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Achiary et ses sbires, des semeurs de mort encore dans les mémoires à Guelma

Les balles tirées par le sous-préfet de Guelma, André Achiary, pour tenter de stopper une marche pacifique d'Algériens, le 8 mai 1945 à Guelma, ont donné le top-départ aux horribles massacres qui allaient être perpétrés contre des civils dans cette région de l'est du pays, affirment des témoins oculaires.
Agé à l'époque de 15 ans, Mohamed Bouaoud, se souvient de la «folie meurtrière» qui s'était emparée d'André Achiary et des dizaines de milices formées de colons, armées par l'armée française, pour riposter contre «l'audace» de milliers d'Algériens, épris de liberté, qui avaient organisé, ce jour-là, une imposante marche pacifique et crié à l'unisson «Vive l'Algérie» et «A bas le colonialisme».
Les premières balles tirées par le sous-préfet atteignirent mortellement Abdallah Boumaâza, surnommé Hamed, dont le nom a «inauguré» la longue, très longue liste de victimes des massacres du 8 mai 1945 dans la région de Guelma, ajoute M. Bouaoud. Ce dernier, qui fréquentait l'école Sévigné, près de l'avenue Jugurtha, soutient que son institutrice française, qui l'avait entendu répéter avec d'autres adolescents, «Min Djibalina», avait exigé la traduction française du chant. «Je fus ensuite interpellé et placé en détention au siège des scouts où les milices regroupaient les Algériens avant de les exécuter», raconte-t-il.
Les évènements dramatiques de cet épisode sanglant restent, soixante-dix ans après, gravés dans la mémoire de Mohamed Bouaoud, alors adolescent. «Les exactions durèrent plus d'un mois. Les cafés et les commerces étaient fermés et le couvre-feu imposé aux musulmans. Les arrestations étaient arbitraires tandis que certains villages proches des exploitations agricoles appartenant à des colons intégrés dans les milices armées, avaient même été sauvagement bombardés», se souvient cet homme, aujourd'hui âgé de 85 ans.
Il n'a toujours pas oublié les noms de certains miliciens dont la haine viscérale des «indigènes» avait été exacerbée par ce "conseil" d'Achiary : «vengez-vous!». Mohamed Bouaoud se souvient encore d'Henri Sauvage, de Fauqueux, de Gustu, de Richard et Victor Casanova, de Garrivet, de Guiraudà «Des noms qui hantent encore mes souvenirs», dit-il.
Garrivet, l'instituteur qui fit exécuter ses propres élèves
Lorsqu'il fut chargé par Achiary d'établir la liste des personnes à exécuter, l'instituteur français Henri Garrivet, meneur de ces milices de la mort, avait demandé, selon plusieurs témoins, qu'on lui permette de placer en premier les noms de ses propres élèves. Des élèves de la classe 1935 furent ainsi arrêtés et exécutés le 11 mai 1945 dans la caserne militaire de la ville avec 9 autres militants nationalistes ayant participé à la manifestation pacifique du 8 mai 1945. Les quelques personnes qui n'avaient été «que blessées», furent incinérées dans les fours à chaux de sinistre mémoire, oeuvres du colon Marcel Lavie, dans la région d'Héliopolis.
Dans une correspondance officielle adressée le 23 mai 1945 au directeur de la sûreté générale à Alger (document conservé dans les archives de la fondation du 8 mai 1945), le chef de la brigade mobile de Guelma, le nommé Bousson, affirme que l'«opération d'exécution par balles des participants à la marche a été effectuée» et cite les noms de Saïd Bellazzoug, les frères Ali et Smaïl Abdou, Abdelkrim Bensouilah, Mohamed Douaouria, Amar Ouartsi, Messaoud et Mabrouk Chorfi et Mohand-Ameziane Oumerzouk.
Zohra Rekki, tuée et coupée en morceaux devant ses deux frères
Des militants de la Fondation du 8 mai 1945 rapportent également la sauvagerie avec laquelle les miliciens avaient tranché des morceaux du corps d'une femme, Zohra Rekki en l'occurrence, devant ses deux frères Mohamed et Hafid, puis brûlée dans les fours. Ils rapportent aussi l'horrible crucifixion d'un Algérien dénommé Moumeni, qui fut accroché par des clous sur le mur du siège de la gendarmerie de Guelma, jusqu'à la mort. Des documents détenus par les militants de l'association de défense des droits des victimes des massacres font état de l'exécution sommaire de plus de 500 musulmans dont les cadavres furent déterrés des fosses communes puis transportés par camions escortés par des gendarmes français pour être incinérés dans les fours à chaux et jetés au lieu-dit Kef El Boumba près d'Héliopolis où se trouvent quatre excavations de 20 à 25 mètres de long contenant chacune plus de 20 cadavres.
Abdelaziz Bara, secrétaire général de la Fondation du 8 mai 1945, créée en 1995, affirme que le bilan approximatif des victimes de ces massacres horribles dépasse les 18 000 martyrs. L'un des côtés les plus tragiques de ces évènements, un fait qui continue, à ce jour, de peser lourd dans la mémoire d'une frange de la population locale, est «l'affaire des disparus» dont les noms figurent toujours sur les registres d'Etat-civil en tant que personnes vivantes, alors qu'ils furent exécutés et incinérés, soutient M. Bara. Une autre conséquence de ces massacres qui inspireront un titre répugnant sur 5 colonnes à la Une d'un quotidien à grand tirage parrainé par l'administration coloniale : «Chasse aux émeutiers indigènes !».
Pour le secrétaire général de cette Fondation, ce qui fait chaud au coeur est l'édification de 11 stèles commémoratives en hommage aux victimes pour rappeler aux générations futures l'horreur de la colonisation. Ces stèles ont été érigées dans les communes de Belkheir, de Boumahra, d'Héliopolis, d'Oued Cheham, de Lekhzara et dans la ville de Guelma où se trouvaient la caserne militaire et le siège des scouts. Des stèles qui rappellent et rappelleront toujours le martyre d'un peuple sans armes au moment même où la France et les Alliés sabraient le champagne pour célébrer la chute d'Hitler et du nazisme. Une chute à laquelle contribuèrent, conscrits de force pour servir de chair à canon, 123 000 Algériens.


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