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Les marchands de vieux livres toujours à leur place
Chaleur, jeûne, dominance des nouvelles technologies de l'information... mais ils résistent
Publié dans La Tribune le 19 - 07 - 2013


Par Karima Mokrani
A la Grande-Poste d'Alger, une foule bigarrée, comme d'habitude, continue, bon gré mal gré, de vaquer à ses occupations, en cette période bien chaude et difficile du Ramadhan. Des groupes d'hommes et de femmes s'engouffrent dans le métro. D'autres se massent autour des arrêts de bus et des stations de taxis. D'autres pressent le pas pour arriver à leur lieu de travail ou rentrer chez eux.

Etre bouquiniste, un travail empreint de passion
C'est toujours bien animé dans cet espace bien connu de tous. Un passage presque obligé pour les voyageurs et les travailleurs mais aussi une place bien chère aux nostalgiques des agréables senteurs qui s'y dégagent. Le bon vieux temps !
Jardin Khemisti. Verdoyant et assez bien aménagé malgré les agressions au quotidien perpétrées par des personnes qui se soucient peu de la bonne santé de leur environnement proche. Les marchands de vieux livres sont toujours là. Ces bouquinistes que l'on croyait oubliés et ignorés. Ils sont là dans leur coin habituel. Un petit couloir, à la fois couvert et ouvert mais bien protégé du soleil qui menace de dessécher ou de brûler leur peau. Les marchands de vieux livres se nichent dans la verdure. Ils ont choisi la bonne place.
La meilleure.
L'image ne date pas d'aujourd'hui. Elle remonte à plusieurs années. Toujours la même, avec parfois des visages et des expressions nouveaux. Ça parle d'Internet! Apparemment, du risque de voir disparaître le livre en papier pour céder la place définitivement au livre électronique. C'est normal, les temps ont changé, et, avec eux, les connaissances, les convictions et les comportements. Non, il n'y a pas de risque que les bouquinistes disparaissent. Ils aiment fort leur métier pour se décider un jour à le quitter. Les passionnés de lecture de vieux livres aussi. Le risque qu'Internet chamboule, de cette manière, les habitudes, n'est pas à prendre très au sérieux. Bien au contraire, toute la menace semble peser désormais sur ce travail de facilité, imposé par l'utilisation d'Internet. Mehdi, 29 ans, en est persuadé. «Je vais peut être vous étonner mais moi, je pense tout le contraire. C'est Internet qui risque de disparaître parce qu'il y a trop de conflits autour. On voit les dysfonctionnements actuels dans les systèmes informatiques. Une petite panne paralyse tout un réseau, toute une connexion. Peut être même tout un pays, toute une région du monde. Il y aura (si ce n'est déjà le cas), ce qu'on appelle une guerre chimi-électronique ou quelque chose du genre et les conséquences ne pourraient être que fâcheuses». Mehdi, deux licences (droit et économie), préconise le retour à l'utilisation du livre en papier : «J'ai plein de livres chez moi, je ne pourrais jamais m'en passer. J'achète de façon régulière et en quantité. J'aime lire et comprendre les choses. Je m'intéresse à tout, pas seulement à ce qui a trait à mon domaine». Le jeune homme travaille dans un tribunal à Alger. Il ne s'est pas vraiment fait une situation -il est encore dans le pré-emploi- mais ne désespère pas de voir les choses s'améliorer nettement en sa faveur. C'est un garçon très optimiste, positif et attaché à la vie. «Ça, je l'ai appris de mes livres, rien que pour cela, je ne les abandonnerai jamais», dit-il, avec un sourire charmant. Et Mehdi d'insister encore : «C'est vrai que sur Internet, il y a l'information en abondance et c'est justement cela le malheur des temps modernes. Trop d'informations à devoir assimiler en très peu de temps, ce n'est pas chose possible. On se perd alors devant cette masse d'infos, toutes éparpillées et l'on ne retient que très peu de choses. En revanche, quand on lit un livre en papier, on assimile mieux et on se souvient des moindres détails.» Mehdi achète son livre chez Rachid, la cinquantaine.

