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Cours dollar/euro et raisons de la spéculation financière en Algérie
Publié dans Le Maghreb le 24 - 05 - 2010

Docteur Abderrahmane MEBTOUL Professeur d'Université en management stratégique Expert International
Alors que le cours de l'euro a dégringolé depuis près d'un mois au niveau des bourses mondiales ( fluctuant entre 1,23 et 1,25 dollar un euro) avec un raffermissement sensible du dollar , il est utile de voir la situation actuelle et son impact sur l'économie algérienne où le cours vente officiel en date du 22 mai 2010 est de 77,87 dinars pour le dollar et 98,99 pour l'euro, la banque centrale d'Algérie n'ayant pas répercuté correctement d'ailleurs cette distorsion alors que sur le marché parallèle l'euro /vente ,l'écart s'étant creusé passant de 10/15% à 20/25%.
1.-Outre que la monnaie n'est qu'un voile monétaire reflet de la dynamique ou de la décroissance de la sphère réelle , il s'ensuit que les réserves de change sont une condition nécessaire permettant de stabiliser la valeur de la monnaie ( confiance des investisseurs sûrs d'être payés)mais de très loin non suffisante du développement d'un pays , bon nombre de pays à travers l'histoire s'étant développés grâce à l'endettement mais destiné aux segments productifs. La dévaluation d'une monnaie permet en principe de dynamiser les exportations d'un pays et la réévaluation de les freiner. Cependant avec la transnationalisation du capital (mondialisation), ce serait une erreur de raisonner uniquement au niveau de la balance commerciale car il faut raisonner au niveau de la balance des paiements. Ainsi pour certains pays , malgré une balance commerciale déficitaire, les firmes installées à l'étranger par le transfert de capitaux permettent de combler la différence, ceci posant la problématique du poste services ( assistance étrangère qui prend de d'ampleur dans le transfert de capitaux pour certain pays du tiers monde dont l'Algérie avec la dévalorisation du savoir ).
2.-Concernant justement cette distorsion euro/dollar, une dévaluation de l'euro profite surtout à l'Allemagne premier exportateur mondial avec en 2009 plus de 1500 milliards de dollars en 2008 avec une chute de 18% en 2009, la France représentant moins de la moitié de ce montant, et à un degré moindre pour les autres pays du fait de la rigidité de l' offre par rapport aux avantages comparatifs mondiaux en précisant que plus de 70% des échanges mondiaux se font entre 2008/2009 entre les pays développés, malgré la percée de la Chine.
La parité future dollar/euro dépendra donc largement de la compétitivité et surtout de la capacité à réduire les endettements très élevés ( beaucoup plus importante aux USA qu'en Europe), reflet du passage de la crise bancaire à la crise de l'endettement des Etats, la dépréciation conjoncturelle de l'euro n'étant que le reflet pour l'Europe d' un manque de coordination comme l'attestent les atermoiements vis à vis de la crise grecque et sans une gouvernance européenne , le scenario le plus pessimiste serait l'éclatement de l'euro. Par ailleurs, la valeur du dollar actuellement est largement tributaire de la Chine, tout dépendant du maintien de la signature des Etats-Unis et de sa capacité à refinancer ses déficits en recourant à l'endettement extérieur. Mais demain, tout dépendra de l'attitude de la Chine, premier créancier des Etats-Unis. Si la Chine suspend l'achat de bons du Trésor, la valeur de ses avoirs libellés en dollars baissera fortement affectant par ricochet sa situation économique, toute récession américaine ne pouvant qu'entrainer une baisse des exportations chinoises d'où en termes géostratégiques le futur duo à la fois solidaire et contradictoire Chine/USA horizon 2015/2020. Quelle leçon tirer pour l'Algérie ?
