L'assassinat de Mohamed Zouari, ingénieur en mécanique aéronautique, a été planifié au-delà des frontières tunisiennes dans deux pays européens, a annoncé lundi dans la soirée le ministre tunisien de l'Intérieur Hadi Majdoub lors d'une conférence de presse. Agé de 49 ans, Mohamed Zouari a été tué jeudi dernier par balles alors qu'il était à bord de sa voiture près de chez lui à Sfax, deuxième province économique située au centre de la Tunisie. "Les unités sécuritaires ont saisi des douilles et cartouches de 9mm sur place ainsi que dans les alentours de la scène du meurtre outre quatre voitures dont deux utilisées dans ce crime", a précisé M. Majdoub. D'après le ministre tunisien de l'Intérieur, dix Tunisiens ont été interpellés par les services sécuritaires dans le cadre de l'enquête en cours afin de dévoiler les motifs et les identités des suspects principaux et plus particulièrement les planificateurs dans ce meurtre. "Aucun élément tout au long des investigations préliminaires en cours ne permettent d'affirmer qu'un quelconque appareil de renseignement étranger soit impliqué dans l'assassinat de Mohamed Zouari", a insisté le ministre tunisien de l'Intérieur Hadi Majdoub. Toutefois, le responsable tunisien n'a pas repoussé l'hypothèse de voir un appareil de renseignement étranger impliqué dans ce meurtre puisque, a-t-il estimé, ceux qui avancent cette piste argumentent que Mohamed Zouari était membre de la branche militaire de la mouvance islamique palestinienne, Hamas, en tant qu'ingénieur chargée de la conception de drones gérés à distance. Possédant une deuxième nationalité (belge) et marié à une Syrienne, Mohamed Zouari, était rentré en Tunisie en 2011 en tant que l'un des bénéficiaires de l'amnistie générale. Il fut adhérant dans le mouvement islamique scolaire et universitaire en Tunisie. D'après les données exposées par le ministre tunisien de l'Intérieur, Mohamed Zouari a fui la justice tunisienne en 1991 à destination de la Libye puis le Soudan avant d'arriver en Syrie où il a parachevé ses études en mécanique aéronautique. Enquête sur un étranger Le ministre tunisien de l'Intérieur a ainsi affirmé, que son département enquête, à l'heure actuelle, sur les circonstances d'entrée sur le sol tunisien d'un étranger avec un passeport allemand pour réaliser un reportage sur l'assassinat, à Sfax, de l'ingénieur Mohamed Zouari. Ce travail a été diffusé, samedi dernier, par la chaîne 10 de la télévision israélienne. Au cours d'une conférence de presse, le ministre précise que le correspondant de la chaîne TV israélienne est nommé Moav Vardi. Il est arrivé à l'aéroport de Tunis-Carthage en provenance de Rome. Avant de se diriger à Sfax à l'aide de six tunisiens pour réaliser un reportage sur l'assassinat de Mohamed Zouari, il s'était présenté comme écrivain allemand. Majdoub a souligné que Moav Vardi avait réalisé, dimanche, peu avant son départ, une courte vidéo devant la place du 14 janvier à Tunis. Cette vidéo a été diffusée, ultérieurement, sur internet, a indiqué le ministre. Plus tôt, l'ambassadeur d'Allemagne à Tunis avait été invité au siège du ministère des Affaires étrangères pour donner des précisions sur l'entrée, en Tunisie, d'un journaliste de la chaîne 10 de la télévision israélienne avec un passeport allemand. Dans un communiqué, le ministère des Affaires étrangères précise que l'ambassadeur d'Allemagne à Tunis Andreas Reinicke a été invité, lundi, 19 décembre par le secrétaire d'Etat auprès du ministre des Affaires étrangères Sabri Bach Tobji pour s'expliquer sur l'identité du journaliste et de son document de voyage. Le diplomate allemand s'est engagé à prendre les mesures qui s'imposent et à informer, à temps, les autorités tunisiennes de l'avancement des procédures, apprend-on de même source. Plus tôt dans la soirée, le ministre de l'Intérieur Hédi Majdoub n'a pas exclu l'implication de services étrangers dans l'assassinat, jeudi 15 décembre, de l'ingénieur Mohamed Zouari à Sfax dans la mesure où les enquêteurs privilégient, à l'heure actuelle, la piste de la main étrangère.
