Le manque de mesures pour réformer le système monétaire international pourrait semer les graines de la prochaine crise, a prévenu jeudi, Dominique Strauss- Kahn, directeur général du Fonds monétaire international (FMI). La reprise économique mondiale en cours a été inégale et n'a pas généré suffisamment d'emplois à la hauteur des attentes du monde, a déclaré M. Strauss-Kahn au siège de l'agence à Washington sur un système monétaire international plus stable. Il a appelé au renouvellement de la coopération internationale pour une relance mondiale plus forte et meilleure, ajoutant que les réformes du système monétaire international pourrait à la fois renforcer la redynamisation et renforcer la capacité du système à prévenir les crises futures. "Les déséquilibres mondiaux sont de retour, et les questions qui nous inquiètent avant la crise, y compris les flux de capitaux importants et volatiles, les pressions sur les taux de change, la croissance rapide des excédents de réserves, sont sur le devant de la scène une fois de plus, a-t-il regretté. "Quand nous nous inquiétons des défauts du système monétaire international, nous nous inquiétons principalement de la volatilité: une perception selon laquelle la monnaie parfois circule à travers la planète d'une manière trop volatile et que les pays ont besoin d'un environnement extérieur plus stable, plus prévisible, afin de prospérer", affirmait-il dans son discours écrit. Il n'a toutefois pas prononcé cette phrase. "Les déséquilibres mondiaux sont de retour. Des flux de capitaux vastes et volatils, des pressions sur le taux de change, des réserves en excédent qui croissent rapidement: tout cela est revenu sur le devant de la scène", a-t-il dit. "Je suis convaincu que si on les laisse sans solution, ces problèmes pourraient semer les graines de la prochaine crise", a prévenu le dirigeant du FMI. Ce constat légitime les ambitions de la présidence française du groupe des pays riches et émergents du G20, qui souhaite parvenir lors d'un sommet en novembre à des avancées pour stabiliser un système monétaire mondial très hétérogène. Quant aux propositions concrètes, . Strauss-Kahn et Sarkozy avancent vers un terrain d'entente. Le FMI a publié jeudi un rapport sur les moyens d'accroître le rôle des Droits de tirages spéciaux (DTS), actif quasi monétaire créé en 1969 pour servir de réserve international à côté de l'or et du dollar. Son avantage est sa stabilité, puisque sa valeur est fonction des cours de quatre monnaies (dollar, euro, livre, yen). L'idée a été fraîchement accueillie au conseil d'administration du FMI, lorsqu'il en a discuté le 28 janvier. Selon le compte-rendu de cette réunion publié jeudi, "beaucoup sont restés peu convaincus à ce stade par l'idée qu'il y a un rôle essentiel à jouer pour les DTS" dans le processus de stabilisation du système monétaire. Plus prometteuse peut-être est l'idée de mettre de l'ordre dans les contrôles de capitaux. Certains pays du G20 n'en ont pas ou pratiquement pas (les Etats-Unis, la zone euro), d'autres ont adopté des mesures ponctuelles (le Brésil, la Corée du Sud), et d'autres ont des contrôles très sévères (la Chine). "Nous travaillons sur ce qui pourrait se faire légitimement, ce qui est plus problématique, comment on gère dans une situation nouvelle ces afflux de capitaux. Donc nous allons dans un avenir proche apporter quelques idées concrètes", a promis le directeur du Fonds. A l'en croire, les bases du système de l'étalon-dollar devraient cependant rester établies. "La France ne souhaite pas remettre en cause le dollar qui joue un rôle éminent et doit être une monnaie forte", avait signalé Sarkozy. "Il faut essayer d'améliorer les choses, ce qui en aucune manière ne signifie remplacer une monnaie --et le dollar certainement pendant les décennies à avenir-- par les DTS, mais juste tenter d'aider le système à mieux fonctionner", a répondu Strauss-Kahn. Il a appelé aussi à ne rien précipiter: "nous ne pouvons assurément évoluer que progressivement, juste essayer d'ajouter des éléments utiles à un système qui finalement n'a pas marché si mal. Il est certain qu'il doit évoluer, mais il doit le faire à un rythme qui n'engendrera pas de perturbations".