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La dictature n'est pas une fatalité
Publié dans La Tribune le 03 - 12 - 2012

Siliana, la petite ville de l'ouest de la Tunisie sera-t-elle pour le régime islamiste ce que fut Sidi Bouzid pour le dictateur Ben Ali ? Même question au sujet de la Place Ettahrir du Caire, tombeau du régime Moubarak, dont on se demande si elle ne serait pas demain le saint sépulcre du président islamiste Mohamed Morsi ? La réponse à ces deux questions n'est pas sûre, mais l'hypothèse est assurément solide. Comme un écho à ces deux questions, une apostrophe en rouge sur un mur de Siliana, théâtre récent d'affrontements violents entre forces de l'ordre déchaînées et jeunesse en mal de vivre, clame que « le peuple veut une autre révolution ». En Tunisie et en Egypte, les deux pays emblématiques du Printemps arabe, le peuple a déjà fait une révolution. Printemps de jasmin et de roses qui a débouché sur un automne islamiste morose dont les différentes expressions semblent annoncer le rude hiver d'une dictature verte redoutée. Mais il est écrit que le peuple veut une autre révolution. A Siliana où de nombreuses personnes ont perdu la vue à la suite de tirs de chevrotines, un graffiti rageur dit : «vous avez pris nos yeux, mais vous ne pouvez emporter notre voix». C'est donc cette voix du changement démocratique que Tunisien et Egyptiens refusent de se faire confisquer. A plus forte raison par des islamistes, hier alliés révolutionnaires, dont on avait pensé alors qu'ils étaient pragmatiques, qu'ils allaient s'adapter aux réalités du monde et qu'ils n'allaient pas, in fine, remplacer une dictature par une autre. Imposer une loi d'airain, la leur propre, au nom de celle de Dieu. En Egypte où, contrairement à la Tunisie, le pouvoir est désormais sans partage, le nouveau chef de l'Etat, disposant d'une très confortable majorité parlementaire, et après avoir mis au pas l'armée, entend désormais incarner seul les pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire et veut une Constitution sur mesure votée par un parlement à sa main. Certes, Mohamed Morsi n'entend pas faire de son pays une nouvelle Arabie saoudite. Mais l'Egypte serait islamiste. Il y travaille en tout cas depuis longtemps au sein des Frères musulmans, et plus encore depuis son élection à la tête de l'Etat. L'objectif suprême : la Constitution. Depuis Anouar el-Sadate, son article 2 prévoit que «la charia est la source principale du droit», mais pas la seule source de législation. Laïcs, modernistes, libéraux, chrétiens ont bataillé dur ces cinq derniers mois pour maintenir en l'état l'article en question. Les islamistes, Frères musulmans et salafistes de tout poil, larges vainqueurs des dernières législatives, ont accepté. Mais le président Morsi, finalement un politique matois et un manœuvrier aussi subtil que retors, n'avait pas encore dit son dernier mot. Le 22 novembre, contre toute attente, il décidait par décret que les juges ne pourraient plus remettre en cause ses décisions et qu'ils ne pourraient pas non plus demander la dissolution de l'Assemblée constituante et de la Chambre haute tant que la rédaction de la nouvelle Constitution par une commission ad hoc composée essentiellement de fidèles, ne serait pas terminée. But de la manoeuvre : empêcher que libéraux, séculiers et personnalités chrétiennes qui se sont retirés de l'Assemblée constituante, ne demandent sa dissolution devant la Justice qui n'aurait pas été aux ordres. Et c'est alors, dès le 22 novembre, l'épreuve de force. Magistrats et procureurs se sont mis en grève au plus haut niveau. Opposants de tous bords, libéraux, démocrates, révolutionnaires de la Place Ettahrir rejoints, cette fois, par les partisans de l'ancien régime, ont de nouveau envahi la place emblématique et ont manifesté dans tout le pays. Mais Morsi n'a pas désarmé : Il manœuvre, atermoie et gagne du temps en feignant d'en donner aux constitutionnalistes. Puis coup de force institutionnel une semaine plus tard. L'Assemblée constituante adoptait alors le texte constitutionnel et déclarait qu'il serait soumis dans les deux semaines au référendum. Et voila comment, en trois coups de cuiller à pot politique, nait un nouveau dictateur qui pourrait faire regretter son devancier pour beaucoup de gens. Sentiment partagé en Tunisie où derrière un autoritarisme islamiste se profile le risque d'installation, à terme, d'une dictature salafiste dont les forces agissent en profondeur derrière le paravent du mouvement Ennahda. Mais, en Tunisie comme en Egypte, la société réagit et agit. Sous Ben Ali comme sous Moubarak, elle a brisé le carcan de la peur et s'est mise en mouvement pour déboulonner la statue du grand commandeur. Surtout pas pour la voir remplacée par celle du commandeur des croyants. Au pays de Nasser et de Bourguiba, la société possède des capacités immunitaires et des forces de réaction. Une société civile structurée, des syndicalistes actifs, des intellectuels de qualité, une magistrature qui ne met pas toujours la robe de la soumission, des classes moyennes homogènes et entrepreneuriales et une jeunesse raisonnable mais prompte à se révolter. Normal, pourrait-on dire, l'Egypte, qui a adopté en 1923 sa première Constitution, a des traditions de modernisme depuis Mehmet Ali Pacha et les oulémas réformateurs. La Tunisie, également, depuis les beys husseinites qui abolirent l'esclavage et adoptèrent la première Constitution dans le monde arabe, dès 1861. A Tunis, comme au Caire, Egyptiens et Tunisiens en mouvement et en colère, montrent que la dictature n'est pas une fatalité.
N. K.

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