Le nouvel exécutif, joint visiblement l'acte à la parole. La sécurisation des frontières et la lutte contre le terrorisme, la contrebande et le trafic de stupéfiants sont, désormais, au centre de l'action gouvernementale. L'instabilité chronique, qui affecte présentement de nombreux pays nord-africains (Tunisie, Egypte, Niger et Mauritanie) et la menace terroriste, très vive aux frontières avec la Libye et le Mali, mettent, en effet, l'Algérie devant une situation périlleuse. Le trafic de carburants, d'armes et de drogue, en connivence avérée avec la nébuleuse djihadiste, constitue l'autre source d'inquiétude. Afin de s'en prémunir, l'exécutif, au terme des récents remaniements qui ont touché de nombreuses institutions de l'Etat, a décidé, cette fois, de prendre le taureau par les cornes en adoptant une stratégie intégrée pour faire face à tous ces périls. Les hallaba, les fameux trafiquants de carburants actifs notamment aux frontières Est et Ouest, en sont avertis. Ils encourent jusqu'à dix ans de prison et de fortes amendes équivalent à 100 fois la valeur du carburant détourné. Le nouveau texte de lutte contre ce phénomène ravageur, adopté lors du dernier Conseil des ministres, se veut sans concession. Les gardes frontières et les douaniers sont déjà sur le qui-vive depuis des mois. Selon certaines sources, le volume annuel du trafic de carburants s'élèverait à plus d'un milliard de litres. Un pillage en règle qui génère des pertes se chiffrant en dizaines de milliards de dinars pour l'économie nationale. A la frontière Ouest, ce trafic entretient aussi l'introduction de fortes quantités de drogue en provenance du Maroc. Durant l'année 2012, les autorités compétentes ont saisi, à ce niveau, 157 tonnes de résines de cannabis. Au cours des 9 premiers mois de 2013, on est déjà à un cumul de 127 tonnes. Il s'agit d'un lourd contentieux qui envenime les relations algéro-marocaines. A la lumière du volume phénoménal des prises, on réalise immédiatement que les autorités marocaines ne font absolument rien, ou si peu, pour contrer le narcotrafic. Certaines mauvaises langues, de ce côté-ci de la frontière, estiment que le makhzen, le régime royal en place, serait derrière cette intoxication massive. A l'Est, les Tunisiens se montrent, en revanche, coopératifs dans la lutte antiterroriste et anti-contrebande, mais les services de sécurité veillent au grain. Cette collaboration existe aussi avec le Mali qui peine, cependant, à reprendre sérieusement le contrôle de la situation. La longue frontière avec la Libye est pareillement en alerte rouge. L'instabilité profonde, qui mine ce pays voisin, contraint l'armée nationale à prendre toutes ses dispositions. Le souvenir de l'attaque sanglante de Tiguentourine reste toujours vivace. La conjoncture actuelle impose à l'Algérie cet effort colossal pour se protéger et agir en faveur du retour à la stabilité. A moyen et long termes, l'implication des pays riverains dans ce combat salutaire serait indispensable. Ce à quoi s'attelle actuellement la diplomatie algérienne. Pour le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, l'Union des pays maghrébins (UMA) représente «un grand dessein, une grande espérance et un grand défi». Il se propose de déblayer le terrain à la concrétisation effective de ce vieux rêve. Dans le Sahel, le chef de la diplomatie algérienne prône la stabilité et le co-développement. «L'Algérie est l'exportateur net de la stabilité dans la région», a-t-il annoncé récemment au cours d'une conférence de presse. Cet appel à la coopération multilatérale et bilatérale devrait, normalement, intéresser tous les pays voisins, le Maroc en tête. Car, c'est le seul moyen à même de sauvegarder les intérêts vitaux des peuples de la région. Tôt ou tard, les régimes en place, le royaume du Maroc compris, se résigneront, de gré ou contraints, à cette évidence. K. A.