La réhabilitation des médinas dans la région du Moyen-orient et Afrique du Nord peut apporter une stabilité économique, sociale et culturel

Patrimoine culturel et développement

Dotées d'un patrimoine culturel riche et varié, les médinas ont connu ces cinquante dernières années une dégradation constante dans l'ensemble de la région du Moyen-Orient et Afrique du Nord. Les médinas revêtent d'une importance exceptionnelle pour les pays de la région et au niveau mondial, qui ne se reflète pas toujours, cependant, dans les politiques urbaines. Elles peuvent contribuer de manière significative à l'accroissement des revenus locaux en attirant notamment les petits commerces. De nombreuses villes du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord recèlent des centres historiques au cœur de la civilisation arabe et datant généralement de l'époque médiévale. Les médinas connaissent depuis cinquante ans un délabrement matériel et social rapide provoqué par la combinaison de deux facteurs : leur abandon par une partie des habitants d'origine et la croissance soutenue des quartiers modernes. Ainsi, délaissées par les familles aisées, les médinas ont attiré des catégories plus pauvres de la population à la recherche de logements bon marché, ce qui a entraîné un processus de paupérisation. D'autre part, en termes de services et d'infrastructures de base, les médinas ont fait les frais des politiques gouvernementales axées sur la gestion de la croissance urbaine dans les nouvelles agglomérations. En outre, alors que les médinas figurent parmi les zones d'habitations les plus pauvres des agglomérations urbaines, il est indispensable que les programmes de réhabilitation prévoient des actions spécifiques pour améliorer les conditions d'habitat des résidents et leur accès aux services sociaux. En 2001, la Banque mondiale a dédié une stratégie à cette question. Cette stratégie soulignait le rôle du patrimoine culturel dans le développement économique, son importance pour les identités communautaires et nationales, et son potentiel en termes de développement social. Elle mettait également en lumière la place toute particulière des villes historiques, qui recèlent une partie essentielle des traditions, de la mémoire et de l'histoire du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord. A ce titre, dans la région du Moyen-Orient et Afrique du Nord, la Banque mondiale agit en faveur de la réhabilitation des médinas depuis le début des années 80, par le biais d'opérations de prêt et d'activités de conseil. La plupart des opérations financées par la Banque mondiale poursuivent trois objectifs : assurer la conservation du patrimoine culturel ; encourager le développement de l'économie locale ; satisfaire les besoins des résidents. Dans le même sens, selon Anna Bjerde, responsable du secteur développement urbain et social de la région Moyen-orient et Afrique du Nord de la Banque mondiale, "les investissements en faveur du patrimoine culturel peuvent avoir un impact profond sur des groupes sociaux défavorisés et marginalisés : ces derniers y gagnent tout d'abord en autonomie et en vitalité, l'enjeu étant ensuite de les aider à trouver des manières novatrices d'améliorer leurs moyens de subsistance". Pour la Banque mondiale, la réhabilitation des médinas comporte de multiples objectifs, dont notamment la conservation du patrimoine culturel, le développement de l'économie locale et la satisfaction des besoins des résidents. Dans ce contexte, c'est des associations, à but social ou culturel, qu'émanent souvent le capital social et la pression sur le politique qui vont déterminer les initiatives publiques en faveur de la réhabilitation d'une médina et de ses habitants.
Les associations sont aussi à l'origine de festivals, de manifestations culturelles et autres divertissements qui augmentent l'attractivité de la médina auprès de ses résidents comme des visiteurs. Par ailleurs, en termes de développement économique local, le tourisme culturel constitue le segment de marché le plus prometteur. Cependant, toutes les médinas ne disposent pas des caractéristiques nécessaires en la matière. Les pouvoirs publics doivent examiner attentivement les conditions faisant d'une médina une destination prometteuse pour le tourisme culturel, et concevoir en conséquence le processus de réhabilitation. Enfin, la Banque mondiale a récemment élaboré un indice dont l'objectif est de déterminer le potentiel touristique d'une médina associé à la réhabilitation urbaine et source de croissance économique.