Les agriculteurs de la wilaya d'Ain Temouchent manifestent peu d'engouement pour l'objectif d'extension de la superficie oléicole à 10.000 ha, a indiqué le directeur des services agricoles (DSA). Cet objectif, tracé par le ministère de l'Agriculture et de Développement rural, est confronté à la réticence des fellahs en dépit des nombreux avantages accordés par l'Etat tant en matière de soutien (30 à 40 pour cent) que d'octroi de crédit sans intérêt (Rfig et Tahadi), a souligné M. Berkane Naimi. Les fellahs avancent, entre autres raisons de cette situation, l'obligation d'irriguer, durant les deux premières années, ces arbres, leur implantation en masse et non en isolé et l'absence de pépiniéristes à Ain Temouchent, a-t-il ajouté. Pour relancer cette opération, la DSA et la conservation des forêts ont eu recours au «projet d'initiative locale» qui consiste en l'octroi de terres «clés en main» où des pistes ont été préalablement réalisées. Ainsi, l'année 2012 a enregistré la réalisation de 45 ha d'oliviers par la DSA et 100 ha par la conservation des forêts, a-t-on encore signalé. Dans ce même cadre, la DSA de la wilaya de Ain Temouchent vient d'obtenir l'accord de la tutelle pour la réalisation de 340 ha d'oléiculture entre les communes d'El Amria, Sidi Ben Adda, Emir Abdelkader et Sidi Safi. Les cahiers de charges, qui concernent une soixantaine de fellahs, ont été élaborés et transmis à la wilaya pour approbation, a-t-il poursuivi. A cette occasion, M. Naimi a lancé un appel aux investisseurs pour intégrer ce domaine porteur. La superficie actuelle de l'oléiculture est estimée à 7.845 ha dont 6.493 ha en rapport (exploités) ayant donné, cette année, un rendement de 13qx/hectare, soit une production de 83.860 qx, selon le DSA. Ce rendement est constitué de 45.656 qx d'olives de table et 38.104 qx d'olives destinées aux huileries. En 2011, la production atteignait 80.200 qx dont 52.000 qx d'olives de table et 28.000 qx d'olives destinées aux huileries. La wilaya de Ain Temouchent avait enregistré, durant la campagne oléicole 2009/2010, une production de 65.900 qx d'olives dont 38.100 qx d'olives de table et 27.800 qx destinés à la transformation en huile. En 2008, elle était de l'ordre de 80.000 qx. Cette situation s'explique, selon la DSA, par le phénomène d'alternance dans la production oléicole. La production d'un même olivier diffère d'une campagne à une autre. Pour mieux asseoir cette filière qui s'adapte aux conditions climatiques de la région, l'oléiculture a bénéficié du soutien, dans le cadre du FNDRA, de 13.000 ha dont 3.090 ha en plantations de masse. S'agissant de la transformation, la wilaya a enregistré d'importants investissements dans le cadre des plans de soutien pour la réalisation de cinq huileries et deux conserveries d'olives. Ces huileries ne fonctionnent pas à cent pour cent de leur potentiel. L'espèce prisée par les oléiculteurs de cette wilaya reste la Sigoise qui bénéficie d'entretien et d'irrigation adéquats dans des terres très fertiles. Pour cela, les propriétaires des conserveries de Sig s'approvisionnent en olives de table depuis Ain Temouchent. Les fellahs, pour leur part, demandent le renforcement en aval de l'accompagnement de la filière oléicole, notamment en matière de commercialisation des produits. Cet accompagnement doit non seulement mettre un terme aux très bas prix pratiqués pour la cession des olives, mais également réglementer la procédure de cueillette et la cueillette à maturité de ce produit noble. La désignation d'une «période saisonnière fixe» de cueillette a été aussi proposée. Mettant l'accent sur les efforts louables consentis par les pouvoirs publics en matière «d'accompagnement en amont» de la filière oléicole, les fellahs ont mis à l'index les prix actuels pratiqués par les intermédiaires. Pour la cueillette, ces mêmes producteurs doivent verser un montant de plus de 250 dinars/jour à chaque saisonnier. La cueillette hâtive et le gaulage de l'olive engendrent une profonde détérioration de l'olivier, surtout quand les brindilles sont touchées, ce qui remet en cause la production de l'année suivante. La discipline des producteurs et des transformateurs a été également recommandée.
