Photo : Riad De notre correspondant à Annaba Mohamed Rahmani
La problématique de l'informel devenuent ces derniers temps l'une des préoccupations du nouveau gouvernement et surtout des autorités locales confrontées directement au phénomène. Un phénomène qui trouve son origine première dans le laxisme de ces autorités qui, par le passé, avaient laissé faire, considérant que cette activité était limitée dans le temps et ne concernait que quelques individus sans emploi qui trouvaient là un moyen comme un autre de subsister. Cela permettait de mettre en veilleuse l'incapacité des gouvernements qui se sont succédé à juguler le chômage et à trouver des débouchés aux centaines de milliers de jeunes qui arrivent sur le marché du travail chaque année. Mais le phénomène a fait boule de neige et a envahi toutes les villes et villages attirant même ceux ayant un emploi stable ; les salaires étant dérisoires et activer dans l'informel était le filon à exploiter pour s'enrichir ou du moins s'en sortir. Le commerce illégal a tout écrasé sur son passage et l'hydre qui a réussi à s'incruster dans tous les secteurs est arrivée à gangréner les services de l'Etat censés contrôler et réprimer cette activité. Du petit cabas du trabendiste qui se fait passer pour un touriste et qui tremble à la vue du douanier, on est passé au camion qui traverse allégrement les frontières terrestres avec des complicités au niveau des postes frontaliers et au conteneur qui échappe comme par enchantement aux différents contrôles installés dans les ports. Le marché intérieur s'est trouvé inondé de marchandises parfois périmées, cancérigènes et interdites dans d'autres pays ; l'économie du pays déjà très mal en point en est sérieusement affectée et des centaines de PME ont fait faillite et mis au chômage des milliers de travailleurs du fait de cette concurrence déloyale. A Annaba comme partout dans le pays, c'est l'overdose, tous les espaces publics sont squattés, occupés, devenus propriété privée de ces vendeurs qui ne reconnaissent plus l'autorité de l'Etat allant jusqu'à narguer les commerçants établis et inscrits en vendant les mêmes produits juste devant la devanture de ces professionnels. La goutte qui avait fait déborder le vase. Grève des commerçants qui exigent le nettoyage de ces vendeurs de l'informel, campagne et opération coup-de-poing, rues et trottoirs libérés puis quelques jours plus tard, c'est le retour en masse de ces faux commerçants, plus forts encore, plus déterminés avec en plus beaucoup de rancune à l'égard des professionnels. La situation était devenue explosive menaçant d'une part un édifice social en équilibre instable et une économie malmenée devenue complètement extravertie avec en plus une évasion fiscale sans précédent du fait du non contrôle de ces tonnes de marchandises vendues dans la rue.La réaction des autorités locales a été cette fois salvatrice et les opérations engagées il y a plus de 10 jours pour le nettoyage effectif des artères de la ville, des trottoirs et des espaces publics se sont déroulées sans heurt et sans violence. Les vendeurs avaient été invités une semaine à l'avance à «libérer » les lieux sous peine de poursuites judiciaires avec en plus la confiscation des marchandises exposées. Ce qui fut fait. Mais la situation n'est pas réglée pour autant et les trabendistes attendent de revenir pour réoccuper les espaces confisqués. «Où allons-nous travailler», nous a déclaré l'un d'entre eux, en ajoutant «Cela fait plus de 8 ans que je suis à la rue Gambetta et maintenant, on nous en a chassés. C'est mon gagne-pain et il n'y a pas d'autre travail, ce n'est pas la bonne solution. Je reviendrai à ma place, c'est sûr». Un autre nous dira qu'il s'agit là d'une «hogra» de la part de la houkouma «Cela fait une dizaine d'années que j'occupe ce petit espace de la rue Bouskara et on vient du jour au lendemain m'ordonner de quitter les lieux, c'est une hogra et nous allons tout faire pour revenir ! »Pour les autorités, «la situation est réglée et il s'agit de maintenir l'opération jusqu'à ce que tout redevienne normal comme avant, la ville doit rester une ville avec ses espaces publics, ses commerces établis, il n'est pas question de laisser un seul vendeur occuper un bout de trottoir et nous y veillerons ! » Nous confie un responsable au niveau de la wilaya. Entretemps, une solution a été trouvée pour ces centaines de vendeurs pour qu'ils puissent exercer leur activité dans la légalité et sous contrôle des services de l'Etat.En effet, des agents de l'APC d'Annaba, un représentant du wali, des services de la direction du commerce, de la police et le chef de daïra ont désigné de nouveaux espaces où ces vendeurs peuvent exercer. Ainsi l'on apprend que 7 espaces ont été réservés pour cette activité au niveau des 1er, 2e, 3e et 4e secteurs urbains, de la vieille ville, du centre-ville et à la cité Seybouse.