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L'Afrique, un géant aux pieds d'argile
Les richesses du continent sont exploitées à son détriment
Publié dans La Tribune le 27 - 05 - 2013

«L'Afrique malade de ses richesses», «L'Afrique spoliée», «L'Afrique, poubelle du monde», «L'Afrique aux Africains»… Des titres de livres ou des expressions qui résument la situation de ce continent qu'on dit «Berceau de l'humanité» et qui est devenu son miroir déformant. Colonisée, saignée à blanc, exploitée durant des siècles, l'Afrique a mis du temps pour se libérer. Mais seulement de l'occupation militaire. Dans le sillage des indépendances fraîchement acquises, sera créée, en 1963, l'Organisation de l'unité africaine (OUA), avec des objectifs essentiellement politiques (promouvoir l'unité et la solidarité des Etats africains, le panafricanisme, et soutenir les mouvements d'indépendance). Mais l'organisation n'aura pas de réel impact ni de poids sur le devenir du continent. Elle n'arrivera pas à cet objectif de constitution d'un bloc uni parlant d'une même voix et négociant d'égal à égal avec les autres blocs ou pays qui d'ailleurs préfèrent établir des relations, aussi bien politique qu'économique, unilatérales que multilatérales. Négocier avec un Etat est plus facile et rentable qu'avec un ensemble d'Etats. D'autant plus que les anciens colonisateurs ont gardé la main sur les pays qu'ils avaient été obligés de quitter. Ils ont même placé des «amis» aux plus hauts niveaux des Etats qu'ils soutenaient en échange de l'exploitation des ressources minières, énergétiques, naturelles, agricoles et humaines (le coût très bas de la main-d'œuvre locale était une bénédiction pour les exploitants). On a même exigé, contre aides et conseils, de certains pays africains qu'ils adoptent des cultures de produits agricoles (café, cacao, arachides…) demandés par les marchés européens. Cette agriculture intensive et extensive s'est faite au détriment de petits exploitants qui étaient expropriés, des sols qui étaient appauvris, et de la forêt dont la superficie se réduisait à vue d'œil à cause des abattages d'arbres à grande échelle en vue d'étendre les superficies des exploitations agricoles. Toutes les richesses -à l'exception des hommes- sont évidemment exportées vers les marchés occidentaux. Une partie de ces richesses sera réexpédiée, après transformation et/ou usinage, en produits finis ou semi-finis vers l'Afrique qui reste ainsi dépendante, tant pour l'exploitation de ses ressources que pour la consommation.

L'Afrique malade de ses richesses
L'Afrique spoliée et saignée s'appauvrit pour enrichir le reste du monde. Le crime ne s'arrête pas là. L'exploitation effrénée a bousculé tous les équilibres, tant naturels que socioéconomiques. En plus de l'appauvrissement des sols et la destruction du couvert végétal, les déchets miniers, y compris radioactifs, sont laissés in situ, les rejets des usines se déversent dans les cours d'eau tuant faune et flore. Les multinationales distribuent des pots-de-vin pour avoir le droit d'exploiter outrancièrement et polluer impunément. On a même payé pour exporter vers certains pays africains des déchets radioactifs, sans parler de tous ces produits en fin de vie qui, au lieu d'être détruits -ce qui induit des coûts-, sont revendus aux Africains (voitures, matériel informatique, machines…). L'Afrique est transformée en poubelle du monde, avec la complicité de ses dirigeants corrompus.
Cependant, des voix commencent à s'élever, dans le continent et à l'extérieur, dénonçant cette exploitation qui n'est rien d'autre qu'un esclavagisme moderne ayant troqué chaînes et boulets contre des entraves bien plus solides, mais discrètes : les lignes de crédits et la dépendance économique. L'Afrique aux Africains est devenue le crédo d'une nouvelle génération de cadres et de responsables africains qui dénoncent la corruption des dirigeants et la mainmise des multinationales. Mais les structures d'Etats sont aux mains des «amis» de l'Occident. Et s'ils se détournent d'un partenaire européen, c'est pour se jeter dans les rets d'un autre qui, sous le même couvert d'aide, de soutien et d'investissement, arrachera des marchés juteux. La Chine investit en force dans plusieurs pays africains où elle concurrence désormais des entreprises et des investisseurs européens. Les Etats-Unis ont également des visées sur le continent. Evidemment, les premiers maîtres de l'Afrique ne lâchent pas leur proie et font jouer leurs pions pour préserver leurs prés-carrés, quitte à jouer la carte de la déstabilisation pour placer «l'ami», même par la force des armes.
Les coups d'Etat sont monnaie courante en Afrique.

