Meurtre, faux passeports et services secrets... Le scénario est digne d'un film d'espionnage. Jeudi, l'organisation de coopération policière internationale Interpol a émis des avis de recherche en vue d'extradition à l'encontre de 11 individus. Ces derniers, dix hommes et une femme, sont soupçonnés d'être impliqués dans l'assassinat de Mahmoud al-Mabhouh, fondateur de la branche militaire du Hamas. Ce haut responsable du mouvement islamiste palestinien avait trouvé la mort le mois dernier dans un hôtel de luxe de Dubaï. Depuis le début de l'affaire, le Mossad, le service secret israélien, est pointé du doigt pour son rôle supposé dans ce meurtre. Le chef de la police de Dubaï, le général Dhahi Khalfan, a été plus précis encore jeudi, en assurant qu'il est "certain à 99%, sinon à 100% que le Mossad est derrière l'assassinat". Israël a jusqu'ici entretenu l'ambiguité sur son implication, en refusant d'apporter un démenti formel. L'opération ressemble de plus en plus à un fiasco. Principale erreur relevée par les spécialistes : les onze membres du commando ont copié les passeports de plusieurs citoyens européens (6 Britanniques, 3 Irlandais, 1 Français, 1 Allemand) résidant en Israël, complètement extérieurs à l'affaire. Une méthode qui vire à la crise diplomatique. Ce jeudi, Londres et Dublin ont convoqué les ambassadeurs israéliens en Grande-Bretagne et en Irlande, mais ils n'ont vraisemblablement "pas apporté d'informations complémentaires". A l'issue de ces rencontres, le ministre britannique des Affaires étrangères David Miliband a dit "espérer et attendre" qu'Israël "coopère pleinement avec l'enquête" annoncée la veille par le premier ministre britannique Gordon Brown. La France a de son côté accentué à la pression en annonçant qu'elle allait demander "des explications à l'ambassade d'Israël" à Paris sur les circonstances du recours à un faux passeport français. L'avis de recherche d'Interpol permettra d' "innocenter des citoyens ordinaires ainsi que les pays dont les identités ont été usurpées", estime l'organisation. Par ailleurs, un responsable des services de sécurité de l'Autorité palestinienne a affirmé jeudi que trois Palestiniens, dont l'un d'eux est responsable des brigades al-Qassam (la branche armée du Hamas) seraient impliqués dans l'assassinat. Le Hamas, qui est à couteaux tirés avec l'Autorité palestinienne, a démenti leur arrestation.
