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Massacres du 8 mai 1945 : Toujours vivaces dans la mémoire collective algérienne
Publié dans Le Maghreb le 08 - 05 - 2017

Le 8 mai 1945 signifie l'un des moments les plus sanglants de l'Histoire algérienne. La répression colonialiste venait d'y faire ses premiers accrocs face à une population farouchement déterminée à se promouvoir aux nobles idéaux de paix et d'indépendance.
Les Algériens commémorent aujourd'hui la sinistre journée du 8 mai 1945. Cette date reste gravée en lettres de sang versé par des dizaines de milliers de manifestants pacifiques tués dans des massacres à travers plusieurs villes du pays et qui restent un épisode tragique ayant marqué la politique génocidaire de la France coloniale, mais ils ont constitué, en parallèle, un tournant décisif dans la lutte du peuple algérien pour son indépendance. Ces massacres demeurent ancrés dans la mémoire collective du peuple algérien, comme cela a été souligné dans les discours officiels dénonçant "la cruauté du colonialisme et ses violations innombrables des droits humains, sans que cela ne soit reconnu par ses auteurs".
Le 8 mai 1945 fut un mardi pas comme les autres en Algérie. Les gens massacrés ne l'étaient pas pour diversité d'avis, mais à cause d'un idéal. La liberté. Ailleurs, il fut célébré dans les interstices de la capitulation de l'état-major allemand. La fin de la Seconde Guerre mondiale, où pourtant 150.000 Algériens s'étaient engagés dans l'armée aux côtés de de Gaulle. Ce fut la fin d'une guerre. Cela pour les Européens. Mais pour d'autres, en Algérie, à Sétif, Guelma, Kherrata, Constantine et un peu partout, ce fut la fête dans l'atrocité d'une colonisation et d'un impérialisme qui ne venait en ce 8 mai qu'annoncer le plan de redressement des volontés farouches et éprises de ce saut libertaire. Dès 8 heures du matin, une foule estimée aux environs de 10.000 personnes était rassemblée devant la mosquée de la gare. Puis elle entamait son élan rue des Etats-Unis pour se diriger vers le centre-ville, rue Georges Clémenceau... Pacifiques, dépités et désarmés, les paisibles manifestants scandaient des slogans de paix et de liberté. " Indépendance ", " Libérez Messali Hadj ", " L'Algérie est à nous ". Ils s'étaient donnés pour consigne de faire sortir pour la première fois le drapeau algérien. La riposte fut sanglante.
Pourtant, profitant du jour du marché hebdomadaire, ce 8 mai 1945, les organisateurs avaient rappelé aux paysans venus des villages de déposer tout ce qui pouvait être une arme (couteau, hâche, faux...). Derrière les drapeaux des alliés, c'étaient les écoliers et les jeunes scouts qui étaient au premier rang suivis des porteurs de la gerbe de fleurs, et les militants suivaient juste derrière pour éviter tout débordement de la masse paysanne. A la vue d'un drapeau algérien vert et blanc, qui avait été déployé en cours de route, les policiers avaient jailli du barrage et avaient attaqué la foule pour s'emparer du drapeau. Un militant avait expliqué que le drapeau étant sacré, il est impossible de le remiser une fois sorti. Le maire socialiste de la ville supplie de ne pas tirer. Mais c'est à ce moment que tout dérape quand un inspecteur tire, tue celui qui portait ce drapeau à ce moment-là et deux coups de feu en soutien de la part d'Européens partent du café de France. Dans la panique provoquée par les premiers coups de feu, à d'autres fenêtres des Européens tirent à leur tour sur la foule.
" On a tiré sur un jeune scout " ! Ce jeune " scout " fut le premier martyr de ces incidents : Saâl Bouzid, 22 ans, venait par son souffle d'indiquer sur la voie du sacrifice la voie de la liberté. K. Z., âgé alors de 16 ans, affirme non sans amertume à ce propos : " Il gisait mourant par-devant le terrain qui sert actuellement d'assiette foncière au siège de la wilaya. Nous l'avons transporté jusqu'au docteur Mostefaï... et puis... " L'émotion l'étouffe et l'empêche de continuer...
Bien que la panique ait gagné l'ensemble des manifestants, un militant avait sonné le clairon pour que la gerbe de fleurs soit déposée. Cela se passait à 10 heures du matin. Le car de la gendarmerie ayant eu du retard était arrivé en fonçant en direction des manifestants fauchant les présents. Surgit alors la préparation du massacre des Algériens. Une milice d'Européens est formée à qui on donne des armes ; l'armée, la police et la gendarmerie sont déployées... C'est une véritable chasse à toutes personnes musulmanes. Le 9 mai, à Sétif, ce sont 35 Algériens qui ont été abattus parce qu'ils ne savaient pas qu'un couvre-feu avait été établi. Le rapport du commissaire divisionnaire, M. Bergé, expliquait que chaque mouvement jugé suspect provoquait le tir : " les musulmans ne peuvent circuler sauf s'ils portent un brassard blanc délivré par les autorités et justifications d'un emploi dans un service public. "