La lecture, un plaisir renouvelé
Les deux se connaissent depuis au moins dix ans. Rachid est catégorique : «C'est vrai que je ne gagne pas beaucoup de choses de ce que je fais mais je le fais avec un grand plaisir. C'est une grande passion pour moi de vendre mais aussi d'acheter du vieux livre. Ça a un charme particulier. Et contrairement à ce que vous pourriez peut-être penser, soyez sûre que les gens lisent. Ils lisent toujours et s'intéressent à tout. J'ai des clients fidèles de toutes les catégories, y compris les étudiantes.» Rachid avoue avoir un grand faible pour les étudiants : «Je ne vous cache pas, j'aime ces étudiants. Et je les aide beaucoup dans leur travail de recherche mais aussi la recherche d'eux-mêmes. Ils se cherchent en permanence et, dans leurs livres, ils considèrent le moindre détail qui pourrait les conduire vers une destination qui est la leur. Ils cherchent des questions à leurs réponses. Parfois, ils les trouvent. Parfois, ils ne les trouvent pas.» Rachid, à sa manière, guide ces garçons et ces filles, sans le vouloir pour ne pas les influencer «mais c'est comme ça. L'échange et les contacts servent à cela. Moi aussi, j'apprends beaucoup d'eux». Avant de s'installer au jardin Khemisti, à la Grande-Poste d'Alger, ce bouquiniste ne vendait que des cartes géographiques: «C'est très demandé. Parfois, je les ramène sur commande. Des cartes d'Alger, de l'Algérie et aussi les cartes du monde. Je ne faisais que cela. C'était à la rue Amirouche. Un ami m'a proposé cette idée de m'installer ici et de vendre, en plus des cartes, des vieux livres. J'ai demandé l'autorisation à l'APC d'Alger-centre et je l'ai eue.» L'APC encourage ce genre d'activité: «C'est une initiative de l'APC, après les bouquinistes. Elle encourage ce genre de choses. Pourvu que les gens retrouvent le plaisir de la lecture et perpétuent la bonne tradition.» Les bouquinistes ne paient rien comme taxe ou autre.
Moumène, 31 ans, biologiste de formation il travaille dans une pharmacie à Ben Aknoun : «Mon travail, dans la pharmacie, je le fais la nuit. Et comme j'ai du temps libre, je fais en sorte de bien l'investir et le fructifier. Je ne suis pas de ceux qui disent qu'on devrait tuer le temps parce que c'est le Ramadhan ou autre mais bien le rentabiliser.» Le jeune homme, fils d'un couple instruit, passionnés par la lecture et parfois l'écriture, assure que les lecteurs de vieux livres n'ont jamais disparu. «C'est le Ramadhan et les gens viennent quand même chercher leurs livres. Ils viennent régulièrement s'informer des nouveautés.»

Vendre et acheter, l'échange en continu
Nabil le confirme : «Parfois je trouve un livre intéressant mais je ne l'achète pas sur place parce que j'en ai déjà acheté d'autres ou que je n'ai pas assez d'argent. Je me dis alors, je vais le laisser pour un autre jour. Deux jours après, je reviens, je ne le trouve pas. Depuis, j'ai appris à tout prendre avec moi dès que je tombe sur des choses intéressantes. Et les livres intéressants, il y en a toujours. On trouve chez ces bouquinistes ce qu'on ne trouverait pas dans les librairies et même dans ces bibliothèques». En effet, les livres intéressants, il y en a et il y en aura toujours. Les bouquinistes ne manquent pas de provisions. «Une femme est venue une fois avec un carton bien chargé de bouquins. Des romans simples, des livres de médecine et de gros dictionnaires. J'avais trouvé des dictionnaires dont le prix dépasse facilement les 5 000 à 6 000 DA. Je lui ai dit que je les prendrais à 4 000 DA. Elle m'a demandé le total. Je le lui ai fait. Quand j'ai commencé à chercher dans ma petite caisse, elle m'a demandé si j'ai de la monnaie. Je lui ai dit oui et je la lui ai montrée. Elle s'est approchée de la petite caisse et a retirée juste une pièce de 1O DA. Je vous dis, 10 DA seulement pour un carton de livres d'une grande richesse», se souvient, enthousiaste, Rachid. Et le cas de cette dame n'en est pas le seul. «Nous vendons des bouquins mais nous aussi, nous achetons. Et plusieurs fois, grâce à Dieu, nous tombons sur des occasions exceptionnelles. Des gens nous ramènent leurs livres sans nous demander de payer un sou. L'essentiel pour eux est de nous voir transmettre la connaissance. Transmettre l'amour du livre, de la lecture et de la découverte.»
K. M.


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