Le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, a plaidé pour améliorer les règles européennes concernant les sauvetages bancaires, tout en estimant que les derniers cas récents en Italie s'étaient finalement plutôt bien déroulés. "Nous devons examiner concrètement, à la lumière des cas récents, si nos instruments sont suffisants, s'ils sont les bons et ce qu'on peut faire en plus", a dit le grand argentier allemand à propos des sauvetages fin juin des activités saines de deux banques vénitiennes, ainsi que de la restructuration début juillet de BMPS, troisième établissement financier d'Italie. Il a regretté les différences existant entre les droits nationaux de faillites bancaires et les règles européennes. "Il faut qu'on discute de la manière dont on peut changer cela à l'avenir", a-t-il dit. Néanmoins, il n'a pas jeté la pierre à Rome, qui a largement mis à contribution le contribuable italien pour sauver ses banques en difficulté malgré des règles européennes qui prêchent le contraire. Selon différents diplomates européens, M. Schäuble doit dîner lundi soir avec ses homologues français, Bruno Le Maire, et italien, Pier Carlo Padoan. "Je crois que l'Italie s'est finalement bien sortie d'une situation difficile", a dit M. Schäuble en arrivant à une réunion à Bruxelles, où les 19 ministres de la zone euro doivent être informés en détail des sauvetages italiens par la Commission européenne, la Banque centrale européenne (BCE) et le conseil de résolution unique, sorte de pompier (en fonction depuis 2016) des banques de la zone euro.
Plus de tranquillité Son homologue autrichien, Hans Jörg Schelling, s'est montré plus virulent: "il faut qu'enfin tout le monde s'en tienne aux règles". Selon lui, la banque autrichienne Hypo Alpe Adria a été jusqu'ici la seule à avoir été assainie conformément aux règles européennes. Pour cette raison, M. Schelling a réclamé une discussion sur les cas italiens, où le droit national l'a emporté sur les règles européennes. De son côté, le vice-président de la Commission européenne, Valdis Dombrovskis, a estimé qu'"il fallait à la lumière des cas passés voir ce qu'il fallait ajuster", tout en estimant que l'union bancaire européenne fonctionnait. Le président de l'Eurogroupe, le ministre néerlandais des Finances, Jeroen Dijsselbloem, a, lui, plaidé pour une accélération de l'harmonisation des droits nationaux sur les faillites au sein de l'UE. Quant à M. Padoan, il a déclaré en arrivant à Bruxelles qu'"on avançait pour construire une union bancaire plus solide dans laquelle on pourrait travailler avec plus de tranquillité". Créée dans le sillage de la crise financière de 2008 et adoptée début 2014 par le Parlement européen, l'Union bancaire a été constituée par les Etats de l'UE pour empêcher que les gouvernements européens ne se retrouvent à nouveau, comme pendant la crise, à débourser des montants colossaux pour sauver leurs banques, se mettant eux-mêmes en difficulté. Mardi, les 28 ministres des Finances de l'UE veulent adopter un "plan d'action" pour s'attaquer au problème des créances douteuses des banques, qui risque de se répercuter sur l'ensemble de l'économie européenne si leur montant n'est pas réduit, selon eux.