«Après le mauvais souvenir de Marrakech, j'estime avoir pris ma revanche sur le sort» Remarquable au milieu de terrain puis comme arrière droit face à la Libye, la polyvalence de Mehdi Mostefa Sbaâ aura été précieuse dans la construction de ce succès ramené de Casablanca qui vient, au risque de le répéter, placer les Verts dans un meilleur couloir que leur adversaire dans ce match retour, décisif pour une qualification à la prochaine CAN 2013. Mehdi, que nous avons pu joindre au téléphone, revient sur les événements malheureux qui ont émaillé la fin du match Libye-Algérie du 9 septembre dernier. Le sociétaire de l'AC Ajaccio affirme que les Libyens ont été catastrophiques au niveau de leur comportement et appelle les supporteurs des Verts à faire preuve d'intelligence pour ne pas dévier de l'objectif tracé. Quel est votre sentiment après la victoire arrachée contre la Libye à Casablanca ? Je dois d'abord dire que c'est une victoire acquise dans la souffrance, ce qui rend notre mérite plus grand. Ça n'a pas été un match facile comme l'ont imaginé certains. En tout cas, on s'est bien préparés sur le plan psychologique et technique pour ce match, bien sûr, en tâchant de respecter à la lettre les consignes du coach. Pour répondre à votre question, je dirais que c'est toujours une fierté de rendre tant de supporteurs heureux. On est donc contents. Après ce succès, la qualification n'est plus loin, est-ce votre avis ? C'est vrai que le but marqué à l'extérieur nous donne un avantage psychologique avant le match retour, mais rien n'est fait, on a accompli la moitié du travail et il faudra ne rien lâcher face à ces Libyens et sortir un autre gros match retour pour se qualifier. Avant de parler du match retour, on aimerait revenir un peu sur les incidents qui ont émaillé la fin du match contre la Libye, qu'est-ce qui s'est passé réellement ? D'abord, il est important de préciser déjà que dès le début du match, les Libyens n'ont pas eu un comportement sportif sur le terrain. C'est vrai que le football est un sport de contacts, moi-même je suis un joueur de caractère comme la majorité de mes camarades en sélection, mais ce que nous avons vécu face à la Libye sort carrément du cadre du football. Pouvez-vous revenir sur ce qui s'est exactement passé d'abord sur le terrain ? Ils ont usé de provocations de toutes sortes. Les insultes ont fusé dès le coup d'envoi du match. A chaque coup de pied arrêté, par exemple, ils nous assénaient des coups de coude. Ils nous crachaient dessus mais nous étions préparés à ça. On n'a pas répondu jusqu'à cette fin de match houleuse que tout le monde a vu. Et si on revenait sur ces événements de fin de rencontre ? A la fin du match je me suis dirigé vers un joueur libyen pour lui serrer la main, et soudain j'ai vu que tout le monde courrait dans tous les sens. Ma première réaction était d'aller calmer mes camarades puis lorsque j'ai vu Rafik Djebbour au milieu de cinq ou six joueurs libyens, je suis allé en courant pour essayer de le leur arracher des mains. Après, tout le monde est intervenu, pour tenter de ramener le calme et éviter l'irréparable. Maintenant on passe au match retour, n'avez-vous pas des appréhensions par rapport à ce qui s'est passé à Casablanca ? Ecoutez, ce match retour aura lieu à la maison, donc, je n'ai aucune appréhension. Après, sur le terrain, il faudra absolument rester concentrés et oublier ce qui s'est passé à Casablanca. Si on arrive à s'appliquer et surtout éviter de répondre à leurs provocations, comme on l'a fait au match aller, je pense qu'il n'y aura aucun souci à se faire, incha Allah. A nous de ne pas tomber dans leur jeu, parce qu'on est plus près de la qualification. Vous avez été aligné comme milieu récupérateur, un poste inhabituel pour vous en sélection, le coach Halilhodzic vous a-t-il dit que vous alliez occuper ce rôle contre la Libye ? Non, il ne me l'avait pas dit directement, mais