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Du Tassili à Djanet
Grand Sud
Publié dans Le Maghreb le 04 - 01 - 2007

Il existe mille façons de décrire le désert et de le vivre. Ces espaces infinis attirent le commun des mortels et ne les laissent pas indifférent face à son immensité.

Reportage réalisé par Nassima Bensalem
Aucun de nous ne peut résister à la tentation d'entreprendre au moins une fois dans sa vie une virée dans le désert. Seul, avec le silence des dunes et l'infini du ciel, un véritable voyage initiatique. Le désert a cette faculté d'éveiller notre spiritualité et nous permettre de renouer nos rapports originels avec les éléments. C'est ainsi que les astres, du jour ou autres retrouvent leurs places dans notre imaginaire. On risque, aussi, de couper court à certaines de nos idées reçues. Il est vrai que la plupart des profanes s'imaginent que le désert est une succession de dunes de sable fin à l'infini. Néanmoins, les contrées désertiques sont souvent composées de cailloux ou de rochers, même si les déserts de sable sont sans doute les plus beaux, les plus séduisants. On a besoin d'y revenir régulièrement afin de se ressourcer, pour la seule raison que la notion du temps n'a plus de signification. Et notre pays a cette particularité. Celle d'abriter l'un des déserts les plus étendus en termes de surface et l'un des plus captivants au monde. En effet, le sud algérien s'étend sur la majeure partie du grand Sahara. Que ce soit Timimoun, Tam ou encore Taghit, pour ne citer que celles-ci, ces oasis sont devenues au fil des ans la destination phare des pèlerins du tourisme saharien. Mais il est impossible de faire un circuit touristique dans le sud algérien sans faire escale à Illizi, plus exactement à Djanet. Cette oasis ne ressemble à rien de connu, le tableau qu'elle offre est tout simplement à couper le souffle ! Ici, on est en plein cœur du Sahara à quelques 2300 kilomètres de la capitale, Alger, à 100 km de la frontière avec la Libye et à 200 km de la frontière avec le Niger. Ici nous sommes également chez les hommes bleus. Djanet est une ville de près de 150 000 habitants principalement des Touaregs, elle se trouve plus précisément dans la région du Tassili N'Azadjer qui s'étend sur une surface de 83 000 km2 environ. Que signifie Djanet ? Selon certains Touaregs, Djanet signifie "paradis " prononcé jadis "Aldjanet". Selon d'autres Djanet signifie "chamelle " penché, une appellation qui relève d'une simple histoire. Autrefois, un chamelier qui faisait pâturer ses chamelles dans la zone du Tassili les a un jour perdu de vue, il demande à son compagnon où sont les chamelles ? Ce dernier lui répond en targui "jannat" qui veut dire "elles sont penchées ". Depuis on appelle cet endroit "Jannat". Subissant une transformation phonétique, jannat devient donc Djanet. Un séjour à Djanet l'enchanteresse est une expérience inoubliable. Pour y parvenir, en venant d'Alger, on a survolé pendant près de trois heures une étendue de sable, qui semble infinie jusqu'à Illizi. On parcourant le chemin de Illizi vers Djanet à bord de 4X4 sur plus de 400 kilomètres, on a eu la chance de contempler de l'ocre presque uniforme, partout et à perte de vue, sans traces de vie, sans végétation, sans village. Le départ d'Illizi vers Djanet était prévu à 6 heures du matin sous un froid glacial, mais que faire ! Le paysage est d'autant plus beau que le climat est hostile. Faire ce parcours vous permet d'êtres face à vous-mêmes, et pour unique alter ego le néant ou presque. Une sensation unique. Une expérience dont vous reviendrez plus fort. Après plus de huit heures de route, l'approche de Djanet est perçue comme une délivrance. Et quelle douce délivrance que celle d'être saisi par la beauté d'une ville où le contraste rime le piquant de ses 6 quartiers racontant chacun une histoire, une facette de Djanet, à l'image de Azellouaz, le plus ancien des quartiers de Djanet avec ses maisons de torchis effondrées et sa mosquée blanchie à la chaux. On est à l'affut de la moindre étoffe, du moindre bibelot ou objet Elmihan, dans le quartier commerçant, Tinkhatma sur les rives d'un oued caillouteux ; on est séduit par Djahil et sa palmeraie, ainsi que par Tindjadad. Mais Djanet ce n'est pas que les palmeraies et les maisons de torchis, c'est également une ville moderne fièrement représentée par Aghoum le nouveau quartier récemment construit à l'entrée de la ville. L'architecture de la ville de Djanet est unique mais le désert qui l'entoure est plus que fascinant. Se savoir au milieu de nulle part est une impression marquante mais l'on s'aperçoit vite que l'on ne se trouve pas nul part, on se trouve en plein milieu d'un musée à ciel ouvert, l'extraordinaire rencontre avec le Sahara vous marquera à vie. Sous de faux airs de néant, une vie intense s'y exprime : celle des éléments engagés dans une sculpture éblouissante de la nature ; celle de la faune et de la flore qui ont produit d'incroyables stratégies d'adaptation. Le rituel du thé, la noblesse d'une caravane, des noms de légende tels que Tassili, Djanet, la vache qui pleure... Tout cela et plus encore, non pas pour un simple voyage ou un circuit, mais réellement pour vivre un moment intense. Le spectacle est plus émouvant quand tombe la nuit, on se découvre en découvrant. Le ciel est si pur. On n'en revient pas qu'il soit peuplé d'autant d'étoiles. Un embouteillage galactique ! Les dunes aux courbes élégantes vous entraînent, changeant à chaque fois au gré des vents. Les masses rocheuses présentent des formes dont l'audace interpelle. Il y a aussi ces oasis si merveilleuses qu'on peut parfois les prendre pour des mirages. Que dire de ces villes où l'ocre ose se marier au rose et à l'indigo ?

