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EN : Les astuces des héros de Gijon
Publié dans Le Buteur le 04 - 05 - 2010

"Interrogés sur l'état d'esprit qui régnait dans ce groupe de l'EN avant d'aborder ce duel inoubliable gagné contre l'Allemagne, et de la manière avec laquelle ils avaient préparé cette rencontre."
Après une éclipse qui aura duré plus de 24 ans, l'Algérie est revenue par la grande porte sur la scène internationale. Sa qualification au prochain Mondial 2010, arrachée avec panache au prix d'une victoire héroïque obtenue contre le futur triple champion d'Afrique égyptien à Oum Dourmane le 18 novembre dernier, a constitué l'un des événements majeurs de l'année 2009. Cependant, comme lors de ses deux précédentes participations, l'Algérie n'a pas été épargnée par le tirage au sort même si d'aucuns affirment que le groupe C, qui comporte l'Angleterre, la Slovénie et les USA, reste abordable. En effet, après avoir hérité de l'ogre allemand en 82 et des magiciens brésiliens en 86, cet été, les Fennecs seront appelés à défier les Anglais de Fabio Capello. Un état de fait qui nous fait rappeler l'exploit d'une génération de joueurs doués qui ont infligé à la RFA de Schumacher, Breitner, Karl-Heinz Rummenigge, Pierre Littbarski, Felix Magath et d'autres vedettes, un certain mois de juillet 82, à Gijon, une raclée. C'est pourquoi nous avons jugé utile de faire parler certains cadres de cette époque à propos de l'état d'esprit qui régnait à la veille de cet inoubliable match gagné contre les champions d'Europe, histoire de connaître le secret de cette réussite et aussi recueillir leurs avis sur ce rendez-vous historique attendu avec impatience que la sélection algérienne jouera face à l'Angleterre et son armada de vedettes de le Premier League.
Une bonne préparation, la clé de la réussite
Interrogés sur l'état d'esprit qui régnait dans ce groupe de l'EN avant d'aborder ce duel inoubliable gagné contre l'Allemagne, et de la manière avec laquelle ils avaient préparé cette rencontre, d'aucuns des anciens joueurs ont insisté sur l'importance d'une bonne préparation avant d'entamer ce Mondial qu'on présente comme celui de toutes les espérances pour l'Algérie. Les avis sont partagés sur la nature de cette préparation, mais ils étaient unanimes à soutenir que la programmation d'un maximum de matchs amicaux est sans conteste l'une des clés de la réussite.
Ne pas surestimer l'adversaire
D'autre part, les ex-internationaux qui ont participé à cet exploit ont aussi mis l'accent sur l'importance de ne pas trop surestimer l'adversaire quel que soit son statut. «Sérénité et lucidité», ce sont les deux mots répétés par pratiquement l'ensemble des anciens joueurs interrogés, histoire de ne pas trop se mettre la pression même si en face il s'agit de l'Angleterre de Steven Gérard, Franck Lampard et Wayne Rooney.
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Kourichi : «Ne pas trop surestimer les Anglais»
L'ancien défenseur central de l'équipe nationale, Noredine Kourichi, revient sur cette grosse prouesse réalisée contre l'Allemagne. L'homme qui avait muselé l'ex-buteur allemand, Horst Hrubesch, conseille aux camarades de Karim Ziani de ne pas trop penser à ce match contre les Anglais avant de l'avoir joué : «Avant ce match contre l'Allemagne, il régnait une sérénité totale dans le groupe même si en face de nous il y avait les champions d'Europe en titre. Cette confiance provenait de notre excellente préparation effectuée en France, durant laquelle on avait disputé une multitude de rencontres amicales face à des équipes de classe mondiale. Le match référence, c'était celui qu'on avait livré contre le Pérou où on avait atteint un niveau de jeu très conséquent. C'est vrai que c'était impressionnant pour nous le fait de jouer une équipe invaincue pendant quatre ans, mais on est restés concentrés sur notre manière d'évoluer. Maintenant en ce qui concerne cette rencontre que la sélection algérienne jouera contre l'Angleterre, je dirai que nos capés doivent bien profiter de cette préparation qu'ils vont réaliser en Suisse afin d'être prêts le jour J, pas un mois avant ni quelques jours après. Ils doivent être eux-mêmes et chercher à jouer leur jeu sans trop se soucier de l'adversaire. Cela dit, avant ce rendez-vous contre les Anglais, il y a une étape que je considère comme la plus importante, il s'agit de ce duel qu'on jouera face à la Slovénie. Je pense que tout repose sur une bonne production face aux Slovènes. Si on bat cette équipe, face à l'Angleterre on sera mieux armés mentalement.»