L'UA dans le sillage de l'OUA
C'est dans ce contexte de guerre souterraine que l'Union africaine naîtra, en 2000, pour remplacer l'OUA. Ses objectifs, hormis le panafricanisme hérité de son aînée, sont la promotion de la démocratie, des droits de l'Homme et du développement dans tout le continent. Pour attirer les investissements extérieurs et garantir un développement durable et équitable, l'organisation adopte le programme du Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique (Nepad). Toutefois, l'UA héritera aussi des pesanteurs de l'OUA. Départagée entre fédéralistes et souverainistes, au lieu d'être le porte-voix d'un bloc uni et elle sera une organisation basée sur le compromis, ce qui rendra sa démarche plus difficile et moins cohérente.
Pourtant, avec un PIB nominal des Etats membres s'élevant à plus de 1 600 milliards de dollars, l'UA a toutes les chances de parvenir aux objectifs qu'elle s'était tracé dont les principaux sont la création, à l'horizon 2023, d'une banque centrale de développement, une zone de libre échange, une union douanière, un marché unique, et une monnaie commune, objectifs qui, s'ils sont concrétisés, constitueront les fondements d'une union économique et monétaire.
Mais ce conditionnel a du poids et bouche l'horizon de 2023, à cause de toutes les pesanteurs et les actions de sabordages qui continuent à cibler de nombreux pays africains où de gros intérêts miniers, énergétiques ou agricoles sont en jeu. L'UA comme le Nepad n'ont pas beaucoup avancé. La 21e session de la Conférence des chefs d'Etats et de gouvernements des pays membres de l'Union africaine (UA) qui se tient, depuis dimanche dernier, à Addis-Abeba, en apporte la preuve. 13 ans après avoir fondé l'Union africaine, les dirigeants africains en sont encore à réaffirmer leur engagement au panafricanisme, leur aspiration à une plus grande unité et leur détermination à bâtir une Afrique intégrée, prospère et en paix où l'égalité entre hommes et femmes ainsi que l'union des peuples seront une réalité. «La principale responsabilité des générations actuelles et futures d'Africains est de créer un continent débarrassé de la pauvreté et des conflits et une Afrique dont les citoyens auraient des revenus moyens», dira le Premier ministre éthiopien, président en exercice de l'UA, Hailemariam Dessalegn. Est-ce du réalisme politique que de limiter le développement du continent à la garantie de revenus moyens aux Africains, alors que les indicateurs sur la santé, l'éducation, la mortalité infantile, la croissance économique et la gouvernance montrent qu'au cours des cinquante dernières années, l'Afrique a enregistré des résultats plus que satisfaisants. Le Fonds monétaire international (FMI) a même estimé que certains pays connaissent des croissances économiques parmi les plus rapides au monde, et le continent a attiré, ces dernières années, d'importants niveaux d'investissements. Paradoxalement, les douze pays les moins développés du monde sont en Afrique, selon l'Indice de développement humain (IDH) des Nations unies, et 25 pays sur les 26 pays en queue du classement sont africains.
L'équité et le panafricanisme ne sont que discours.

