«J'ai été blessé alors que j'allais être titularisé face à Udinese.» Blessé lors d'un entraînement de l'AC Milan, il y a un mois et demi, Djamel Mesbah est à présent guéri et s'apprête à reprendre le travail avec ses coéquipiers. C'est une bonne nouvelle pour Vahid Halilhodzic, préoccupé par la cascade de blessures qui frappe la sélection nationale. Il nous en parle, tout comme il parle du tirage au sort de la CAN-2013 qui a placé l'Algérie dans un groupe relevé, la poule D, où se trouvent la Côte d'Ivoire, la Tunisie et le Togo. Vous avez pris connaissance des résultats du tirage au sort de la phase finale de la CAN-2013, lequel, selon les observateurs, n'a pas favorisé l'Algérie en la faisant tomber dans le groupe de la Côte d'Ivoire, de la Tunisie et du Togo. Avec du recul, quelle analyse faîtes-vous de ce groupe ? C'est vrai, a priori, c'est un groupe qui paraît difficile, avec de grandes équipes au niveau africain. Cependant, je pense que l'Algérie a toutes ses chances. Elle a une sélection qui n'a rien à envier à personne. Cela dit, je pense que le premier match face à la Tunisie sera très important et même déterminant pour la suite. La Tunisie, vous connaissez, puisque vous l'avez battue en match amical il y a un an. Pensez-vous qu'elle est prenable, même si le contexte est différent ? L'année dernière, c'était un match amical, même si les derbies face à la Tunisie ont toujours été intenses et n'ont jamais eu le cachet de rencontres amicales. Après, c'est sûr que ça va être un match très équilibré, car la Tunisie possède des joueurs très intéressants. Cela donnera lieu à un match équilibré et difficile. Cependant, si nous continuons sur la lancée de ce que nous avons vu depuis une année au niveau du jeu et du collectif, si nous serons rôdés tous ensemble, je ne pense pas que nous trouverons trop de difficultés. Les Tunisiens sont presque d'égale valeur par rapport aux Algériens. Il nous faudra prouver que nous sommes meilleurs. Il ne faudra pas oublier le Togo qui a, quand même, éliminé le Gabon et qui est aussi une bonne équipe. Il faudra faire attention à tout le monde, quoi ! Quant à la Côte d'Ivoire, il faudra l'aborder de manière tranquille en lui donnant sa juste valeur : ni la voir trop petite ni en faire une équipe trop grande. Justement, tout le monde semble appréhender ce match face à la Côte d'Ivoire, estimant que c'est un adversaire d'un autre calibre que l'Algérie. Selon vous, cette équipe est-elle imbattable ? C'est clair que la Côte d'Ivoire possède des joueurs de haut niveau : Drogba, Yaya Touré et tous les autres. Mais il ne faut pas oublier que l'Algérie avait battu cette même équipe en quarts de finale de la Coupe d'Afrique des nations. Sur le papier, les Ivoiriens partent favoris et ils font peur, mais un match de football n'est jamais gagné d'avance. Nous jouerons notre chance à fond. Vous n'étiez pas encore en sélection lors de cette victoire face à la Côte d'Ivoire lors de la CAN-2010. Où étiez-vous ce jour-là ? J'ai regardé le match à la maison, à Lecce. Je pense que c'était l'un des meilleurs matches de football d'une sélection algérienne. Battre la Côte-d'Ivoire avec l'art et la manière, il fallait le faire. D'ailleurs, je félicite les gars qui ont réalisé cette performance. On dit que les Ivoiriens sont très motivés pour prendre leur revanche sur l'Algérie, mais peut-on dire que des joueurs comme vous, qui n'avaient pas pris part à la victoire de la CAN-2010, seront tout aussi motivés, sinon plus, pour battre la Côte d'Ivoire ? Tout à fait. C'est clair qu'on ne peut qu'être motivés pour battre la Côte d'Ivoire, mais aussi pour réaliser une très belle Coupe d'Afrique des nations. Moi, je vous dis la vérité : affronter la Côte d'Ivoire, la Tunisie ou le Togo, c'est la même chose pour moi. Je ne donne pas plus d'importance à la Côte d'Ivoire par rapport aux autres. Pour commencer, je pense au premier match face à la Tunisie. Donc, vous partagez l'avis de ceux qui pensent qu'il ne faudra surtout pas louper le premier match, qui constitue la clef pour aller loin dans le tournoi... Absolument ! Dans ce genre de compétition, le premier match est déterminant. Quand tu perds le premier match, tu es obligé de gagner les deux autres et tu as plus de pression sur les épaules. Battre la Tunisie sera primordial pour la suite de la CAN, cela est clair. Quand on ambitionne d'aller loin dans la CAN, on est appelés à affronter les meilleurs. Ne pensez-vous pas que ce serait une erreur de vouloir choisir ses adversaires ? Bien sûr ! Nous avons la Côte d'Ivoire dans notre poule, mais c'est sûr que si nous passerons le premier tour, nous aurons d'autres grandes sélections sur notre chemin. Il est clair que l'objectif principal de l'Algérie est d'aller le plus loin possible. C'est vrai qu'il ne faudra pas avoir la prétention de dire que nous allons à la CAN pour la gagner. Non ! Ce sera surtout l'occasion de nous situer sur le plan africain et voir où nous en sommes vraiment au niveau du jeu que nous allons produire. Il faut le reconnaître : au niveau de