Mansouri : «Etre soi-même, c'est important»
Tout comme ses autres anciens coéquipiers en équipe nationale, l'arrière gauche de la sélection nationale algérienne, Mansouri Faouzi, explique que l'excellente préparation effectuée sous la houlette du duo Khalef-Mekhloufi était le gage de réussite contre les Allemands. L'ex-joueur de Nîmes et de Montpellier précise toutefois qu'il est inutile de trop focaliser sur l'Angleterre au risque d'oublier l'essentiel, à savoir la qualification au second tour qui passe par une bonne réplique face à la Slovénie et les Etats-Unis d'Amérique : «Je dois d'emblée dire que notre force résidait dans notre richesse d'effectif que ça soit sur le plan qualitatif ou quantitatif. On a aussi bénéficié d'une bonne préparation d'avant-Mondial où on avait donné la réplique à des équipes très fortes, comme l'Irlande, le Real Madrid et le Pérou qui avait tenu en respect l'équipe de France à Paris quelques jours auparavant. On avait certes des appréhensions avant d'aborder ce duel face à la RFA qui restait sur une interminable série sans défaite, et qui était aussi championne d'Europe en titre mais on n'a jamais douté de nos capacités. On savait qu'avec notre façon de jouer propre à nous, on avait la possibilité de les embêter et on leur a causé pas mal de problèmes. Si j'ai un conseil à donner à cette génération qui va nous représenter en Afrique du Sud, c'est de jouer notre football, sans trop focaliser sur l'Angleterre uniquement. C'est vrai que lorsqu'on joue les Anglais, on est anxieux et excités, mais il ne faut pas perdre de vue qu'on a aussi deux adversaires qu'il faudra jouer pour espérer aller au second tour du Mondial, chose qui reste jouable à mon sens. Etre soi-même, c'est important dans des matchs pareils. Je rajoute que contrairement à notre époque, on constate qu'il y a trop de joueurs qui n'évoluent souvent pas au sein de leurs clubs respectifs et d'autres qui sont blessés, ce qui rend la mission difficile, mais si on arrive à bien récupérer ce déficit lors du dernier stage de préparation, le coup reste jouable.»
Madjer : «Cette équipe pourrait rééditer l'exploit face aux Anglais»
Pour Rabah Madjer, l'esprit de solidarité sans faille qui caractérisait le groupe de l'EN en 1982 était la source de tous les succès. L'ex-champion d'Europe avec le FC Porto affiche son optimisme quant aux chances des camarades de Bougherra dans ce duel historique qui attend l'équipe nationale algérienne face aux Anglais dans ce premier tour de Coupe du monde : «Il faut d'abord se mettre d'accord qu'à cette époque il y avait un tas d'indices qui montraient que nous étions bien capables de créer la sensation en Espagne et plus particulièrement face à l'Allemagne. On a bénéficié d'une préparation de niveau. Il y avait un état d'esprit fraternel entre l'ensemble des joueurs. Il est vrai que cette équipe allemande faisait peur à tout le monde, mais nous, on ne voyait pas ce géant du football du même angle. Je ne vais pas jusqu'à dire que nous n'avons pas eu des appréhensions par rapport au statut de cette équipe championne d'Europe, constituée essentiellement de grands joueurs qui évoluaient dans les plus grands clubs européens, mais au fil des minutes, on a repris confiance. Après avoir entamé ce duel un peu la peur au ventre, on a cru en nos chances et on s'est dit qu'il y avait de la place pour mettre cette grande nation en difficulté, et c'est ce qui s'est passé avec cette retentissante victoire méritée. Concernant ce match face aux Anglais que l'Algérie disputera au mois de juin prochain, je dois vous rappeler que je me suis abstenu d'émettre le moindre commentaire au sujet de la sélection pour qu'on n'interprète pas de travers mes propos. Puisque vous abordez le match d'Angleterre, je vais donner mon avis en tant que supporter algérien. Je peux vous dire que je suis très optimiste quant à une belle production de nos joueurs face aux stars de la sélection anglaise. La mission s'annonce difficile, mais notre confiance est grande en nos internationaux.»
