Les quantités de céréales (blé, maïs et orge) importées durant les dix premiers mois de 2016 par l'Algérie ont augmenté à 11,28 millions de tonne (mt) contre 11,20 mt (+0,7%) en 2015, cette dépendance agricole vis-à-vis des marchés étrangers, l'avait décrite le professeur Fouad Chahat, professeur à l'Institut national de recherche agronomique (INRA), d'une menace pour l'Algérie en la matière, à partir de laquelle elle continue d'importer des " énormes quantités ", ces importations constituées notamment de blé tendre, ajoutées à celles de l'orge, du maïs, des tourteaux de soja et du lait. Par ailleurs, la facture d'importation des céréales (blé, maïs et orge) a baissé de plus de 18% durant les dix premiers mois de 2016, en dépit d'une hausse des quantités importées, selon les Douanes. La facture d'importation des céréales a reculé à 2,31 milliards de dollars (mds usd) entre janvier et octobre 2016, contre 2,85 mds usd sur la même période de 2015, soit un recul de 18,62%. Mais les quantités importées ont connu une légère augmentation en s'établissant à 11,28 millions de tonnes (Mt) contre 11,20 Mt (+0,7%), précise le Centre national de l'informatique et des statistiques des douanes (CNIS). Les céréales qui ont vu leurs quantités importées augmenter sont le blé dur et l'orge contrairement au blé tendre et au maïs. Par catégorie de céréales, la facture d'importation du blé (tendre et dur) a reculé à 1,51 milliard usd contre 1,97 milliard usd (-23,2%), pour des quantités de 6,93 Mt contre 6,92 mt (+0,11%). Pour le blé tendre, la facture d'importation s'est amenuisée à 1,03 milliard usd contre 1,38 milliard usd (-25,8%), alors que les quantités importées ont baissé à 5,34 Mt contre 5,65 Mt (-5,53%). Concernant le blé dur, la facture a baissé à 489,23 millions usd contre 590,32 millions usd (-17,12%), avec une hausse des quantités importées qui se sont établies à 1,6 Mt contre 1,27 Mt (+25,2%). Quant au maïs, les importations se sont chiffrées à 665,08 millions usd contre 722,27 millions usd (-7,92%) avec un volume importé de 3,57 Mt contre 3,60 Mt (-0,8%). Pour l'orge, l'Algérie en a importé pour 135,54 millions usd contre 150,26 millions usd (-9,8%) avec une quantité de 767.734 t contre 667.819 t (+14,96%). La baisse de la facture d'importations des céréales malgré la hausse globale des quantités importées s'explique par le recul des cours sur les marchés mondiaux des céréales. Il est constaté que durant les huit premiers mois de 2016, le prix moyen à l'importation par l'Algérie du blé dur est passé à 311 dollars/tonne (usd/t) contre 461 usd/t sur la même période de 2015, en baisse de plus de 32%. Pour le blé tendre, le prix moyen à l'importation s'est établi à 192 usd/t contre 251 usd/t, en recul de plus de 23% entre les deux périodes comparaison. Même tendance pour le maïs dont le prix moyen à l'importation par le pays a été de 185 usd/t contre 202 usd/t, en repli de 8%. Dans son dernier rapport, la FAO a mis à jour ses prévisions lesquelles prévoient que les réserves céréalières mondiales atteindront un niveau record d'ici la fin des campagnes agricoles de 2017. Cette agence de l'ONU s'attend à ce que les stocks de céréales augmentent pour atteindre les 670 millions de tonnes, soit une hausse de 1,4% par rapport à la saison précédente. Dépendance agricole vis-à-vis des marchés étrangers Accueilli, avant-hier, à l'émission L'invité de la rédaction de la chaîne 3 de la Radio Algérienne, le professeur Fouad Chahat, professeur à l'Institut national de recherche agronomique (INRA), constate que la recherche agricole dans le pays, reste insuffisamment dotée par rapport à des pays voisins. Même si pour les productions maraîchères, l'intervenant considère qu'il existe une " autonomie totale ", il y relève, toutefois, un point faible constitué par les semences vis-à-vis desquelles, note-t-il, " nous se sommes pas encore autonomes ", sauf pour ce qui concerne celle de la pomme de terre. Il relève que " toutes les semences maraîchères " sont produites à l'étranger, entraînant " une situation de faiblesse " au pays, les actions entreprises s'étant révélées insuffisantes " où n'ayant pas été menées jusqu'au bout ". La question, constate le professeur Chahat, est de savoir si l'on va développer une production de semences à partir des variétés locales, " qui ont pratiquement disparues ", où bien le faire a partir de semences importées, au risque de se heurter aux sociétés étrangères qui en détiennent les brevets d'exploitation exclusive. Pour lui, si l'agriculture algérienne s'est retrouvée dans cette situation, c'est en raison du faible nombre de spécialistes dans le domaine mais également en raison de la solution de " facilité " retenue, consistant à donner la primeur aux importations, plutôt qu'à exploiter les semences locales et améliorer leur potentiel génétique. D'aucuns, explique le représentant de l'INRA, estimaient " moins coûteux " de disposer de semences toutes prêtes, ne nécessitant pas d'investissements à demeure, ni l'implication de pépiniéristes spécialisés. Que ce soit pour la production de semences maraîchères, de plants destinés à l'arboriculture fruitière, ou bien de sélection d'espèces animales plus productives, la recherche agricole en Algérie, note-t-il, " est très insuffisamment dotée " en moyens financier, humain et matériel " à peine 0,25% du PIB alors qu'on en attendait au moins 1% ". Il regrette que des pays voisins, à l'exemple de la Tunisie et du Maroc, investissement successivement 0,35% et 0,60% de leur PIB, " ce qui dit-il, nous fait craindre pour l'avenir de notre agriculture, compte tenu de la crise économique affectant le pays.