Un constat déplorable et des perspectives
Ce constat contrasté est confirmé dans le dernier rapport sur les progrès en Afrique de l'Africa progress panel (APP) qui note que si des progrès fulgurants ont été accomplis en une décennie dans de nombreux pays d'Afrique, générant des taux de croissance impressionnants, l'exploitation, la surexploitation des fois, des ressources naturelles qui a contribué à cette croissance économique rapide, n'a rien apporté aux Africains.
Au contraire, les revenus issus de ces ressources ont même creusé le fossé entre les riches et les pauvres et n'ont pas apporté les améliorations attendues dans différents domaines dont la santé, l'éducation et la nutrition.
La voie à suivre pour inverser la tendance est connue. Les décideurs africains doivent réinvestir les recettes tirées des ressources naturelles pour créer des emplois, améliorer la vie des populations et générer de nouvelles opportunités pour les millions d'individus des générations actuelles et futures. Autrement, ces ressources serviront à alimenter une croissance sans emplois, laissant les inégalités s'installer, avec tous les risques d'explosions, qui ne feraient que compromettre les «avancées» accomplies.
L'APP est convaincu que l'Afrique peut mieux gérer et exploiter ses vastes richesses en ressources naturelles pour améliorer la vie de ses populations. Cette bonne gestion passe évidemment par une bonne gouvernance. L'évasion et les exonérations fiscales, la corruption et une faible gouvernance sont parmi les défis majeurs que les gouvernements africains devront relever. Car, les pertes subies par le continent africain sous la forme de sorties de capitaux illicites représentent deux fois plus que ce qu'elle reçoit en aide internationale, note le rapport.
Pour étayer son analyse, le rapport cite en détail cinq contrats conclus entre 2010 et 2012, «qui ont coûté à la République démocratique du Congo plus de 1,3 milliard de dollars de recettes en raison de la sous-évaluation des actifs et des ventes à des investisseurs étrangers. Cette somme représente le double du budget annuel alloué à la santé et à l'éducation dans un pays qui présente l'un des taux de mortalité infantile les plus élevés au monde et qui compte sept millions d'enfants déscolarisés». Le rapport précise que si les partenaires qui investissent dans les pays africains sont différents, ils ont cependant les mêmes objectifs et intérêts, quel que soit le secteur ciblé : maximiser leurs profits, minimiser leurs investissements et néantiser les réinvestissements. Et cette stratégie perdurera tant que les gouvernants africains accorderont la priorité aux chiffres de la croissance économique, sans se soucier du développement de leurs pays et leurs populations, sur tous les plans.
Sur le plan politique, ce n'est guère meilleur. L'UA n'a pas fait beaucoup mieux que l'OUA. Elle a, certes, suspendu, condamné et sanctionné plusieurs Etats membres qui ont fait parler les armes pour changer de régime, mais elle a fermé les yeux sur les dépassements en matière de droits de l'Homme, libertés individuelles et transparence de scrutins chez certains de ses membres. Depuis cinquante ans, l'Afrique s'est tracée plusieurs fois des chemins vers le progrès, mais à chaque fois des barrières et des écueils y sont posés pour la maintenir dans une position d'infériorité et de dépendance. Avec l'UA, le cheminement ne risque pas de changer, même si les discours des partenaires diffèrent, conjoncture économique et politique oblige. Mais, pour la première fois, l'Afrique a des atouts dans son jeu qui lui permettent de dicter ses volontés et d'être maîtresse de sa destinée.
H. G.

«L'histoire de l'Afrique pour les 50 prochaines années s'écrit dès maintenant»
Dans un message à l'occasion de la Journée de l'Afrique, le 25 mai dernier, le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, écrit : «Cette année, la Journée de l'Afrique revêt une signification particulière car elle coïncide avec le cinquantième anniversaire de la création de l'Organisation de l'Unité africaine, première organisation régionale du continent et prédécesseur de l'Union africaine. En ce jour où l'Afrique rend hommage aux géants et aux visionnaires du XXe siècle qui ont œuvré à sa souveraineté et à son unité, nous formulons l'espoir que l'avenir du continent sera fait de prospérité et de paix. La dernière décennie a vu l'Afrique accomplir des progrès sans précédent. Le lancement, par l'Union africaine, du Nouveau Partenariat pour le développement de l'Afrique et du Mécanisme africain d'évaluation par les pairs a contribué pour beaucoup au succès des réformes économiques, sociales, politiques et institutionnelles. En réformant son architecture de paix et de sécurité, l'Union africaine s'est donné les moyens d'intervenir plus énergiquement pour prévenir, gérer et régler les conflits qui secouent l'Afrique. De nombreux pays s'efforcent aussi de dynamiser leur secteur privé. À l'heure où nous célébrons les succès de l'Afrique, nous n'oublions en rien les nombreux défis redoutables qui lui restent à surmonter, tels que les conflits, la dégradation de l'environnement ou le renforcement des infrastructures et des institutions, pour n'en citer que quelques-uns. Nous devons redoubler d'efforts pour atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement, qu'il s'agisse de santé maternelle ou de lutte contre le VIH/sida, et veiller à placer les besoins et les aspirations de l'Afrique au cœur des débats qui se tiendront sur le programme de développement pour l'après-2015. L'histoire du continent pour les cinquante prochaines années, et au-delà, s'écrit dès maintenant et l'ONU sera fière de continuer à travailler avec l'Union africaine et les peuples africains pour les aider à bâtir un continent rempli de promesses pour tous.»


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