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Assad : «Mettre de côté tous les soucis extrasportifs»
L'ancienne perle du football algérien, Salah Assad, nous a fait rappeler ces moments vécus avant ce fameux match Algérie-Allemagne où les Algériens avaient donné une leçon d'abnégation et de réalisme aux géants Allemands de la RFA de Jupp Derwall. Le rouquin, qui a fait de la louche sa marque déposée, estime que les joueurs actuels doivent d'abord évacuer tous leurs problèmes de leur tête pour rester concentrés sur ce duel et bien entendu sur l'ensemble des matchs du groupe : «Je ne vous apprends rien si je vous dis qu'un match de cette importance suscite toujours un intérêt particulier chez les joueurs. Plusieurs questions traversaient notre esprit. L'appréhension avant un duel aussi attendu est instinctive. La peur de se faire ridiculiser aussi nous poussait à puiser au fond de nous-mêmes pour rester concentrés sur ce match et éviter le naufrage. La Coupe du monde est le rêve de tout joueur, et cela va sans dire que la motivation dans ce genre d'événement planétaire vient d'elle-même. D'autre part, la préparation d'avant-Mondial a été à la hauteur sur tous les plans. Avant cette Coupe du monde, plusieurs d'entre nous avaient déjà affronté des grandes nations du football en équipe nationale militaire. C'était en 1979. Pour le match d'Angleterre, les joueurs algériens doivent mettre de côté tous leurs soucis. Ils doivent oublier qu'ils étaient blessés ou qu'ils manquaient de compétition et rester concentrés totalement sur la préparation qui sera déterminante pour une bonne représentation lors de ce prochain Mondial. Le problème des primes doit être aussi réglé avant l'entame du premier match, car cela peut aussi provoquer une déconcentration dans le groupe.»
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Belloumi : «Jouer sans calculs sera la clé du match»
L'un des artisans de la victoire de l'Algérie face à l'Allemagne au Mondial de 1982, Lakhdar Belloumi, estime qu'en football tout reste possible et que les Verts peuvent créer la sensation et battre la redoutable formation anglaise, s'ils appliquent les règles du football algérien, et jouent libérés. «En 1982, les choses étaient différentes par rapport à maintenant. On a préparé ce match face à la RFA dans la sérénité et sans trop de calculs. On respectait certes l'adversaire, mais on n'avait nullement peur de lui. Tout le monde nous donnait perdants lors de cette confrontation et cela nous avait avantagés finalement. Les Allemands étaient intraitables et difficiles à manier, mais cela ne nous a pas empêchés de les battre et de créer la grande surprise du tournoi. Ce qu'il faut savoir, c'est qu'avant cette Coupe du monde, on avait disputé plusieurs rencontres amicales de très haut niveau, qui nous ont permis d'être prêts le jour J et surtout de ne pas jouer avec la peur au ventre. Maintenant pour ce match face à l'Angleterre, je dirai que les choses vont être encore plus difficiles, car, contrairement à notre époque, l'entraineur anglais, en l'occurrence Capello, sait tout de l'Algérie et semble prendre très au sérieux notre sélection, en témoigne ses différentes déclarations à ce propos aux médias. Ce que je peux dire à nos joueurs pour ce match, c'est de jouer sans complexe et ne pas trop surestimer l'adversaire. On doit jouer en bloc et profiter des espaces que pourront nous laisser les Anglais pour essayer de leur marquer si possible un ou plusieurs buts et les faire douter. Jouons le football algérien, basé sur les petites passes, les combinaisons et les dédoublements et tout se passera bien, Inch'Allah.»