3- Le gouverneur de la banque d'Algérie a annoncé que le stock de la dette extérieure à fin 2009 est de 3,9 milliards de dollars et le ministre des finances que la dette publique interne est passée de 1 780 milliards de DA à fin 2006 à 1 050 milliards de DA à fin décembre 2007,à 733 millions fin octobre 2008 et à 500 millions de dollars fin 2009, cette situation financière ayant été permise depuis 2000 grâce au cours élevé des hydrocarbures.
Car avoir des réserves de change importants est une condition nécessaire au développement mais non suffisante. Rappelons le syndrome hollandais (beaucoup d'argent, corruption généralisée) et le cas de la Roumanie communiste avec une dette nulle mais une économie totalement dévastée. Il s'agit donc d'éviter de se réfugier dans le court terme comme cette analyse statique d'être braqué sur le cours du pétrole et du gaz, du dollar et de l'euro ou de changement de ministres sans objectifs stratégiques. Il s'agit d'avoir une vision dynamique, donc d'entrevoir l'après hydrocarbures dans le cadre des avantages comparatifs mondiaux comme le font les pays émergents (Brésil, Chine, Inde, Russie), du fait de l'épuisement inévitable des ressources d'hydrocarbures, Certes, pour l'Algérie une baisse de l'euro réduit forcément une baisse de la valeur des importations qui se font à plus de 60% au sein de la zone euro. Mais comme existe une corrélation entre les cours du dollar dont sont libellées les hydrocarbures ( 98% des exportations), l'appréciation du dollar en plus des perspectives souvent pessimistes de la croissance de l'économie mondiale ont pour conséquence une chute du cours ce qui se répercute sur les recettes en devises du pays sans compter l'affectation sur la valeur des réserves de change libellées en euros et également en dollars sur le rendement du fait que les taux d'intérêt tant de la Banque centrale européenne que de la FED américaine sont extrêmement faibles risquant d'être négatifs. Surtout avec le retour inévitable à l'inflation qui serait une des solutions pour éponger l'importante dette intérieure des pays, inflation d'autant plus importante si le taux de croissance se maintient à un niveau faible. Selon l'INSEE, pour la France un point d'inflation en plus donne autant de recettes fiscales qu'un point de croissance supplémentaire, et dans sa note de conjoncture de mai 2010 la Deutsche Bank note qu'une accélération de l'inflation de 2 à 8% entraînerait une baisse de 21% de la valeur de la dette publique mais avec le risque d'une hyperinflation compte tenu d'une hausse inévitable du taux d'intérêt des nouvelles obligations.
4.-Mais comment expliquer cette distorsion entre la valeur de l'euro en baisse sur le marché officiel et en hausse sur le marché parallèle, et si cet écart important se maintient il y a risque d'un effet cumulatif de dépréciation réelle du dinar. Plusieurs explications : la rigidité de l'offre du fait que la crise affecte en premier lieu nos émigrés dont l'épargne se réduit et la période des Hadj mais là n'est pas l'explication fondamentale. En effet, les dernières mesures gouvernementales (passage sans transition du Remdoc au Crédoc, la suppression des crédits à la consommation, les enquêtes fiscales ect..), l'instabilité juridique , le manque de cohérence et de visibilité dans la politique socio- économique et les perspectives d'un retour à l'inflation en Algérie très élevé ( 5% entre 2009/2010 selon l'officiel, mais en réalité beaucoup plus), posant d'ailleurs le problème de taux d'intérêt des banques inférieur au taux d'inflation risquant l'implosion des banques publiques dont on couvre les déficits par des recapitalisations répétées via la rente des hydrocarbures , encourage l'extension de la sphère informelle déjà florissante contrôlant 40% de la masse monétaire en circulation limitant d'ailleurs la politique financière gouvernementale. En effet, nous assistons à la dynamique des institutions et à une intermédiation informelle productive et marchande contrôlant quatre segments celui des fruits et légumes, de la viande rouge et blanche, du poisson et pour l'import le textile, les chaussures sans compter les pièces détachées dites Taiwan employant plus de 25% de la population active , mais également la sphère informelle financière, mais à des taux d'intérêts plus élevés que l'officiel mais avec des coûts de transaction bas : moins de tracasseries bureaucratiques. Cela n'est que la résultante de la faiblesse de la mise en place de mécanismes de régulation sur des bases transparentes ( cette transition interminable depuis 1986, ni économie de marché, ni économie administrée, une économie totalement rentière où se distribue la rente pour une pais sociale fictive , rente qui va à l'épuisement).
