'un petit clic de souris mette le musée national d'Oran à la portée de tous.