Tassili N'Azadjer : sur les traces de nos ancêtres
Il y a surtout ce musée à ciel ouvert avec ses nombreuses oeuvres rupestres dont certaines précèdent de 5000 ans les pyramides pharaoniques d'Egypte. Le Tassili N'Azadjer et situé dans le Sahara central, au sud-est algérien, le Parc national du Tassili correspond à l'ensemble des plateaux du "Tassili " et leurs ergs périphériques. Le mot Tassili en tamaheq (langue des touaregs) signifie plateau et Azdjer en référence à la tribu qui y habite. Avec ses 80 000 km2, ce parc est l'un des plus vastes au monde. Les frontières avec la Libye et le Niger le limitent à l'est et au sud, le parc est entièrement dans la zone climatique saharienne mais la présence des plateaux dont l'altitude varie de 1 400 m à près de 2000 m, lui fournit des conditions privilégiées de nos jours comme dans le passé. Certaines régions au sein du parc sont ouvertes aux visiteurs, d'autres sont en réserve. Le Parc national du Tassili est habité. La densité y est faible mais plusieurs petits centres de culture profitent des vallées abritées où l'on y pratique de l'élevage du petit bétail et un peu d'agriculture. La Parc recèle, en effet, des richesses extrêmement variées en paysages, sites rupestres, faune et flore. Il abrite de remarquables biens culturels dont les plus célèbres sont les peintures et les gravures rupestres. L'intérêt de ces ressources lui a valu d'être inscrit parmi les sites du patrimoine mondial de l'Unesco en 1982 et d'être classé Réserve de la biosphère dés 1986 par la MAB. Il existe dans le Tassili une variété de cyprès dont près de 230 exemplaires vivent dans la partie la plus élevée du plateau. Ce sont de véritables fossiles, peut être plusieurs fois millénaires, qui ne se reproduisent plus sur place. Les animaux se sont, eux aussi, adaptés à des conditions extrêmes, d'où leur intérêt tout particulier. Les grands mammifères sont présents, si les antilopes ont disparu récemment, le mouflon à manchettes se maintient bien dans les régions les plus escarpées. Bien que menacées, surtout dans les ergs, les gazelles sont nombreuses dans les grands oueds du Tassili. En revanche, le guépard est en voie de disparition. Si le dernier crocodile a été tué il y a quelques dizaines d'années, il reste encore dans certaines gueltas des poissons et toute une microfaune remarquable.

Des gravures rupestres : un patrimoine en péril
Une randonnée dans le Tassili est surprenant où l'âpre beauté du désert contraste avec la douceur des oasis et promet un dépaysement complet. Dans le Tassili, les hommes du néolithiques ont senti le besoin et la nécessité de représenter leur monde en gravant et en peignant sur les parois et plafonds des abris ainsi que sur les dalles et planchers. Aujourd'hui, ces grottes sont devenues des lieux de pèlerinage des touristes étrangers et nationaux. De magnifiques fresques, peintes et gravées couvrent les parois rocheuses du Tassili, cette manifestation artistique révèle la richesse des activités, des styles et techniques. Des peuples divers en furent les auteurs, se succédant sur une période de plusieurs milliers d'années. A partir d'une comparaison de ces styles et des techniques des gravures rupestres, une classification par période a été admise et couvre environ 7000 à 8000 ans. Les plus belles œuvres représentent la grande faune des mammifères de la zone tropicale : éléphants, hippopotames, girafes, rhinocéros et des bovidés en nombre important ; l'homme y est présent aussi. Sur les parois, les plafond des abris, sur les dalles et les planchers, des sites sont gravés, peints notamment à Oued Djerat, Tin Taghirt, Tan Zoumaitak, Sefar, Idjabaren, Tamadjert… Ces œuvres et témoins iconographiques rupestres se traduisent à un stade supérieur de leur évolution en écriture par l'élaboration de caractères à valeurs phonétiques, d'ou subsiste le Tifinagh. Le Tassili est l'un des plus fabuleux musées d'art préhistorique du monde, toutes les parois rocheuses, rives d'oued, pitons de grès épargnés par l'érosion nous ont conservé le message de civilisations disparues, des milliers de peintures et gravures rupestres parlent de ces peuples de chasseurs et de bergers qui occupèrent le Sahara jadis. Parmi les gravures, les plus célèbres il convient de citer celle baptisée "La vache qui pleure" le site abrite un pilier gréseux qui est orné d'un très beau bas-relief représentant deux vaches dont les yeux semblent déborder de larmes ; c'est une œuvre d'art aux traits profondément entaillés, véritable emblème de la gravure tassilienne. Un patrimoine, un trésor inestimable qui n'est malheureusement pas à l'abri des pilleurs. 947 pièces archéologiques ont été saisies au niveau de l'aéroport de "Tiska" à Djanet, wilaya d'Illizi, par les services des Douanes au cours de l'année 2006.