Un four crématoire pour les martyrs du 8 mai 1945
En dépit des 72 années qui se sont écoulées depuis les massacres du 8 mai 1945 à Guelma, le four à chaux de la commune d'Héliopolis, transformé en four crématoire, où ont été brûlées les dépouilles d'innocentes victimes exécutées par la police coloniale, témoigne encore de ces crimes, selon des témoignages toujours vivaces dans la mémoire collective de la région.
Certains parmi ceux qui ont vécu ces évènements se souviennent que ce four, situé dans une ferme de la région d'Héliopolis, à 5 km au nord de la wilaya, était initialement destiné à la fabrication de la chaux.
Le reste de ce four, appartenant à un colon du nom de Marcel Lavie, a été transformé par des milices européennes en four crématoire ''pour y brûler les cadavres d'Algériens innocents'', témoignent à ce jour des atrocités commises par des mains abjectes. Mohamed Bouaoud, âgé de 15 ans à cette époque, fait partie des quelques témoins encore vivants de ces massacres et garde en mémoire les détails de ces évènements tragiques qui ont marqué cette région d'autant qu'ils ont duré plus d'un mois, au cours duquel le sous-préfet de Guelma, André Achiary a mené une guerre sans merci aux Algériens en ordonnant des exécutions sommaires et en jetant leurs cadavres dans les champs et près des rives des oueds.
Ce même témoin a confié que l'odeur des corps en décomposition, empestant l'atmosphère, a incité ''les milices européennes à vouloir camoufler leurs crimes infâmes en transportant les cadavres des Algériens dans des camions jusqu'à la ferme Lavie pour les brûler'', indiquant que pour ce faire, ''les Français ont fait appel à plus de 20 camions de transport de marchandises''.
D'après des documents officiels détenus par des militants engagés dans la défense des droits des martyrs de ces massacres, ''plus de 500 cadavres de musulmans, pendus de manière sommaire en mai 1945, ont été exhumés des fosses communes dans lesquelles ils ont été jetés et acheminés, sous bonne escorte des gendarmes français, à l'aide de camions vers le four à chaux''.
Ce dernier servait à brûler des pierres dans la commune d'Héliopolis où des détenus italiens, travaillant pour le propriétaire de la ferme, se chargeaient de brûler les dépouilles en y ajoutant des branches d'oliviers.

Kef el Boumba, un autre lieu témoin de la grande barbarie
Non loin de cette ferme, se trouve un site de massacres collectifs ainsi qu'un important charnier d'ossements au lieudit kef El Boumba à l'entrée de la commune d'Héliopolis, à proximité de l'oued Seybouse, comprenant 4 tranchées d'une longueur variant entre 20 à 25 mètres, renfermant chacune plus de 20 cadavres.
Le premier groupe de personnes pendues sur place compte 50 martyrs, dont Mohamed Tebbani et Hamid Djemaâoui, se rappelle Aïcha Djemaâoui, la sœur du chahid Hamid, alors âgée de 23 ans.
Selon les chiffres avancés par l'association locale du 8 mai 1945, créée en 1995, le bilan approximatif des victimes de ces horribles massacres dépasse 18 000 martyrs parmi les enfants de Guelma et plusieurs communes de la wilaya, à l'instar de Belkheir, Ahmed Boumahra, Khazara et Oued Chahm.
Les informations émanant des membres de cette association font état de la simultanéité des évènements du 8 mai 1945 avec le marché hebdomadaire de Guelma qui drainait tous les habitants de la région, d'où le nombre important des participants à la marche pacifique, qui a pris naissance dans la région d'El Karamet en dehors de la muraille entourant la ville, s'élevant à plus de 2000 algériens. Cela a semé la peur chez les français qui ont décidé de riposter contre cette marche civilisationnelle avec une grande barbarie, au cours de laquelle sont tombés de nombreux martyrs, dont le premier était Abdellah Boumaâza dit Hamed.
Parmi les plus importantes actions concrétisées par l'Association du 8 mai 1945 à Guelma dans le cadre de la commémoration de ces massacres, la réalisation de stèles commémoratives au niveau de 11 lieux qui témoigneront au fil du temps et des générations de la cruauté du colonialisme, en particulier au chef-lieu de la wilaya où se trouve l'ancienne caserne militaire, la voie ferrée, la gare ferroviaire ainsi que le club des scouts.


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