Le groupe japonais d'appareils photo Olympus, qui a avoué des années de manipulations de comptes, a publié, avant-hier, une perte nette sur les neuf premiers mois de 2011-2012 et anticipé une fin d'année dans le rouge du fait de marges rongées et de charges exceptionnelles. Pour les mois d'avril à décembre 2011, le groupe a fait état d'une perte nette de 33,08 milliards de yens (333 millions d'euros), contre un bénéfice net de 5,8 milliards de yens un an auparavant, sur un profit d'exploitation en chute de 19% sur un an à 26 milliards de yens (260 millions d'euros) malgré un maintien au même niveau (624 milliards de yens) de son chiffre d'affaires. Compte tenu de ces piètres résultats, Olympus s'attend désormais a affiché un déficit net annuel de 32 milliards de yens (320 millions d'euros), sur un chiffre d'affaires espéré en petite progression de 0,8% sur un an à 854 milliards de yens. La chute du profit d'exploitation devrait cependant être ramenée à 6,2% pour l'ensemble de l'année, Olympus escomptant un quatrième trimestre meilleur que les précédents. Le groupe, dont l'image de marque a été saccagée par un scandale de camouflage de comptes, prévoyait, avant cette affaire scabreuse, de terminer l'exercice en mars prochain en dégageant un bénéfice net de 18 milliards de yens (170 millions d'euros). Les résultats financiers publiés, avant-hier, ne sont toutefois pas directement affectés par ces malversations, mais davantage par une conjoncture défavorable. "Les ventes des divisions d'images (comprenant les appareils photos) et des télécommunications (société de distribution de téléphones portables) ont affiché des revenus en hausse, mais cela a été gommé par la baisse dans le domaine médical (endoscopes) à cause des conséquences du séisme du 11 mars et de la hausse du yen qui pèse sur les ventes réalisées à l'étranger", a expliqué Olympus dans un communiqué. Si Olympus est parvenu à réduire son déficit d'exploitation dans la division de l'image, ses bénéfices ont été amoindris dans le secteur des instruments médicaux, d'où la baisse du profit opérationnel global. La perte nette est quant à elle en grande partie due à l'enregistrement de dépréciations d'actifs ainsi qu'à une hausse des impôts. Olympus, qui a pour le moment évité de justesse une radiation de son action en Bourse, est à la recherche d'un partenaire industriel et devrait changer de direction au printemps, après une assemblée générale des actionnaires prévue en avril, afin de clore le scandale qui dure depuis le mois d'octobre. D'ex-dirigeants du groupe se sont ingéniés durant des années à cacher quelque 134 milliards de yens de pertes via des dépréciations d'actifs liées au rachat de trois entreprises nippones, ainsi qu'à travers de commissions versées à un intermédiaire lors de l'acquisition de l'entreprise britannique d'instruments chirurgicaux Gyrus. Les aveux sont intervenus à la suite des déclarations de l'ex-P-DG britannique Michael Woodford, renvoyé mi-octobre après quelques mois à la tête de l'entreprise, officiellement pour cause de méthode de travail inadaptée. Lui a toujours prétendu au contraire avoir été évincé à cause des explications demandées à d'autres dirigeants du groupe sur de douteuses acquisitions de sociétés et autres obscures opérations financières. Ces querelles ont débouché sur un scandale qui a entraîné l'ouverture d'enquêtes, toujours en cours, non seulement au Japon, mais aussi aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne.
