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Le Sahel plaque tournante du trafic de la drogue
Immense espace où le crime organisé se renforce
Publié dans La Tribune le 22 - 06 - 2012

Ce trafic aérien ne peut passer inaperçu aux yeux des autorités maliennes. L'implication de certains cercles au pouvoir malien n'est pas à écarter. «L'inquiétude des autorités des pays sahéliens est évidente. D'une part, les narcotrafiquants créent de nouveaux marchés dans la région. Des notables sont parfois impliqués dans ces trafics. L'argent de la drogue finira inévitablement par pervertir les différentes classes politiques et aura des répercussions sur les processus électoraux qui se mettent difficilement en place. De plus, l'importance des tonnages de drogue qui transitent par le Sahel prouve que les trafiquants bénéficient sur place de capacités de stockage et de transport non négligeables. Enfin, les trafiquants africains, pour assurer la sécurité de leurs transports, ont besoin de s'assurer la protection des populations locales qui prennent leur dîme au passage, voire celle de groupes dissidents ou terroristes qui bénéficient ainsi d'argent pour s'acheter des armes. Une situation qui accroît l'insécurité dans ces pays» estime un observateur de la scène sahélo-saharienne. Entre 2004 et 2010, les chiffres les plus conservateurs estiment à 50 tonnes la quantité de cocaïne traitée qui aura transité par le Sahel. Ce grand désert s'étend de l'Atlantique à l'ouest, à la Mer rouge à l'est. De la Mauritanie au Soudan, des parcours pastoraux et commerciaux sont gravés dans la mémoire des différentes ethnies qui peuplent le Sahel et continuent à être empruntés jusqu'à ce jour. Les séquelles du colonialisme, exacerbées par une mauvaise gouvernance des Etats nationaux, conjuguées aux effets néfastes d'un ordre économique injuste, ont contraint des pans entiers des populations du Sahel à s'adapter et à convertir leurs activités d'échange traditionnel en trafics de tous genres de marchandises, y compris la drogue et les armes. Si les drogues douces ont toujours fait partie des marchandises échangées et vendues entre l'Afrique noire et le Maghreb, les armes et les drogues fortes sont, en revanche, des produits nouveaux, favorisés par la forte demande dans les pays en guerre et par l'Europe et le Moyen-Orient, en quête de sensations fortes. Ces drogues fortes viennent essentiellement d'Amérique latine, après le démantèlement des cartels qui livraient directement l'Europe et le Moyen-Orient. L'instabilité des pays sahélo-sahariens, leur extrême pauvreté et l'immensité de l'espace, ont favorisé l'implantation de trafiquants et de groupes armés divers, qui trouvent, dans le trafic de drogue et des armes, une activité très lucrative. Si le trafic de cigarettes et de carburants se poursuit pour alimenter les besoins locaux, celui de la drogue a pris des dimensions internationales. Le hachich produit au Maroc a toujours alimenté les réseaux de trafic, qui empruntent deux voies principales : l'une via le nord de la Mauritanie, le nord du Mali et du Niger, livre la drogue à Port-Soudan, sur la Mer Rouge, d'où elle part approvisionner le Moyen-Orient. L'autre route remonte par la Libye et l'Egypte et fait entrer «l'herbe» en Europe, via les Balkans. La nouveauté, un vrai filon pour les trafiquants de drogue, mais surtout pour les groupes terroristes d'Aqmi, c'est la cocaïne. Les producteurs de drogues fortes en Amérique latine ont réussi à établir une jonction avec les groupes terroristes établis dans la région du Sahel, via les anciens réseaux de soutien au terrorisme en Europe, mais aussi via la mafia russe, turque et les trafiquants d'opium en Afghanistan. Le Sahel est, ainsi, devenu une plaque tournante du trafic de cocaïne notamment, qui transite vers l'Europe, après son introduction à travers les frontières poreuses de l'Afrique de l'Ouest (Guinée-Bissau, Guinée, Mauritanie), avant d'être convoyée dans le nord du Mali, le Niger, et parfois le Tchad, pour passer en Europe, via l'Egypte, Malte, Chypre, la Turquie et les Balkans. Plus grave encore, des informations avérées ont fait état de l'usage de gros porteurs pour livrer la drogue directement d'Amérique latine au Mali, via les airs. En novembre 2009, un Boeing