L'inflation au Zimbabwe, déjà de très loin la plus élevée au monde, a atteint 11.270.000% sur un an en juin, contre 2.200.000% le mois précédent, annonce le CSO, l'institut national de la statistique.Ce chiffre confirme que l'effondrement économique du pays, touché notamment par des pénuries de carburants et de produits alimentaires, s'accélère alors que les partis politiques peinent à conclure un accord de partage du pouvoir, paralysant les institutions. Le CSO précise dans un communiqué adressé aux banques que l'inflation a été de 839,3% sur un mois en juin - soit une multiplication des prix par plus de neuf - contre 433,4% en mai. Pour certains économistes, cependant, l'inflation réelle est bien supérieure à celle annoncée par le gouvernement. "Les chiffres de notre inflation sont bien plus élevés mais ils montrent jusqu'à quel point notre base de production a coulé. Il faut vraiment que nous changions la manière dont nous fonctionnons", estime un économiste d'une banque zimbabwéenne s'exprimant sous le sceau de l'anonymat. Selon lui, le principal problème du pays est l'arrêt de la production industrielle et un recours excessif à la planche à billets. Des adversaires du président Robert Mugabe l'accusent d'ailleurs d'avoir imprimé un grand nombre de billets de banque afin de financer sa campagne électorale, alimentant ainsi l'inflation. "Ce qu'il faut, ce sont des flux massifs de devises vers le pays, une politique cohérente et des réformes structurelles dans le secteur de l'énergie", estime l'économiste. Au Zimbabwe, 80% de la population serait au chômage et de nombreux habitants ont désormais recours au troc pour survivre, mais la pénurie concerne déjà le maïs, le sucre et d'autres denrées de base. La Banque centrale a effacé le 30 juillet dix zéros au dollar zimbabwéen, sans pour autant freiner la dépréciation de la monnaie. Avant cette décision, un dollar américain s'échangeait contre 140 milliards de dollars zimbabwéens, soit 14 dollars zimbabwéens au nouveau cours. Aujourd'hui, il faut 100 dollars zimbabwéens pour un billet vert, soit 1.000 milliards à l'ancien cours.