la Coupe d'Afrique des nations, nos joueurs n'ont pas beaucoup d'expérience. C'est quelque chose de nouveau pour la plupart de nous. Il nous faudra aussi du cœur, et ce sera très important pour nous que la CAN se déroule de la meilleure des manières. Vous avez été déjà en Afrique du Sud, mais c'était à l'occasion d'une Coupe du monde. Là, vous y retournez pour une CAN, une compétition où vous avez des chances de vous illustrer et à laquelle vous avez contribué à vous qualifier. Est-ce en conquérant que vous allez y retourner ? Oui, bien sûr ! En 2010, j'avais débarqué en sélection nationale directement pour la Coupe du monde, sans avoir participé aux qualifications. C'était quelque chose d'exceptionnel. J'en profite pour remercier une nouvelle fois Saâdane pour la confiance qu'il a placée en moi. Là, en tant que protagoniste de la qualification, je peux dire que nous avons l'esprit conquérants. Personnellement, je tiens beaucoup à l'Equipe nationale et je veux réaliser une belle performance avec l'ensemble de mes coéquipiers. Je vais tout faire pour être en forme Inch'Allah, quand commencera la CAN. Vous avez évoqué Rabah Saâdane. Justement, ce dernier a déclaré que c'est mieux pour l'Algérie d'affronter de grandes équipes, car ses joueurs, au même titre que ses supporters, ont tendance à sous-estimer les petites équipes. Partagez-vous son avis ? Oui, je partage son avis. Il a tout à fait raison. Cela nous poussera à faire attention. Là, nous avons deux grandes équipes au premier tour, mais quoi qu'aurait été le tirage au sort, il faut se donner à fond pour sortir du premier tour. Donc, ça ne change pas grand-chose. Vous étiez absent du match retour face à la Libye à cause d'une blessure et vous avez été remplacé, à votre poste, par Liassine Cadamuro-Bentaïba. Un mot sur sa prestation ? Il a fait un bon match. Je ne suis pas surpris par ses qualités parce que, quand il était arrivé en sélection, il affichait une bonne qualité technique et de la finesse dans le jeu. J'étais sûr qu'il allait réussir un grand match, tout comme les autres. D'ailleurs, j'en profite pour le féliciter publiquement. Sur le flanc gauche, il y a vous, Cadamuro-Bentaïba et le jeune Benmoussa qui est prometteur. Nous remarquons aussi que Nadir Belhadj est en train d'effectuer une très grande saison avec Al Sadd, étant le meilleur passeur du championnat et celui qui donne les meilleurs ballons à son coéquipier Raul. Il a pris sa retraire internationale, mais ne pensez-vous pas que son apport aurait été utile, que ce soit comme doublure ou à un autre poste dans la sélection nationale ? J'ai beaucoup d'estime pour Nadir. Il a montré au club tout comme en sélection qu'il est l'un des meilleurs gauchers ayant évolué en Europe. C'est vraiment un super joueur et cela ne me surprend pas qu'il apporte beaucoup à son équipe, que ce soit par son apport offensif, la qualité de ses centres et ses aptitudes techniques. Il a fait le choix de prendre sa retraite et on ne peut que respecter son choix. Je lui souhaite de tout cœur beaucoup de succès avec son équipe, et je suis très content de ses performances actuelles. Vahid Halilhodzic veut compter sur les éléments d'expérience lors de la CAN-2013. Or, Hassan Yebda et Madjid Bougherra sont toujours blessés, Cadamuro-Bentaïba et Slimani se sont blessés à leur tour et vous-même, vous relevez d'une blessure. Vous concernant, pensez-vous être rétabli et compétitif pour l'Afrique du Sud ? Oui, je le serai Inch'Allah. Cela fait cinq semaines que je m'étais blessé. Là, je m'en suis remis et, mardi ou mercredi, je reprendrai l'entraînement collectif avec le groupe. Je suis quelqu'un de sérieux, je travaille beaucoup et ferai tout pour être compétitif. Certes, je manque actuellement de compétition, mais c'est à cause de ma blessure, je tiens à le préciser. Le coach de l'AC Milan compte sur moi. La preuve, j'allais être titularisé contre Udinese, mais je m'étais blessé justement la veille à l'entraînement. Mon manque de compétition est, donc, dû uniquement à ma blessure. Je ferai de mon mieux pour être au top physiquement. De plus, la sélection nationale effectuera un long stage de trois semaines, ce qui est susceptible de vous faire retrouver votre compétitivité... Oui, tout à fait. A l'AC Milan, je vais reprendre les entraînements et essayer de retrouver ma place dans l'équipe. Que le public algérien se rassure : je ne suis pas mort ! Je vais revenir fort, Inch'Allah. Vous allez commencer déjà par disputer un match amical contre la sélection de la Bosnie-Herzégovine. Que vous inspire ce match ? Déjà, ce sera un match particulier pour l'Algérie, car ce sera un match commémoratif du 50e anniversaire de l'indépendance. Il sera donc chargé de symboles. Sur le plan sportif, ce sera vraiment un très bon test face à une équipe technique qui regorge d'individualités. L'adversaire sera plus costaud que ceux que nous avons affrontés ces derniers temps, et notre prestation sera déterminante pour la suite de notre parcours. Voilà un vrai test ! J'ai vraiment hâte de jouer ce match.