il me le faisait sentir au cours des séances d'entraînement de la semaine, donc le jour du match je n'étais pas surpris de jouer dans ce poste. Surtout que c'est votre poste de prédilection à Ajaccio... C'est absolument ça. C'est vrai que je peux jouer aisément comme arrière droit, mais c'est au milieu de terrain que je suis le plus à l'aise. C'est la première fois que vous évoluez à ce poste avec Guedioura et Lacen, ça s'est passé comment ? Très bien, même s'il reste encore certains aspects à perfectionner. Après, comme vous le savez, j'ai déjà évolué avec Mehdi Lacen au milieu il y a quelques années à l'AS Valence (club français), donc on s'est vite retrouvés sur le terrain. Je dirais que dans l'ensemble ça s'est pas mal passé. Lorsque vous avez su que vous allez être associé à Lacen, vous vous êtes parlé entre vous ? Oui, on a beaucoup plus parlé de ce match. Et puis Lacen, c'est notre vice-capitaine. Il a une mission bien précise à assumer avec tout le monde. Certains vous trouvent très agressif, arguant du fait que vous écopez de beaucoup de cartons en championnat de France... Si on regarde les vidéos, on s'aperçoit que parfois je suis sanctionné pour des gestes vraiment anodins, comme ce carton rouge que j'ai pris contre le PSG. C'est vrai que la faute parait évidente, mais je n'avais aucune intention de faire mal et je n'ai même pas touché le joueur. Mais bon, c'est mon tempérament, je suis un joueur qui accroche et qui aime les duels. Pour ce match retour, quelle sera la meilleure stratégie pour assurer le billet qualificatif à la CAN ? Je pense que vu la philosophie du coach, qui me plait et qui plait, d'ailleurs, à tous les joueurs de l'EN, on va les attaquer et continuer à aller les chercher et les empêcher de jouer. A nous d'imposer notre manière de jouer. Contrairement au match perdu à Marrakech, cette fois-ci vous avez rendu le public heureux après cette victoire, avez-vous pensé à cette débâcle ? En fin de rencontre oui, j'ai eu une petite pensée. C'est, en effet, une revanche personnelle pour moi parce que cette débâcle de Marrakech m'est restée en travers de la gorge. Après, on m'a critiqué, on a même annoncé mon éviction mais c'est le football, il faut l'accepter et penser toujours au match d'après. J'ai rencontré quelques supporteurs des Verts à l'aéroport de Casablanca et, franchement, ça m'a touché de constater qu'ils ont aimé ma prestation. Encore un match complet à Ajaccio, où vous êtes titulaire, c'est l'année de la confirmation ? C'est ma deuxième année en Ligue 1, et on dit que la seconde saison est toujours plus difficile pour un joueur professionnel, donc je dois m'accrocher pour préserver ma place et progresser pour atteindre un certain niveau. On a joué Lyon, on va jouer Bordeaux et c'est dans des matchs pareils qu'on peut se mesurer réellement, à moi de faire mieux que l'année dernière. Vous avez enregistré l'arrivée d'une star mondiale à Ajaccio, en l'occurrence Adrian Mutu, vous le trouvez comment au sein de votre groupe ? C'est quelqu'un d'admirable. Très gentil et proche de ses partenaires. A l'entraînement on sent que devant les buts, c'est quelqu'un de métier. Avec un joueur de sa trempe, Ajaccio prendra de l'envergure. Jouer la CAN 2013, cela représente quoi pour vous ? C'est plus qu'un rêve. C'est une grande compétition. J'ai des amis qui m'ont parlé de la CAN et, franchement, j'ai hâte d'y être. Ça va être pour moi le premier grand événement footballistique et un grand moment de ma carrière. Pour terminer, quel conseil donnez-vous au public algérien avant ce match retour ? Je lui demande de continuer à nous supporter. Le public algérien aime le foot, et je sais qu'il accueillera les Libyens comme il se doit. Si vous permettez, je voudrais passer un petit coucou à travers Le Buteur à mes cousins et ma famille à Mostaganem et Mazouna. Je voudrais les remercier pour leur soutien et de même pour toute l'Algérie.
