Le week-end universel attise toujours le débat au sein de la société algérienne. Après l'introduction du week-end, dit semi-universel, il reste que l'économie algérienne fonctionnera toujours avec un jour de moins par rapport à la norme internationale. Pour le patronat, cette mesure n'est qu'une étape vers le week-end univer-sel (samedi-dimanche) pour qu'enfin l'Algérie soit en totale harmonie avec ses principaux partenaires économiques. Les favorables à un week-end universel affirment que «le manque à gagner des institutions et des opérateurs locaux sera carrément aplani si l'Etat adopte les samedis et dimanches comme jours de repos semainiers». Pour les réfractaires, il faut prendre en compte l'aspect purement religieux : «les samedis et dimanches sont des jours de repos dominicaux respectivement pour les juifs et les chrétiens, alors que le vendredi est le jour du seigneur des musulmans. C'est inaliénable», tonnent-ils. Ceci dit, si l'adoption du week-end universel par les institutions et les entreprises financières est normal en raison des échanges commerciaux et de communication avec leurs coopérateurs à l'étranger, le choix des citoyens penchent vers un vendredi chômé. Interrogés, les citoyens ont répondu que «la primauté est à la religion». Pour rappel, depuis 1976, la fin de semaine allait du jeudi au vendredi. Cette situation de décalage avec les autres pays du monde, en général, et la rive nord de la Méditerranée et les pays du Maghreb, en particulier, a été, pendant plus de trois décennies, très préjudiciable pour les entreprises algériennes et surtout celles financières. A bien des égards, cette décision revenait chère à l'économie du pays de feu Houari Boumediene. En effet, trois jours seulement servaient à l'échange, notamment par téléphone, télécopie et mail. Coup de théâtre, le vendredi 14 août 2009, les autorités algériennes ont décidé de changer le week-end pour en adoptant la formule du vendredi/samedi. Ainsi, le gouvernement Ouyahia a coupé la poire en deux à travers cette décision. Entre entrepreneurs pragmatiques et autres religieux intransigeants sur le vendredi, le gouvernement a joué à «l'équilibriste» entre ces deux positions antagonistes. Pendant ces quatre jours perdus, les établissements financiers, les investisseurs, tous ceux qui font des affaires avec l'Algérie et réciproquement, perdaient un temps précieux en suspendant leurs transactions. Les motivations de la nouvelle mesure sont, bien sûr, d'ordre religieux mais aussi et surtout économique. L'avis des ulémas musulmans En filigrane, la prière du vendredi semble être l'obstacle majeur pour certains, mais l'incidence économique pousse l'Algérie à s'ouvrir davantage à l'économie mondiale et aux collaborateurs extérieurs, en s'alignant sur le même rythme. Si le patronat salue la mesure, qui, selon lui, permettra une meilleure fluidité des affaires et des échanges, une bonne partie de la société, endoctrinée des décennies durant de discours intégriste, trouve que les Algériens n'ont point besoin de s'aligner sur le week-end «judéo-chrétien» pour prospérer. Pourtant, un Imam notoire de la place d'Oran, approché par nos soins, surprend par sa déclaration: «il n'y a aucun verset, hadith ou texte, dans la religion musulmane qui affirme que le vendredi soit un jour férié, loin s'en faut». En effet, le repos de la fin de semaine, dit dominical, est un acquis social des travailleurs du monde entier. C'est par la lutte contre le mercantilisme et le vampirisme des patrons que les travailleurs ont bénéficié de deux jours chômés dans la semaine au temps des luttes ouvrières du début du siècle dernier. Toujours selon le même interlocuteur, «Le Coran stipule dans la sourate du «Joumouaâ» (vendredi) que les fidèles devraient cesser toute activité pendant la prière et d'y retourner aussitôt cette dernière terminée». Clair et net. A ce titre, le mieux, pour notre imam, «aurait été d'adapter le temps de la prière de vendredi, suivant les contraintes économiques». «Se consacrer à la prière toute une journée n'est pas compatible aux préceptes de l'Islam qui prône la valeur du travail avant tout, il suffit quelques minutes pour prier et retourner travailler». C'est tout dire.