Au plus haut depuis près d'un an lors des trois précédentes séances, les cours pétroliers se sont repliés jeudi, comme certains investisseurs prenaient leurs bénéfices à la suite de cette embellie. Le cours du baril de référence (WTI) pour livraison en juillet a perdu 67 cents à 50,56 dollars sur le New York Mercantile Exchange, enregistrant sa première séance de baisse de la semaine après avoir systématiquement fini au plus haut depuis juillet 2015. A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en août a reculé de 56 cents à 51,95 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE), lui aussi après trois séances au plus haut de 2016. Après un tel essor, le marché pétrolier a logiquement pâti jeudi de prises de bénéfices, a estimé John Kilduff d'Again Capital, remarquant plus largement que l'ensemble des marchés mondiaux sont en baisse sur fond d'inquiétudes sur les perspectives économiques internationales. Depuis février, où ils étaient tombés au plus bas depuis 2003, les cours de l'or noir ont presque doublé en profitant d'une conjonction d'éléments laissant espérer une résorption de l'offre, notamment une baisse de la production américaine. Malgré son repli de jeudi, le marché reste très solide, a estimé Carl Larry de Frost & Sullivan. On va attaquer la semaine prochaine en forme et peut-être même viser les 55 dollars !
Force du dollar Pour le moment, les cours semblaient marquer le pas dans un volume d'échanges limités ainsi qu'une actualité pétrolière réduite, y compris en ce qui concerne les problèmes de production à travers le monde, soutien notable du marché lors des dernières semaines. Le département américain de l'Energie (DoE) a toutefois publié des chiffres donnant la mesure de ces perturbations, en estimant que la production représentait 3,6 millions de barils en moins par jour (bj), dont 2,5 millions de bj pour les seuls Canada, Libye et Nigeria. Parmi les facteurs défavorables, le dollar se renforce après l'annonce d'inscriptions au chômage moindres que prévu aux Etats-Unis, a remarqué dans une note Tim Evans de Citi. La force du dollar a un impact négatif sur les échanges pétroliers, puisque ceux-ci sont libellés en monnaie américaine et en deviennent moins intéressants. Or le billet vert avait plutôt donné un soutien au marché de l'or noir depuis le début de la semaine en chutant à la suite de chiffres mensuels très décevants sur l'emploi aux Etats-Unis. En ce qui concerne le marché du pétrole, même si son petit déclin a le potentiel pour se développer en recul plus notable, cela ressemble plutôt pour le moment à un modeste rééquilibrage technique en baisse (...) plutôt qu'à un changement majeur de tendance, a conclu M. Evans. La dynamique actuelle, l'humeur du marché, l'absence de toute nouvelle baissière et les interruptions de production qui restent importantes suggèrent que la hausse des prix va continuer, ont de leur côté estimé les analystes de Commerzbank. Ils remarquaient que les investisseurs ne s'étaient pas laissés abattre la veille par l'annonce d'un rebond hebdomadaire de la production américaine, le premier depuis trois mois.
Hausse en Asie Les cours du pétrole continuaient sur leur lancée et franchissaient de nouveaux plus hauts jeudi en Asie, encouragés par la baisse des stocks de brut américain et des perturbations persistantes de la production au Nigeria. Vers 03H15 GMT, le baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en juillet prenait 32 cents à 51,55 dollars, son plus haut depuis juillet, dans les échanges électroniques en Asie. Le baril de Brent, référence européenne du brut, pour livraison en août, gagnait 22 cents à 52,73 dollars, un plus haut depuis octobre. Les cours ont connu un retournement de situation considérable depuis les mois de janvier et février, lorsque l'or noir avait dégringolé à près de 25 dollars. Le brut bénéficie en particulier de l'affaiblissement du dollar, de signes de reprise de l'économie mondiale et de perturbations de la production au Nigeria. Les Vengeurs du delta du Niger (NDA), groupe rebelle nigérian qui a mené plusieurs attaques contre des installations pétrolières depuis février, a rejeté mercredi une offre gouvernementale de pourparlers et revendiqué une nouvelle frappe. Le dollar reculait jeudi face aux principales devises. Or, les échanges étant libellés en billets verts, toute baisse profite aux acheteurs munis d'autres devises, ce qui contribue à renforcer la demande. Les cours bénéficient aussi de l'annonce d'une baisse hebdomadaire conséquente des réserves de brut aux Etats-Unis, qui ont décliné de plus de trois millions de barils, selon les chiffres du département de l'Energie (DoE). Les stocks reculent depuis trois semaines consécutives, ce qui montre que l'offre et la demande sont en train de se rééquilibrer, a déclaré Margaret Yang, analyste chez CMC Markets.
Les stocks de pétrole brut baissent comme prévu Les stocks de pétrole brut ont à peu près baissé comme prévu la semaine dernière aux Etats-Unis mais la production a mis fin à trois mois de baisse, selon des chiffres publiés mercredi par le département américain de l'Energie (DoE). Lors de la semaine achevée le 3 juin, les réserves commerciales de brut ont reculé de 3,2 millions de barils à 532,5 millions de barils, ce qui est assez proche de la baisse de trois millions sur laquelle tablaient les experts interrogés par l'agence Bloomberg. Le recul annoncé par le DoE est aussi proche des estimations de la fédération American Petroleum Institute (API) qui avait annoncé un déclin de 3,6 millions de barils. A ce palier, les réserves américaines de brut s'affichent en hausse de 13,1% par rapport à la même période de 2015 et restent à "des niveaux historiquement élevés à cette époque de l'année", comme l'a une nouvelle fois noté le DoE. En revanche, les stocks d'essence ont augmenté d'un million de barils, alors que les experts de Bloomberg prévoyaient un déclin de deux millions de barils et que l'API ne s'attendait qu'à une hausse de 100 000 barils. Ils sont bien au-dessus de la limite supérieure de la fourchette moyenne en cette époque de l'année, et s'affichent en hausse de 10,2% par rapport à la même période en 2015. De même, les réserves de produits distillés (gazole, fioul de chauffage, kérosène, etc.) ont avancé de 1,8 million de barils, alors que les experts de Bloomberg tablaient une baisse de 700 000 barils et que l'API n'annonçait qu'une progression de 300 000 barils. Elles progressent de 13,4% par rapport à l'an dernier et restent également bien au-dessus de la limite supérieure de la fourchette moyenne à cette période de l'année.
Nette baisse à Cushing Très surveillée par les analystes, la production américaine, qui n'avait fait que baisser lors des douze précédentes semaines, a rebondi de 10 000 barils par jour (bj) à 8,745 mbj. Plus favorablement, les réserves du terminal pétrolier de Cushing (Oklahoma, sud), qui servent de référence au pétrole échangé à New York, ont baissé de 1,3 million de barils à 65,6 millions. Toutes catégories confondues, les stocks pétroliers américains ont augmenté de 3,2 millions de barils. Du côté de la demande, sur les quatre dernières semaines, les Etats-Unis ont consommé en moyenne 20,3 mbj de produits pétroliers, soit 3,1% de plus que l'année précédente à la même époque. Durant la même période, la demande de produits distillés a augmenté de 0,4%, et celle d'essence a monté de 2,6%, dans les deux cas sur un an. Les raffineries américaines ont accéléré leur cadence, fonctionnant à 90,9% de leurs capacités contre 89,8% la semaine précédente.