Depuis quelques temps, l'Office national de gestion et d'exploitation des biens culturels protégés met un point d'honneur à bloquer toutes tentatives des médias - ou de certains d'entres-eux - de rendre compte de la situation dans laquelle se trouve le patrimoine culturel national. Ainsi en est-il notamment dans la wilaya d'Oran où, sous prétexte de protéger les sites historiques et espaces patrimoniaux contre de potentielles tentatives d'exploitation commerciale, les représentants de la presse sont assujettis à une demande autorisation auprès de l'Office pour pouvoir accéder aux informations : «Ma hiérarchie doit d'abord me transmettre un document pour que je puisse répondre à vos questions», a été la réponse que le responsable dudit Office a réservée à une demande de reportage sur les sites historiques d'Oran. Pour les illustrations, c'est au ministère de la Culture que les journalistes doivent adresser leur demande sous peine de se voir interdire la prise de photographies : «Ou alors, pour éviter tout risque d'usage commercial, il faut que l'un de vous apparaisse sur la photo», a-t-on encore expliqué du côté de l'organisme de gestion des biens culturels. Du coup, les journalistes sont contraints de s'adresser à d'autres sources pour établir un état des lieux du patrimoine culturel de la wilaya et de s'appuyer sur d'autres photographies, à quelques jours de l'ouverture du mois du patrimoine (18 avril au 18 mai). Ceci alors même que l'Office annonce préparer un programme spécial pour l'occasion, notamment des visites guidées à travers un certain nombre de sites historiques. Comment, dans ce cas, prétendre parler de promotion du patrimoine ou de tourisme culturel lorsque les médias, qui devraient compter comme des partenaires privilégiés, sont écartés de la sorte ? Par quel moyen sensibiliser les citoyens à la nécessité de s'impliquer dans la nécessaire préservation de cette mémoire collective quand l'interface entre la société et les pouvoirs publics est ainsi rejeté ? Il n'est un mystère pour personne que la situation du patrimoine historique de la wilaya d'Oran n'est pas très reluisante et qu'en raison du manque de moyens, l'Office national de gestion et d'exploitation des biens culturels protégés fait face à de nombreuses difficultés pour gérer un patrimoine de la taille de celui de la capitale de l'ouest : avec notamment des grottes du paléolithique et du néolithique, première et dernière période de la préhistoire, qui a débuté il y a moins de 3 millions d'années, de Kouchet El Djir et Eckmühl, les vestiges antiques de Bethioua (comme les ruines de Portus Magnus) ou puniques de la région des Andalouses où se trouvent une vaste nécropole et une multitude d'objets d'artisanat aux sites naturels (promenade Ben Badis, les îles Habébas, le Parc naturel des Planteurs, la forêt de M'sila, le Complexe des zones humides) en passant par les fortifications, témoins des différentes présences militaires (Santa Cruz, Mers El Kebir, Rozalcasar, Fort Lamoune…), les places et édifices remarquables (comme la place d'Armes, la place Kléber, l'Opéra, l'Obélisque de la Victoire ailée, l'Hôtel de ville, la gare, l'hôpital Baudens, les Bains turcs…), les édifices religieux (les mosquées de la Perle, du Pacha, Mohamed El Kebir) les mausolées et marabouts (Sidi El Houari, Sidi M'hamed Benaouda, Sidi Blel…) les églises (Cathédrale du Sacré cœur, Saint Louis, Saint Esprit, de Saint Eugène…), des centaines et des centaines d'autres richesses culturelles, la wilaya d'Oran étant un musée à ciel ouvert dont la protection et la préservation ont besoin de la contribution de tous. Sans aucune exclusive. S. O. A.