Le Verso est la première Toyota à s'en remettre à un Diesel signé BMW. La greffe réussie du 1.6 de 112 chevaux l'aide à recoller au peloton, tant en termes de puissance que de consommation. Avec un agrément certain. A première vue, la tâche n'avait rien de bien compliqué. Fallait-il réellement deux années de labeur à Toyota pour remplacer son 4-cylindres Diesel par un autre, fournit par BMW ? La réponse est oui. Et encore. Seulement parce que le constructeur japonais a bien voulu mobiliser trois cents de ses meilleurs ingénieurs européens. Contrairement aux apparences en effet, la greffe du Diesel BMW sous le capot du Toyota Verso ne se résumait pas à serrer quelques boulons et à rebrancher les fils. Pour commencer, ces deux moteurs sont régis par des calculateurs électroniques qui ne parlent pas le même langage. C'est ballot. A en croire Mehmet Kiliç en charge du projet chez Toyota, ce seul chantier fut de loin le plus ardu. Depuis la signature de l'accord de coopération avec BMW Group en 2011 qui prévoit la fourniture à Toyota de deux motorisations Diesel (lire notre encadré, ci-dessous), les ingénieurs du centre de R&D Toyota Motor Europe en Belgique eurent fort à faire. On raconte même que leurs travaux avaient débuté avant même l'annonce officielle de ce partenariat de grande envergure. C'est dire si le constructeur japonais percevait l'urgence qu'il y avait à offrir un plus petit moteur Diesel au Verso, handicapé par ses moteurs 2 litres et 2,2 litres sur un marché où plus de 50 % des monospaces Diesel se contentent d'une cylindrée égale ou inférieure à 1.600 cm3. L'arrivée d'un nouveau moteur quelques mois seulement après le restylage du Verso a de quoi surprendre. Toyota poursuivra jusqu'à nouvel ordre en Pologne la fabrication de ses Diesel 2.0 et 1.4. Aux termes du contrat signé en 2011, le constructeur japonais devrait bénéficier du 2 litres BMW comme du 1,6 litre. Mais il est trop tôt pour l'heure pour savoir quel modèle sera le premier à l'adopter. "Le Verso est un véhicule 100% européen qui relève d'un développement 100% européen", rappelle Mehmet Kiliç. "Voilà pourquoi la décision de lui adapter le moteur 1.6 BMW fut prise rapidement. Pour le RAV4, ce n'est pas l'Europe qui décide." On sait aussi que l'accord porte au-delà de la simple fourniture de moteurs puisque Toyota Motor Corporation et BMW Group se sont engagés à partager leurs recherches sur la pile à combustible et sur de nouvelles générations de batteries. Il se murmure même que les deux constructeurs étudieraient l'opportunité de concevoir une plateforme commune de véhicules à roues avant motrices. Si le compartiment moteur du Verso se révéla suffisamment vaste pour accueillir en position transversale le 4-cylindres qui anime la Mini Cooper D et la BMW 114d, il fallut concevoir de nouveaux supports moteur. Pas une mince affaire lorsqu'on vise le meilleur niveau en matière d'insonorisation et d'agrément de fonctionnement. C'est pour cette raison que le constructeur japonais tenait à intercaler son propre volant moteur bi-masse afin d'améliorer encore la filtration des vibrations. Et puisque Toyota fit le choix de conserver les arbres de transmission et la boîte de vitesses du Verso, il fallut aussi modifier les carters. Les rapports de démultiplication sont eux aussi inédits, tandis qu'un système d'arrêt-démarrage automatique fait son apparition (le premier sur le Verso).
