Des participants à un colloque organisé hier à Alger, autour de la problématique des relations Maghreb-Europe, ont plaidé en faveur d'un rôle que doivent assumer les pays du Maghreb dans la construction d'un "nouveau pacte méditerranéen". L'ambassadeur et chef de la délégation de l'Union européenne (UE), Laura Baeza, a dressé à l'occasion un bilan de la coopération entre les pays du Maghreb et l'UE, en insistant sur le processus de Barcelone (1995) et la Politique européenne de voisinage (2003). Elle a cependant souligné que le partenariat envisagé par l'UE "sera mis en œuvre dans le respect des processus de changements internes aux pays de la rive Sud de la Méditerranée". Evoquant le conflit israélo-palestinien, comme l'un des freins majeurs de la construction de l'UPM, le professeur Michel Fourriques de l'Institut Euromed management (France), a estimé pour sa part, dans une communication intitulée "L'UPM: dérive ou révision des ambitions", que l'UPM "semble avoir du plomb dans l'aile". "Pour l'instant, et tant que le conflit israélo-palestinien ne sera pas résolu, finis les grands principes politiques qui ont présidé à la création de l'UPM", a-t-il encore estimé. Néanmoins, ce professeur de Fiscalité, Droits et Géopolitique a plaidé pour un retour de l'UPM, comme "un grand et ambitieux politique permettant la création d'un espace économique commun alimenté au Sud par le dynamisme démographique, les marchés, l'énergie et au Nord par la technologie, la productivité". De son côté, Nacer Kettane, fondateur et président de la chaîne Beur TV et du groupe Radios BEUR FM, a mis l'accent sur la nécessité de "redéfinir un nouveau cadre de partenariat euroméditerranéen" et de mettre en place "un pacte méditerranéen dont le ciment inter maghrébin serait le premier socle". Pour cela, a préconisé ce spécialiste, "une rupture des comportements est nécessaire pour aborder frontalement les nouveaux défis et challenges" qui s'imposent à l'ensemble. M. Kettan part du constat que la région maghrébine et le monde arabe traversent une période de "mutations induites par les mouvements de changement", préfigurant "une transformation radicale des relations qui ont prévalu jusque-là entre le Nord et le Sud de la Méditerranéen, ainsi qu'entre les pays concernés, en premier lieu, ceux du Maghreb et par extension, ceux du bassin méditerranée"., Ce plaidoyer pour un nouveau pacte méditerranéen, "fondé sur une redéfinition des espaces nationaux démocratiques et sur une nouvelle renaissance du Maghreb", est justifié, selon lui, par l'échec des cadres proposés jusqu'ici, dont le processus de Barcelone et l'Union pour la Méditerranée (UPM). Il a estimé, dans le même contexte, que les initiateurs du projet de l'UPM "voulaient un cadre à sens unique". Ce colloque de deux jours est organisé conjointement par la Confédération des cadres des finances et de la comptabilité et l'Association maghrébine pour la promotion des relations économiques et financières (non agréée). R.N.