Il y a quelques semaines, des ouvriers ont commencé l'installation d'un chantier sur le terrain vague qui servait comme station de transport desservant les localités de Draa Ben Khedda, Tadmaït, At Zmenzer et Maatkas, à partir de Tizi Ouzou, chantier situé face à l'ancienne gare routière. D'aucuns s'interrogeaient sur la nature du projet qui sera réalisé sur une assiette convoitée de toutes parts, y compris par les mafieux qui ont accaparé toutes les poches foncières et massacré l'urbanisme de la ville des genêts. Les questionnements subsisteront quelques jours avant que les initiateurs ne mettent une plaque présentant la fiche technique du projet : un musée régional. Si pour les mafieux, c'est un scandale de les priver de s'enrichir encore sur le dos de la collectivité, les citoyens restent sur une réaction mitigée, certains appréciant le projet et d'autres le considérant comme un gâchis dans une wilaya qui souffre d'un manque criant de logements.Ce sera donc le fameux musée régional des Arts et d'Archéologie annoncé depuis quelques années par la direction de la Culture de la wilaya. Un musée qui devait être implanté au niveau de la ville nouvelle de Oued Falli et réorienté, on ne sait pourquoi, vers cet endroit situé à quelque mètres du siège de la sureté de wilaya et de la cour de Justice. Selon les déclarations du directeur de la Culture faites en 2010, ce musée comprendra une salle de conférence, des salles d'exposition et des ateliers et traitera, entre autres, de l'archéologie. Ce qui signifie que l'institution muséale de la Wilaya de Tizi Ouzou sortira enfin du carcan de la colonisation française dans lequel on a cloîtré la vie muséale dans notre pays depuis l'indépendance, même si beaucoup se demandent pourquoi l'on a associé les arts à l'archéologie dans ce projet d'institution muséale ? Cela dit, avoir un nouveau musée c'est bien, mais le rendre attirant pour les citoyens de la région et même des touristes nationaux et étrangers, c'est mieux. Ce n'est, malheureusement, pas le cas pour les deux musées existant dans la wilaya de Tizi Ouzou que représentent l'antenne du musée du moudjahid et le musée régional de la wilaya III historique, en plus des maisons natales de certains leaders de la Révolution et de la résistance à l'occupation française, lesquelles sont transformées en musées comme celles de Krim Belkacem, Abane Ramdane et Lalla Fatma N'Soumeur. En effet, les visiteurs ne se bousculent pas devant ces musées, tant ils ne sont pas attrayants aux yeux de la population locale qui semble désabusée par l'histoire de la Guerre de libération nationale telle qu'elle est racontée de façon officielle, les gens confondant pouvoirs publics, auteurs de l'histoire officielle et institutions publiques exécuteurs dans la narration de cette même histoire. Il est clair que les dirigeants des institutions muséales de Tizi Ouzou que nous n'avons pu rencontrer pour indisponibilité et même ceux des autres wilayas du pays ne sont pas responsables de ce manque de fréquentation, puisque leurs prérogatives ne leur donnent pas assez d'autonomie pour lancer des initiatives susceptibles d'attirer les grandes foules.D'un autre côté, la convention signée par le musée de Tizi Ouzou et la direction de l'Education nationale dans le cadre de l'organisation de visites guidées pour les écoliers de tous les niveaux, a montré toute son inefficacité du fait notamment du manque d'enthousiasme constaté chez les enseignants. Et même quand les élèves montrent de l'enthousiasme pour ces visites, ce n'est, malheureusement, pas pour des raisons pédagogiques ou par amour de l'Histoire de notre pays, mais elles représentent pour eux une sorte de récréation qui les éloigne du tableau et de la salle de cours. Les professeurs d'Histoire sont, également, réfractaires à ces visites, dénonçant les fossoyeurs de l'Histoire de l'Algérie et la platitude régnant dans les musées, causant un ennui certain pour des écoliers à la recherche, non de sorties pédagogiques fades mais de sorties récréatives avec mission éducative. Les mêmes professeurs contestent également le fait que les musées existants ne traitent que de la période française, alors que l'Histoire de l'Algérie est millénaire, d'où l'intérêt que suscite le projet du musée régional des Arts et d'Archéologie en cours de lancement. A moins que les arts qu'il accueillera deviennent des freins pour l'archéologie et l'histoire préhistorique de la région et du pays.