qui a raté son décollage dans le nord du Mali, a été incendié dans le désert par ses utilisateurs pour camoufler son origine. La drogue, 5 tonnes au minimum, avait, elle, été récupérée. Avant l'accident de cet avion, trois ou quatre appareils avaient atterri au nord du Mali pour y déposer des tonnes de cocaïne. Le kilogramme de cocaïne est vendu à 40 000 euros le kilo, (puisque c'est l'Occident la destination de cette marchandise), on parle d'une masse monétaire de 2 milliards d'euros. Plus du budget annuel de plusieurs pays de la Cédéao. C'est dire l'enjeu que représente ce crime organisé dans l'espace sahélo-saharien sous administré, mal surveillé, aux proportions gigantesques parce que couvrant à lui seul le quart de la superficie du continent africain. Selon le directeur exécutif de l'Onudc (Organisation des Nations unies pour la Drogue et le Crime), Youri Fedotov, l'Aqmi serait impliquée dans un trafic de drogue dans la région du Sahel. Evoquant le trajet que la cocaïne sud-américaine emprunte pour parvenir en Europe, via l'Afrique de l'Ouest, M. Fedotov a dit avoir de «très forts soupçons» à propos de l'implication dans le trafic de l'Aqmi. «Je n'ai pas la preuve de leur implication, mais nous avons de très forts soupçons sur l'existence de liens entre trafic de drogue et terrorisme», a-t-il dit lors d'un point de presse à la veille de l'ouverture à Paris d'une rencontre des ministres de l'Intérieur du G8 sur la lutte «contre les mafias du crime». «Le trafic de drogue génère des milliards de dollars, et nous avons de très bonnes raisons de croire, comme c'est le cas en Afghanistan avec l'héroïne, qu'Aqmi finance ses activités au Sahel par le trafic de drogue», a-t-il ajouté. L'Onudc avance des chiffres pour 2009 de quelques 21 tonnes de cocaïne à destination de l'Europe occidentale ont transité par l'Afrique occidentale.
Le directeur exécutif de l'organisation onusienne a souligné que le marché de la cocaïne en Europe, en forte progression, a presque rattrapé celui des Etats-Unis, représentant environ 33 milliards de dollars contre 37 milliards de dollars outre Atlantique. Le fléau de la drogue qui menace l'Algérie, vient du Maroc avec une complicité d'Algériens rompus à ce trafic. Dernièrement, la police marocaine a fait l'effort de surveiller un réseau de trafiquants avant de le démanteler. L'arrestation de neuf narcotrafiquants Libyens et Marocains, a permis la mise au jour d'un vaste réseau transfrontalier de trafic de drogue, dont les connexions s'étendaient du Maroc jusqu'en Egypte. Le trésor de guerre de ce réseau laisse tout simplement perplexe. Dirigé par un Libyen, le réseau démantelé avait déjà à son actif des dizaines d'expéditions portant sur quelque 90 tonnes de cannabis. En plus de l'arrestation du noyau dur du réseau, le pistage a permis la saisie de plus de 1,5 million d'euros sur les narcotrafiquants et de nombreux et puissants véhicules. Un butin qui en dit long sur l'ampleur de ce trafic transnational. Parfaitement bien structuré, le réseau disposait de diverses ramifications et pouvait compter sur des collaborateurs présents au Maroc, en Algérie, en Libye, au Niger, au Mali et jusqu'en Egypte. Les narcotrafiquants convoyaient la drogue du Maroc vers l'Algérie de nuit, à travers des endroits où le contrôle des services de sécurité est rendu plus difficile par l'étendue des zones désertiques. En Algérie, d'autres membres du réseau prennent le relais et transportent la drogue sur les grandes étendues du sud algérien, jusqu'aux frontières avec le Mali et le Niger. Les narcotrafiquants tirent amplement profit de la porosité des frontières des pays du Sahel et de la présence de réseaux locaux de contrebande, qui ne dédaignent pas de monnayer leurs services aux groupes rebelles de la région ou à d'autres réseaux. De là, des cellules locales reprennent la drogue et l'acheminent à travers des circuits bien rodés jusqu'au sud libyen, et de là en Egypte. Les fonds issus de ce juteux trafic étaient ensuite recyclés sur les marchés internationaux et leurs bénéfices transférés au Maroc. Selon des sources marocaines sûres, l'incroyable trésor de guerre de ce réseau se chiffre à la bagatelle de 30 millions de dollars.
A. G.


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