La Banque du Japon (BoJ) a annoncé vendredi des ajustements à sa politique monétaire, citant notamment la décision des Britanniques de quitter l'Union européenne qui accroît les incertitudes économiques internationales. L'indice Nikkei de la Bourse de Tokyo a aussitôt changé de direction et chutait de 1,8% face à ces modifications jugées mineures, avant de limiter son recul, tandis que le yen remontait face au dollar. La BoJ a laissé le montant de son programme de rachat d'actifs inchangé, à 80 000 milliards de yens par an (690 milliards d'euros), mais elle a décidé de doubler la part allouée aux fonds cotés en Bourse (ETF) ainsi qu'un programme de prêt en dollars américains. Son taux de dépôt reste par ailleurs identique, à -0,1%. "Avec en toile de fond, le vote britannique et le ralentissement dans les économies émergentes, les incertitudes internationales ont augmenté et la volatilité se poursuit sur les marchés financiers", écrit la banque centrale dans un communiqué. Elle a donc décidé d'agir afin d'éviter que "ce contexte ne conduise à une dégradation du moral des entreprises et des consommateurs". Cette annonce intervient deux jours après l'annonce par le Premier ministre Shinzo Abe d'un massif plan de relance. La BoJ dit "espérer que ces mesures monétaires et les initiatives du gouvernement vont produire des effets de synergie sur l'économie". Pour sa part, le Premier ministre japonais, Shinzo Abe, a annoncé auparavant un plan de relance massif de plus de 28 000 milliards de yens (240 milliards d'euros) pour soutenir la troisième économie du monde, selon des propos rapportés par les médias locaux. Ce montant comprend des dépenses budgétaires de l'Etat, ainsi que des avances pour les investissements des collectivités et entreprises. De plus amples détails devraient être fournis la semaine prochaine à l'occasion de la validation du programme par le gouvernement. Le Premier ministre conservateur, qui avait juré à son retour au pouvoir fin 2012, de vaincre l'inflation et redonner sa vigueur à l'économie japonaise, espère ainsi donner un coup de pouce à l'activité. Au lendemain de la large victoire de sa coalition aux sénatoriales du 10 juillet, M. Abe avait promis des mesures de relance avec des investissements importants pour les régions, pour aider les parents de jeunes enfants et les étudiants, pour les agriculteurs ou encore pour développer les infrastructures. Le gouvernement souhaite également protéger les entreprises contre les soubresauts internationaux, alors que la décision en juin des Britanniques de quitter l'Union européenne (Brexit) avait provoqué une appréciation accrue du yen, valeur refuge. Or ce regain pénalise durement l'économie japonaise et les grands groupes exportateurs. La Bourse de Tokyo avait bondi mercredi à la mi-journée alors que le yen s'affaiblissait nettement, après de précédentes informations de presse dévoilant le montant du plan. Les investisseurs espèrent par ailleurs un nouvel assouplissement de la politique monétaire de la Banque du Japon, qui entame jeudi une réunion de deux jours.
La consommation et les prix au détail trébuchent Les prix à la consommation ont décliné en juin au Japon pour le quatrième mois consécutif et les ménages ont continué à se montrer frileux, selon des statistiques publiées vendredi à quelques heures d'une décision très attendue de la Banque du Japon (BoJ). Elles viennent confirmer la morosité de la troisième économie du monde, dans un contexte international incertain, malgré la stratégie de relance "abenomics" du Premier ministre Shinzo Abe et la politique ultra-accommodante de la BoJ. Hors ceux des produits périssables, les prix ont diminué de 0,5% le mois dernier comparés à leur niveau un an plus tôt, accentuant leur recul après une baisse de 0,4% en mai et de 0,3% en mars ainsi qu'en avril, a annoncé le ministère des Affaires intérieures. La banque centrale vise une inflation de 2% d'ici à mars 2018, une échéance qu'elle pourrait cependant de nouveau repousser vendredi, à l'issue de la réunion de son comité de politique monétaire, au vu des derniers chiffres. La plupart des analystes misent sur un geste de sa part pour tenter de donner un nouvel élan à l'économie. Par ailleurs, la consommation des ménages a reculé en juin (-2,2% sur un an), plus fortement encore qu'en mai (-1,1%). A l'exception de février, ce chiffre s'est inscrit dans le rouge de manière ininterrompue au cours des derniers mois, signe de l'anxiété des ménages face à l'avenir. Dans l'espoir de fortifier l'activité, M. Abe a annoncé mercredi un plan de relance massif de plus de 28 000 milliards de yens (240 milliards d'euros), sans plus de détails à ce stade. Le gouvernement peut en revanche se targuer d'un très faible taux de chômage (3,1% de la population active en juin, un repli de 0,1 point comparé à celui de mai), et de conditions d'emploi de plus en plus favorables, avec en juin 137 offres pour 100 demandes, du jamais vu en un quart de siècle, selon le ministère du Travail. Autre donnée publiée vendredi, la production industrielle, qui évolue en dents de scie au gré des ajustements en temps réel des entreprises, a rebondi de 1,9% en juin sur un mois, après avoir chuté de 2,6% en mai, selon les données du ministère de l'Industrie (Meti). C'est mieux qu'espéré: les économistes interrogés par l'agence Bloomberg tablaient sur une progression de 0,5%. Les livraisons ont augmenté de 1,2%, tandis que les stocks stagnaient. Un sondage mené en juillet auprès des entreprises manufacturières laisse espérer une nouvelle hausse de 2,4% ce mois-ci et une autre de 2,3% en août, mais il faut prendre avec prudence ces estimations qui ont tendance à être trop optimistes.