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Petits chocs des civilisations, ou comment se métisse la cuisine française ?
Fellag décortique en rires les relations algéro-françaises
Publié dans La Tribune le 12 - 12 - 2012

Après Nous sommes tous des mécaniciens, son dernier spectacle, Fellag continue sa cuisine au «Beur» avec Petits chocs des civilisations, spectacle haut en couleurs, profondément humaniste et fortement épicé de rire. Ici, tout le monde en prend pour son grade avec beaucoup d'affection. L'ignoble tendre tire sur tout ce qui bouge et assassine, d'une rafale de rire, les préjugés et les idées reçues
Pour la circonstance, Fellag se transforme en master chef des «petits chocs des civilisations !». L'humoriste, pose un regard acidulé sur une société encore réfractaire au métissage où la xénophobie et les intégrismes de toutes sortes brandissent leurs menaces. Et pourtant, tout au long de son histoire la gastronomie française s'est nourrie de son art et de sa tradition, mais aussi de sa capacité à digérer les nouvelles recettes. Il en est des hommes comme de la cuisine : les meilleures formules sont souvent le produit de savants mélanges.Selon un sondage, le couscous serait le plat préféré de nos compatriotes. «Faut-il y voir l'aveu détourné d'une affection toute
nouvelle des Français envers les Maghrébins ?», s'interroge Fellag. Il appelle ça les petits chocs des civilisations : «C'est une mise en équation humoristique des grands riens et des petits tous qui sèment la zizanie entre l'Islam et l'Occident, le Sud et le Nord, la France et l'Algérie... La France et l'Algérie qui sont mon nombril du monde, les deux mamelles de ma mère Patrie.» Le décor est posé et tous les ingrédients sont là. Avec une mise en scène efficace de Mariane Epin, Fellag occupe l'espace avec une grâce qui tient du cabaret expressionniste. Il virevolte avec légèreté sur tous nos travers, aux ingrédients contradictoires et fortement épicés mais qui inaugurent une nouvelle génération de marmitons aux regards affutés. Il donne aux spectateurs et à la société l'occasion de réfléchir et de rire d'elle-même sur les idées reçues. Sur scène, une cuisine parfaitement équipée d'un magnifique piano et de tous les ingrédients pour faire un bon couscous. Le maestro peut commencer son show et s'en donner à cœur joie avec sa couscoussière à malice pour mieux nous épingler dans nos petits travers, nos fantasmes sur les uns et les autres et nos peurs injustifiées.Tambour battant, il nous invite couteau en main, à la manière d'un chef d'orchestre, à jouer dans sa partition culinaire. Avec bonheur, on découvre la préparation du couscous, devenu au fil du temps et des aléas de l'histoire franco-algérienne le plat préféré des Français et pourquoi pas le plat de la réconciliation !Attention, ici, le couscous de Fellag devient prétexte à surfer sur les graves sujets de notre temps. Sa partition culinaire mijotée et interprétée au rythme de la cuisson de son couscous, nous amène à rêver d'une France fraternelle aussi colorée que les légumes de son couscous et tour à tour, avec humour et dérision, sa recette devient la synthèse des petits chocs des civilisations qui au fil du temps forgent, à l'insu de notre plein gré, les couleurs de l'identité française : le poivron jaune, l'Indochine, l'aubergine, l'Afrique noire, le navet, l'Europe du nord… le tout épicé de Ras el hanout qui veut dire en arabe «la tête du magasin». Un couscous qui laisse place à l'imaginaire et à la créativité avec un petit zeste d'histoire coloniale de la France. Au cours de la cuisson du couscous-spectacle, Fellag nous conte également les péripéties, à la fois drôles et dramatiques, d'un Algérien ordinaire qui traverse la France en train. Ici, l'humoriste, mine de rien, hausse le ton et dénonce l'hypocrisie. En quelques métamorphoses, cet homme transforme son apparence, contrefait sa voix, jongle avec les mots et les langues. Mais avec Fellag, l'amour répond toujours à la haine et à l'intolérance par des mots savoureux et irrésistibles qui donnent à son couscous-spectacle une dimension poétique et politique.Vous l'avez compris, tout au long du spectacle on est envahis par les mots et les odeurs et on salive. Comme tous les couscous réalisés avec amour, on en
redemande, mais on reste malgré tout sur sa faim dans l'attente du prochain spectacle. Recette en tête, bras dessus bras dessous on rentre à la maison, préparer le couscous de la réconciliation. A déguster sans modération de rire et à partager avec ses voisins de toutes les couleurs. Fellag nous amène à rêver avec beaucoup d'humanité d'une France fraternelle, ouverte et tolérante. Au fil de ses créations Fellag impose son style, comme tous les grands du rire : Devos, Bedos, Coluche… Pareillement à son engagement, Fellag reste impertinent et drôle pour aborder des sujets sensibles dans cette période de turbulence où les peurs de l'étranger et l'étrangeté sont exacerbées afin de trouver des boucs émissaires à cette crise qui dure depuis plus de trente ans. Son spectacle de l'absurde est un véritable antidote contre l'ignorance, la bêtise et l'intolérance. Quand on sait faire passer l'humour, les rires ont la même couleur. Un spectacle bien mijoté qui vous ouvre les yeux et l'appétit. Courrez vite vous régaler.Bravo, l'artiste, bravo à tous les deux, merci mon pote pour ces émotions partagées, spectacle subtile et intelligent malgré quelques problèmes de baisse de rythme par moment. J'imagine que tu le bonifies comme le bon vin chaque soir sous le regard et les conseils pertinents de la belle Mariane.
C. C.
* Critique théâtral et spécialiste de la culture maghrébine issue de l'immigration en France.


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