Si l'intérêt du dépistage précoce du cancer du sein est avéré, la prise en charge des malades reste aléatoire dans notre pays, où le manque de traitements anti-cancéreux et de radiothérapie hypothèquent sérieusement les chances de rémission et de guérison. Une situation décriée à maintes reprises par les associations de malades et les médecins, impuissants face au laxisme des pouvoirs publics. L'association El Amel d'aide aux personnes atteintes de cancer du Centre Pierre et Marie Curie, lance à nouveau un cri de détresse : les malades atteints de cancer, notamment de cancer du sein, n'ont pas accès à la radiothérapie, du fait de la saturation et du manque de centres adéquats. «Nous avons tiré la sonnette d'alarme depuis fort longtemps», explique Mme Hamida Kettab, responsable de l'association El Amel. «Il y a un manque criard de centres de radiothérapie. Celui du Cpmc est complètement saturé, les malades viennent des quatre coins du pays, et les rendez-vous sont trop éloignés, pouvant aller jusqu'à une année, parfois plus. Entre-temps, beaucoup de malades décèdent faute de soins nécessaires», déplore t-elle. La radiothérapie reste le nœud gordien de la prise en charge en Algérie. En tout, ce sont 28 000 nouveaux cas de cancers qui sont chaque année en attente de radiothérapie. «Si le dépistage précoce du cancer du sein reste primordial, il n'en demeure pas moins que le suivi de femmes affectées par la maladie où qui pourraient l'être reste indispensable. Ce qui est loin d'être le cas en Algérie, où les malades, notamment ceux de l'intérieur du pays, sont livrés à eux-mêmes», estime Mme Kettab. Par ailleurs, dit-elle, «lorsqu'on procède au dépistage du cancer du sein, il faut au moins deux lectures, or ce n'est pas ce qui se passe généralement chez nous». S'agissant des centres anti-cancers, elle dira qu'ils ne sont toujours pas opérationnels et ne disposent pas de services de radiothérapie. Elle appelle le nouveau ministre de la Santé à prendre des mesures urgentes pour la prise en charge du cancer dans notre pays, et la Cnas à jouer son rôle. En Algérie, plus de 40 000 nouveaux cas de cancers, toutes formes confondues, sont enregistrés chaque année, dont 10 000 du sein. A. B.