Ce fonctionnement dualisme avec des relations complexes entre la bureaucratie et cette sphère est amplifiée toujours, faute de mécanismes de régulation, par une concentration excessive du revenu national au profit d'une minorité rentière captant une fraction du montant faramineux injecté de 200 milliards de dollars entre 2004/2009, cela devant s'amplifier si des mécanismes de régulation clairs ne sont pas mis en place pour la période 2010/2013 où il est prévu l' injection de 280 milliards de dollars. D'où la flambée de l'euro par le blanchissement de l'accumulation du capital argent à ne pas confondre avec l'accumulation du capital productif, se réfugiant dans une valeur sûre (une monnaie internationale), assistant certainement à une fuite de capitaux importants vers des paradis fiscaux. Cela n'est pas propre à la monnaie puisque nous assistons paradoxalement au moment où le prix de l'immobilier au niveau international baisse et comme valeur refuge, à une flambée des prix, en Algérie, un F3 pouvant se négocier entre 5 et 12 millions de dinars selon les quartiers et les wilayas contre un Smig de 15.000 dinars par mois.
5.-En conclusion, pour les perspectives de l'économie mondiale, les mesures protectionnistes et certaines dévaluations ou réévaluations par zones ( ne pouvant se faire que lorsque la monnaie est autonome -dollar, livre sterling, yen , Yuan- mais pas individuellement au niveau de chaque pays de la zone euro puisque la monnaie est commune expliquant le dilemme grecque) s'ils ont un impact sur la relance de l'économie interne à chaque zone (relocaliser du travail quitte à ce que les produits soient plus chers), ne le seront qu'à très court terme, ne feront que diminuer le taux de croissance à l'échelle mondiale pénalisant d'ailleurs les pays pauvres et émergents à moyen terme.
Par ailleurs, outre les tensions monétaires par zones géographiques homogènes, un éventuel protectionnisme , ce qui ne va sans rappeler les effets de la crise de 1929 par les dévaluations successives et l'hyperinflation allemande, (expliquant le traumatisme psychosociologique des dirigeants allemands misant sur la rigueur budgétaire), serait dévastateur pour l'économie mondiale dans son ensemble sans compter les risques sociaux et politiques à terme : les guerres ont été malheureusement utilisées comme solution aux crises d'endettement des Etats avec l'émergence de régimes nationalistes d'extrême droite fachistes. Concernant le cas Algérie, les expériences historiques montrent clairement que le cadre macro-économique stabilisé est éphémère sans de profondes réformes micro économiques et institutionnelles, une gouvernance rénovée, la valorisation du savoir et de l'entreprise, qui seules permettent une croissance durable. Aussi, les mêmes causes provoquent les mêmes effets. Car, si l'on ne s'attaque pas aux causes originelles de la dette publique, le risque est de revenir à la case de départ.
Si l'on excepte la mauvaise gestion de certaines entreprises publiques qui accaparent une partie importante du financement public, il ne faut jamais oublier l'administration et les services collectifs dont les infrastructures qui également accaparent une autre fraction actuellement plus importante La crise mondiale actuelle car que représente la somme modique de 150 milliards de dollars de réserves de change, grâce aux hydrocarbures, devrait faire réfléchir les autorités algériennes, si l'on veut éviter des tensions sociales explosives horizon 2020 posant la question de la sécurité nationale, car tout est tiré en Algérie par la dépense publique qui a montré ses limites sous d'autres cieux. En résumé la solution passe par une meilleure gouvernance.


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