Après avoir raflé une vingtaine de trophées un peu partout dans les festivals internationaux, "Mascarade " de Lyes Salem voyage encore et ce malgré son vieillissement (il est sorti en 2007 à la faveur d'Alger capitale de la culture arabe). Il ne se passe pas un mois sans que l'on parle de ce premier long métrage de Lyes Salem que certains journalistes traitent comme un vrai chef-d'œuvre alors que ce n'est ni plus ni moins qu'une comédie loufoque qui n'a rien d'un engagement. Le film ne bouleverse ni les mœurs politiques ni esthétiques, mais demeure très marrant et fondamentalement drôle. Jusqu'au 26 janvier, cette œuvre sera sur les écrans moscovites. Une première pour nos films qui arrivent rarement jusqu'à cette contrée plutôt tournée vers les pays d'Europe orientale. Selon un correspondant de presse, ce film amuse les russes qui sont gavés des mêmes menus qui leur viennent des Amériques ou d'Europe. Un vent de fraîcheur a donc soufflé sur les écrans moscovites au grand bonheur des jeunes qui ont une soif chronique de découvrir ce qui se fait dans le monde arabe en matière de 7ère art. Mais un seul film ne suffit pas à se faire une idée là-dessus. Alors que les films arabes n'étaient jusque-là projetés que dans le cadre restreint de manifestations culturelles, comme les festivals de cinéma, la comédie Mascarade est proposée au grand public dans les salles "Piatzviozed" (cinq étoiles) et "Pioneer", à la grande joie du public. "Cela fait vraiment plaisir de rompre avec les films qu'on nous proposait jusque-là à grands coups de pub, mais dont la qualité s'avère souvent en deçà des attentes", déclarent Irina et Anatoly, deux étudiants en politique internationale venus voir le film avec un autre couple d'amis. "Nous sommes lassés de voir pratiquement la même chose tout le temps. Nous sommes donc venus assouvir notre curiosité et notre désir de connaître d'autres cultures", affirment-ils. "A travers ce film, nous sommes venus découvrir pour la première fois le cinéma arabe, mais aussi et surtout, découvrir une région de l'Algérie et la manière de vivre de sa population. C'est très rare que les salles de cinéma à Moscou proposent des films étrangers de ce genre, surtout quand il s'agit de films de pays arabes", font-ils remarquer. "En plus, le film est projeté en version originale sous-titrée, cela nous permet de mieux nous imprégner de l'ambiance réelle dans laquelle se déroule l'histoire et où évoluent les personnages", poursuivent-ils. Mascarade, encore lui Dès sa sortie en 2007, " Mascarade" raflait des prix là où il passait. Avant même que cette oeuvre aussi drôle que populaire ne soit à l'affiche de quelques unes de nos salles comme celles de Béjaia, de Tlemcen de Annaba, d'Oran …, il avait raflé un prix dans le festival du film francophone d'Angoulême qui s'est déroulé dans cette éponyme ville en 2007, un autre prix au Festival international de Carthage, de Namur où il s'était doublement distingué. Le film a raflé le Prix du jury junior, un prix qui consiste en une sculpture de l'artiste namurois Jean Claude Simus, ainsi que le Prix du public de la ville de Namur d'une valeur de 4000 euros. Cette dernière distinction est une aide au réalisateur pour de prochaines réalisations. Des trophées pour Lyès Salem, il fallait s'y attendre, lui qui était plusieurs fois primé pour ses courts-métrages dont, Cousines, une œuvre absolument épatante. Mascarade est un film, intelligent, rigolo, c'est une œuvre résolument populaire avec un sujet aussi réel que drôle. Loin des thèmes révolutionnaires qui ont fait pendant trente ans l'essentiel de notre cinéma, Mascarade sent la fraîcheur, la jeunesse, mais aussi la révolte d'être dans un espace temps de fous où tout le monde est, soit faux soit fou. Et même l'un de ces personnages narcoleptiques ne se réveille que pour se rendormir, belle métaphore qui englobe à la fois l'image des êtres et celle d'un pays où tout est immobile. L'idée de ce film lui était venue en écoutant un jour une rumeur de la bouche de son jeune frère. "Quand j'écrivais le scénario, j'avais passé un petit mois à Alger. J'étais avec mon jeune frère dans la voiture. C'était il y a un an et demi à peu près. On passe à côté d'El Harrach. Il me dit, tu vois dans cette station d'El Harrach, il y a un python de six mètres, il a mangé une poule, ils ont fait venir le préfet, des Russes pour l'attraper. Je lui ai répondu, arrête de dire des bêtises! En fait, je me suis retrouvé moi-même à raconter cette histoire, en y croyant moi-même, à un ami qui m'a rejoint, qui m'a dit pareil. Arrête les conneries, ce n'est pas possible. Alors que je n'avais effectivement rien lu ni vu. Ce n'est pas le téléphone arabe. C'est une rumeur qui, tout d'un coup, vous donne envie de croire, va savoir pourquoi. L'ennui peut-être... " disait le réalisateur dans un entretien. Personnage principal dans ce film, Lyès Salem (Mounir) tout aussi que le reste des personnages dont Mohamed Bouchaib, Sarah Reguieg, (Rym), Rym Takoucht, et Mourad Khan, furent absolument épatants. Le film tente de décortiquer sur une note pessimiste, les jeux de masques de la vie sociale, ses renoncements et ses occasions ratées.