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L'élite universitaire attendra
Annaba
Publié dans La Tribune le 17 - 12 - 2008


Photo : Riad
De notre correspondant à Annaba
Mohamed Rahmani

L'université Badji Mokhtar de Annaba n'est plus ce qu'elle était, malgré la réorganisation, la multiplication de ses facultés et instituts et le budget colossal qui lui est consacré par le ministère de tutelle. En effet, d'un petit institut de technologie, fondé en 1975, avec quelques 4 000 étudiants, l'établissement a été propulsé au rang d'université qui, aujourd'hui, compte 7 facultés, 34 départements, 95 spécialités et 49 laboratoires de recherche. 1 700 professeurs encadrent 46 000 étudiants venus d'un peu partout et inscrits dans les
différents instituts. Avec ces chiffres, le pôle universitaire de Annaba, dont une partie est encore en construction, se place dans le peloton de tête des universités du pays.
L'université minée
Cette institution, supposée être un centre de rayonnement sur la société par le savoir et la connaissance qu'elle est censée dispenser, n'est aujourd'hui qu'un lieu où l'on attend patiemment son tour pour en sortir avec un semblant de diplôme qui, mis à l'épreuve et confronté à la réalité, s'avère très insuffisant, voire sans aucune valeur. L'ingénieur, le licencié ou le docteur en médecine n'a plus les qualifications d'antan et il devra réapprendre sur le terrain les rudiments de la profession pour pouvoir prétendre être ce que son titre lui confère. Cette situation, pour le moins insolite, est le résultat d'un ensemble de comportements qui n'ont rien à voir avec l'université mais qui, pourtant, sont érigés en véritable système où la compétence réelle vient au dernier rang, loin derrière ce qui est communément appelé «piston». En effet, l'honnêteté intellectuelle, la probité, le savoir, l'éthique et l'équité et la déontologie n'ont presque plus cours, ne sont plus des valeurs «sûres» et sont mises en veilleuse pour être supplantés par un clientélisme et un népotisme qui font des ravages dans les milieux universitaires. «L'élite», si l'on peut encore l'appeler ainsi, n'est en réalité qu'une catégorie d'étudiants, enfants de familles influentes ou aisées, qui a accès à tout avec la complicité «active» de certains responsables qui ne demandent qu'à servir pour être plus tard servis à leur tour. En fait d'élite, ce sont des diplômés qui ne maîtrisent rien dans leurs propres spécialités mais qui sont les premiers recrutés surtout dans les administrations et à l'université même, perpétuant ainsi le système de médiocrité ambiante. Un cercle vicieux dont les éléments sont entretenus pour durer et qui, à la longue, détruiront tout le système qui est régi par des lois et des réglementations censées en améliorer le rendement en développant la recherche et le savoir. Le système actuel ne peut pas et ne pourra pas former des élites, la gangrène s'est propagée et s'est diffusée pour atteindre presque tout. C'est à l'image de la société, nous confie un professeur, qui a préféré garder l'anonymat : «L'université ne peut pas être coupée de la réalité vécue dans notre pays ; aujourd'hui, c'est l'effet inverse qui se produit, alors que, normalement, c'est l'université qui doit influer sur la société et non le contraire.» Les maux et fléaux sociaux sont exportés vers l'université, la corruption, le harcèlement sexuel, l'islamisme radical et obscurantiste, les concours trafiqués, dont les résultats sont connus à l'avance, les fuites des sujets d'examen et autres notes remaniées sont monnaie courante. Il y a des professeurs intègres et sont très respectés par les étudiants parce qu'ils savent leur compétence et leur probité intellectuelle mais ceux-ci accèdent rarement aux postes de responsabilité et donc n'ont aucune forme de pouvoir pour changer les choses. C'est comme cela et pas autrement, il faudrait tout revoir mais ce n'est pas possible, peut-être qu'avec le temps, la situation s'améliorera et qu'une prise de conscience se fera parce que l'université, c'est l'avenir du pays, c'est elle qui forme l'élite de demain ! Dans les concours de magistère, desquels on écarte les diplômés dans certaines
spécialités qui ont dépassé les 35 ans, pour permettre à d'autres, moins compétents, de s'inscrire, les résultats sont toujours contestés et on déplore la mainmise de certains sur tout ce qui a trait à ce type d'examens ; les étudiants qui manifestent leur mécontentement et leur colère ne peuvent rien faire et sont contraints d'accepter cela pour repasser les mêmes épreuves une prochaine fois.
Des organisations politisées
Les organisations estudiantines, UGEL, UNEA LNEA, noyautées par les partis politiques, s'occupent beaucoup plus de politique que de revendications d'ordre pédagogique. Elles sont là pour exercer des pressions sur les responsables afin de les amener à accéder à leurs demandes ; la plupart mobilisent leurs adhérents à des fins inavouées. Les grèves à répétition sont décidées hors de l'enceinte universitaire pour être exécutées par la force, empêchant ceux qui n'y adhèrent pas de suivre les cours. En général, ces arrêts de cours sont l'œuvre d'étudiants islamistes, dont l'accoutrement et les comportements renseignent sur leur appartenance, qui manifestent pour l'amélioration des conditions socio-pédagogiques, contre tel ou tel enseignant, (jamais contre un enseignant islamiste) parce que les notes affichées ne sont pas celles qu'on attend et on obtient facilement gain de cause au détriment de la réglementation. Cela encourage les passe-droits et le non-respect de ce qui est établi depuis des décennies. Les agressions contre les enseignants se multiplient, surtout à l'extérieur de l'université ; ce sont des inconnus, certainement des proches d'étudiants recalés, qui s'attaquent à eux et disparaissent dans la nature. Les intimidations et les appels téléphoniques anonymes ne sont pas pour rassurer les enseignants qui sont soumis à toutes sortes de pressions. «J'ai été agressée par deux jeunes gens dans la rue, en plein jour, à Sidi Amar, au lendemain de la remise des notes, nous confie une enseignante, et depuis ce jour-là, j'ai peur à chaque fois en affichant les résultats. Cela devient insupportable, les étudiants veulent avoir de bonnes notes sans travailler pour se hisser au niveau requis et cela est vérifiable au niveau de tous les instituts.»
La violence nourrie
La violence au sein de l'université va de l'intimidation à l'insulte, en passant par les menaces verbales et aboutit souvent à l'agression, qui touche en particulier les femmes professeurs et parfois les hommes. Cette violence qui s'est infiltrée et incrustée dans le milieu universitaire a fait de ce temple du savoir un lieu d'affrontements, le plus souvent au moyen de la barre de fer, du gourdin ou du couteau, en remplacement du livre et du micro-ordinateur. Le comble a été atteint le 18 octobre dernier, lorsqu'un professeur, chef de département, avait été assassiné par un étudiant dans son propre bureau à l'université de Mostaganem. A Annaba, la situation est tout aussi explosive et l'on craint que cela n'aboutisse, un jour ou l'autre, à un drame similaire. Communiqués, déclarations et autres condamnations ne peuvent à eux seuls inverser le processus ; il faudrait que toute la communauté universitaire adhère au principe de non-violence, selon lequel étudiants et professeurs doivent se concerter pour mieux se comprendre et ce, dans l'intérêt de tous.


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