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Merzekane : «Face à l'Angleterre, on doit penser à jouer notre football avant tout»
L'ancien arrière droit de l'EN, Chaâbane Merzekane, préfère être réaliste. Il pense que les temps ont changé et qu'il n'y a pas lieu de comparer l'époque de 1982 à celle d'aujourd'hui. Pour lui, le football mondial a évolué et estime qu'avant de penser à l'Angleterre, il vaudra mieux se focaliser sur la Slovénie qui risque bien de nous poser d'énormes problèmes. «Avant d'aborder le Mondial de 1982 et affronter cette équipe de l'Allemagne, il faut que vous sachiez que nous avions accompli une préparation longue et très dense, ponctuée par plusieurs rencontres amicales disputées face à des formations de très haut niveau (Irlande, Pérou et le Real de Madrid). Nous étions en jambes et bien prêts à défier n'importe quelle équipe. On avait fait aussi une préparation pour les trois matchs du groupe et pas seulement pour la rencontre face à la RFA et tout le monde s'accordait à dire qu'on méritait de passer au second tour, mais malheureusement tout le monde connaît l'histoire. Avant de penser à ce match contre les Anglais, il faudra avant tout bien négocier le match face aux Slovènes. Si on fait une bonne entrée dans la compétition, on sera mis plus en confiance face aux Anglais et surtout sans trop de pression.
Ça sera un avantage considérable. Un conseil que je peux donner aux joueurs, c'est de ne pas se soucier des joueurs adverses et de ne penser qu'à eux-mêmes. Nous devons jouer notre jeu habituel et ne pas se compliquer l'existence.»
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Guendouz : «Tout dépendra du résultat face à la Slovénie»
Pour l'ex-défenseur des années 1980, Mahmoud Guendouz, l'exploit réalisé par l'Algérie devant l'Allemagne lors du Mondial espagnol n'était nullement dû au hasard. Il rappelle que son équipe s'était bien préparée en conséquence, en disputant plusieurs matchs amicaux qui lui ont beaucoup servi : «Notre force, à notre époque, résidait dans la sérénité que dégageait notre groupe. On était presque tout le temps en confiance avant d'aborder nos matchs. Certes, on avait réussi à battre la grande équipe de la RFA, mais ça n'était pas venu comme ça. C'était le fruit d'un long travail de plusieurs années, qu'on a su comment concrétiser sous les yeux du monde entier. Avant cette Coupe du monde en Espagne, nous avions réalisé un parcours sans faute au cours des éliminatoires. Cela nous a rendu encore plus forts et nous a motivés un peu plus. On voulait créer l'exploit et Dieu merci on l'a réalisé. Pour revenir à ce match qui attend l'actuelle sélection nationale face à l'Angleterre, je dirai que le mieux pour nous serait de se focaliser sur ce premier match face à la Slovénie. Il est primordial pour nous de bien débuter la compétition, et penser après aux Anglais. Je reste persuadé que si on fait un bon résultat lors de ce premier match, on fera sensation face aux hommes de Capello. On devra être vigilants et penser à remporter les duels si on veut s'en sortir face aux coéquipiers de Rooney.»
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Cerbah : «Les joueurs devront se montrer forts de caractère»
Le keeper de la sélection algérienne lors du Mondial 1982, Mehdi Cerbah, pense que la clé du match face à l'Angleterre réside dans la force de caractère que devront avoir nos joueurs. Il faudra se montrer costauds et forts mentalement : «En 82, notre équipe était prête et ne manquait presque de rien. On n'avait pas du tout de problème de cohésion, vu qu'on jouait ensemble depuis plusieurs années. On avait aussi disputé plusieurs matchs amicaux face à de grandes équipes, ce qui nous a permis d'acquérir une certaine expérience et une confiance en soi qui nous a énormément servis pour notre match face à l'Allemagne. Avec les nouvelles lois de la FIFA, il n'est plus possible de jouer autant de matchs amicaux qu'avant. Il faut attendre les dates FIFA et ça ce n'est pas pour arranger les affaires d'un sélectionneur. Le match face à l'Angleterre constitue une partie très difficile pour nos joueurs. Ça sera à eux de prouver leur mérite et de mettre le paquet pour créer l'exploit. Ils devront aussi se montrer forts mentalement et ne pas avoir peur de l'adversaire. Rien n'est acquis à l'avance dans le football et personne ne peut prédire un résultat avant que le match ne soit disputé.»


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