Un cérémoniel du thé chez les hommes bleus
Si dans la conception occidentale de la société, la famille est la cellule de base, chez les Touareg il faut remplacer cette notion de famille par la notion de campement. Monté sur son méhari (chameau), le Targui parcourt des kilomètres dans le désert, à la recherche de pâturages pour les bêtes et de puits, l'eau étant si précieuse car si rare. A l'origine, les voiles sont teints avec de l'indigo (bleu violacé) qui déteint très facilement sur le visage des hommes qui le portaient, d'où l'appellation "hommes bleus". La langue parlée par les Touaregs est le Tamahek qui appartient au groupe des langues berbères. Elle est aujourd'hui, la langue restée la plus pure et la mieux connue grammaticalement, grâce aux admirables travaux laissés par le Père de Foucauld, A. Basset, J.M.Caurtad, Motylinski. D'après ces chercheurs, le Tamahak est une forme évoluée de la vieille langue lybique parlée dans tout le nord de l'Afrique et tout le Sahara central et occidental. Le Tamahak se divise en plusieurs dialectes : le Tamahek parlé dans le Hoggar et le Tassili, le Tamachek parlé dans l'Adagh des Iforas et le Tamajert dans l'Aïr. Mais cette différence reste au niveau de la prononciation de quelques lettres. La langue Tamahek est une des rares en Afrique qui possède un alphabet propre : le Tifinagh, qui est encore en usage chez les Touaregs. Le Tifinagh est composé de caractères à formes géométriques simples. Des points, des traits, des cercles ou figures dérivées ou associées, le tout au nombre de 24 dont on distingue trois voyelles a, i et ou. Il s'écrit de droite à gauche ou de gauche à droite, de haut en bas ou de bas en haut. Le Tifinagh, aujourd'hui, est surtout employé pour tracer des inscriptions laconiques, souhait, avertissement, demande de rendez-vous, déclaration amoureuse ou marques de propriété d'un objet. Ces inscriptions peuvent être gravées ou peintes sur un rocher, sur une dalle ou sur des objets artisanaux. Mais elles peuvent aussi servir à la fonction de courts messages et s'écrit alors sur peau, parchemin ou sur du papier, comme l'atteste un grand nombre de lettres envoyées par les chefs ou notables touaregs entre eux. Les Touareg portent traditionnellement une sorte de long vêtement souvent nommé "boubou" (en étoffe de coton nommé "bazin"), et un chèche appelé aussi taguelmoust (tagelmust en berbère), ou encore "turban". Le chèche est une sorte de turban d'environ 4 à 5 mètres de long qui s'enroule sur la tête pour se protéger du soleil, du vent, de la pluie, du sable, du froid... Traditionnellement, l'homme ne quitte jamais son turban. Il peut être de différentes couleurs, telles que rouge, jaune, vert, mais deux couleurs ont une signification spéciale. Le blanc est porté pour montrer un signe de respect, un jour particulier. Le chèche indigo est fait à partir du lin, souvent avec un tissage complexe. Il est porté les jours de fête (et les jours de froid car il est plus chaud que le chèche en coton). Sa teinture tend à déteindre sur la peau, donnant au Targui le surnom d'homme bleu. Le cérémonial du thé chez les Touaregs est une manière de montrer l'hospitalité, et un prétexte pour discuter avec le visiteur de passage. Il n'est pas très poli de refuser un thé ou de ne pas boire les trois thés. En effet les mêmes feuilles de thé vert sont utilisées pour confectionner trois services de la suite. Le premier thé est amer comme la vie, le second est fort comme l'amour et le dernier est doux comme la mort. En somme, voyager dans le désert relève d'une expérience intime, voire d'une rencontre avec l'inconnu ; en tout cas quelque chose de très fort qui vous domine et vous échappe. On portera toujours le désert en soi, car il offre un terrain idéal pour mieux se connaître, il renvoie à l'essentiel ; là-bas tout devient d'une incroyable évidence, et c'est ainsi qu'il aide à mieux supporter le stress de la vie quotidienne. Le Sahara est l'endroit où la réalité se déguise en mythe. C'est aussi l'endroit où l'on trouve ce qu'on passe toute une vie à chercher : la découverte de soi.


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