Un développement 100% européen pour une Toyota 100 % européenne Après l'électronique et le "NVH" (pour Noise, Vibration & Harshness), le troisième chantier d'importance concernait le refroidissement. "Compte tenu de sa vocation familiale, le Verso est appelé à rouler fréquemment en charge, parfois attelé à une remorque. Nous avons par conséquent modifié le radiateur et le couvre-moteur afin d'optimiser l'écoulement d'air et abaisser la température ambiante dans le compartiment moteur où résident la batterie et les calculateurs", poursuit Mehmet Kiliç. On est loin de la désinvolture avec laquelle Dodge intégra l'ancien 1.9 TDI Volkswagen dans le Caliber, bruyant et trépidant. A l'usage, le Toyota Verso 1.6 D-4D (pour Direct Injection 4-Stroke Diesel, une appellation forgée voici 15 ans) nous a séduits par sa discrétion, tant sonore que vibratoire. Son volant tremble davantage que celui du tout nouveau Citroën C4 Picasso mais moins que celui du Volkswagen Touran 1.6 TDI de conception plus ancienne. Même sous forte accélération, on échappe aux résonances sourdes qui rendent certains "petits" Diesel si désagréables. Nous avons goûté à la belle linéarité des accélérations et des montées en régime vantée par Toyota. Dommage qu'elle soit étouffée par l'allongement des deux derniers rapports de démultiplication. Le système d'arrêt-démarrage automatique sait se faire oublier sauf en cas de manœuvre précipitée, lorsque le 1.6 D-4D n'a pas le temps de prendre ses tours. A quatre reprises durant notre essai, le moteur a calé au moment d'embrayer en première. Par conséquent, les adeptes des départs canon feront bien de s'astreindre à un petit temps d'adaptation. A l'issue d'un parcours de quelques centaines de kilomètres dans la région fort accidentée de Nice, nous avons relevé une consommation moyenne de 5,7 l/100 km pour 4,5 l/100 km annoncés au cycle normalisé officiel, soit d'émissions de CO2 de 119 g/km. C'est 10 g/km de moins que l'ancien 2.0 D-4D 124. Voilà le Toyota Verso ramené à des niveaux tout à fait comparables à ceux des rivaux Volkswagen Touran 1.6 TDI et Renault Scénic 1.6 Energy dCi.
Toyota Touch 2 & Go, un GPS connecté Selon JATO Dynamics, Toyota a vendu quelque 31.871 Verso l'an dernier en Europe (11 premiers mois de l'année) contre 85.227 VW Touran et 102.017 Renault Scenic. L'arrivée du 4-cylindres d'origine BMW devrait aider le Verso à pousser la part du Diesel dans ses immatriculations au niveau de celle de ses concurrents directs, soit 63 % d'ici la fin de l'année contre 32 % seulement en Europe l'an dernier. En France, le 1.6 D-4D devrait assurer à lui seul pas moins de 94 % des immatriculations du Verso, contre 1 % seulement pour le 2.2 D-CAT 150. Cette prééminence du Diesel demeure toutefois presque exclusivement cantonnée à l'Europe. Elle devrait de surcroît s'amenuiser à mesure que le coût de traitement des particules et des oxydes d'azote renchérit le prix des motorisations Diesel. Deux bonnes raisons, en somme, pour que Toyota Motor Europe décide de s'épargner le développement d'un tout nouveau moteur "maison". "Nous voulions trouver un partenaire technophile, tout comme nous, et qui ait la même vision des choses. Voilà pourquoi, selon nous, le Groupe BMW s'est avéré être le partenaire idéal", explique Gerald Killmann, vice-president R&D. Certains pourraient s'étonner de voir le champion mondial de l'hybridation essence-électricité investir dans l'élargissement de son offre Diesel. Le Président de Toyota Motor Europe Didier Leroy est prompt à rappeler que le respect des normes de protection de l'environnement toujours plus contraignantes passe par le développement non pas d'un seul, mais de plusieurs types de motorisations. "L'hybride reste au cœur de notre stratégie de mobilité durable, mais nous estimons que le Diesel propre conserve des atouts sur le marché européen". Un raisonnement en totale opposition avec celui des dirigeants de la marque sœur Lexus qui mise quasi exclusivement sur l'hybridation essence-électrique pour s'imposer en Europe. L'arrivée du 1.6 D-4D n'est pas la seule modification notable pour le Toyota Verso déjà restylé l'an dernier. Outre une nouvelle teinte "Sépia" qui illustre nos pages, on notera l'apparition de jantes en alliage au dessin inédit, d'un capteur de surveillance de pression des pneumatiques et d'un pommeau de levier de vitesse plus agréable au toucher. Facturé 700 euros sur les trois premiers niveaux d'équipement, le système "Touch & Go 2" de navigation à écran tactile et à commande vocale combiné à la caméra de recul laisse dorénavant apparaître les encombrements sur la carte elle-même. Mieux, la fonction "Toyota Online" permet d'incorporer les fonctions de Google Street View ou de Panoramio qui donnent à voir la physionomie des quartiers et des monuments.
