Quelle carte a voulu jouer le Président Abdelaziz Bouteflika en annonçant dimanche la composition d'un nouveau gouvernement de 27 membres et comme Premier ministre, Noureddine Bedoui ? Il n'y a pas eu d'enthousiasme particulier ou d'écho favorable au sein de l'opposition, ni dans la rue en général, à la suite de l'annonce de la nouvelle équipe gouvernementale. La réaction la plus courante a été relevée au cœur même de la rue où juste la composition du nouveau gouvernement rendue publique, elle a provoqué spontanément des réactions défavorables. Des rassemblements nocturnes dans la nuit de dimanche à lundi ont été relevés à Alger et dans d'autres grandes villes de l'intérieur du pays. Dans le milieu des partis de l'opposition, les réactions ne sont pas restées en marge de celles de la rue, des jeunes en singulier. Les premières réactions défavorables à ce nouveau cabinet se sont faites entendre dans les réseaux sociaux et ensuite à travers l'offensive déclenchée par les cadres de l'opposition, les analystes et autres commentateurs sur les divers plateaux de télévisions privées. Tout le monde a été unanime pour conclure que ce gouvernement n'est pas inclusif et satisfait un agenda qui profite au pouvoir en ce sens qu'il n'est pas représentatif des forces politiques et sociales du pays , même s'il a un semblant de caractère " technocrate ". A la lecture de ces réactions, ce mécontentement général , la situation semble atteindre le summum des erreurs politiques "délibérées " qui sont responsables de la crise politique actuelle. Cela signifie qu'il n'y a rien de nouveau, de spécial, même si on évoque ici et là une éventuelle démission du Président Abdelaziz Bouteflika dans les heures qui viennent. Et tout le monde a été unanime pour dire qu'en haut lieu " ils font n'importe quoi. Les choses se passent autrement pour ne pas entendre raison ". Les critiques se poursuivent pour dire que le sommet de l'Etat est bel et bien affaibli et n'arrive pas à se mettre au diapason des attentes populaires d'où cet atermoiement prolongé du suspense et de la tension entre les décideurs et le peuple alors qu'il était indispensable que la solution de la crise passe par une action politique destinée à relever le niveau moral de la population. Certaines informations, beaucoup de réseaux sociaux ont même laissé entendre et répandre largement que la septième sortie de rue vendredi prochain sera plus mobilisatrice à travers tout le pays. Le malaise est grandissant et en attendant que les dernières retouches soient apportées à la mise e n application des articles 7, 8 et 1O2 de la Constitution proposés par le vice-ministre de la Défense nationale , on annonce que le nouveau gouvernement aura une vie limitée ne dépassant pas trois mois puis interviendra le rétablissement de l'ordre constitutionnel avec l'élection d'un nouveau président de la République. En effet, si réellement le chef de l'Etat présente sa démission, le Premier ministre, Noureddine Bedoui et son gouvernement seront légitimes au vu de l'article 104 de la Constitution qui stipule : " Le Gouvernement en fonction au moment de l'empêchement, du décès ou de la démission du Président de la République, ne peut être démis ou remanié jusqu'à l'entrée en fonction du nouveau président de la République. Dans le cas où le Premier ministre en fonction, est candidat à la Présidence de la République, il démissionne de plein droit. La fonction de Premier ministre est assumée par un autre membre du Gouvernement désigné par le chef de l'Etat ". Les dispositions de cet article sont également contestées par l'opposition, qui y voit la mainmise du pouvoir en ce qui concerne la préparation de l'élection présidentielle. Mais comme les obstacles à la conclusion d'une courte période de transition sont minimes tant il y a trop de divergences politiques et de désaccords flagrants. Mais et même si l'opposition n'accorde pas la moindre confiance au Premier ministre, Noureddine Bedoui ; celui-ci sait qu'il doit faire au mieux, faire le jeu des revendications populaires sur le plan politique et démocratique et surtout permettre l'entière liberté à la classe politique en vue de se préparer aisément à la prochaine élection présidentielle. L'engagement du Premier ministre, son expérience dans la gestion des échéances politiques, les événements et autres situations critiques traversés par le pays renferment des éléments positifs et un crédit de commis de l'Etat, même s'il est mis à l'index par l'opposition, peuvent lui permettre de se placer dans une forte position de redresser la barre. Bedoui devra se méfier des graves remous politiciens qui viendraient du champ politique, de la mouvance islamiste en particulier et qui vient d'appeler à l'insurrection politique. En effet, si donc, dit-on dans les milieux politiques avertis, Noureddine Bedoui est obligé par le succès qu'escompte l'état-major de l'ANP réalisé à travers l'activation des articles 7, 8 et 1O2 de la Constitution , il doit dès à présent se rapprocher des élites politiques et sociales afin que d'aucuns ne puissent pas avoir l'occasion de grignoter ce que l'ANP a proposé comme voie de sortie de la crise actuelle ; voie promise au peuple. C'est que désormais, le rôle du Premier ministre, avec le soutien de l'Armée et la contribution effective de la classe politique devient un facteur décisif, déterminant dans la vie politique algérienne en attendant l'élection d'un nouveau président de la République. Le sentiment c'est que personne ne doit se tromper ; Tout le monde a le devoir de passer dans le camp du peuple pour un vrai changement et de nouvelles réformes politiques, démocratiques, économiques et sociales., au profit des réalités et des intérêts vitaux de l'Algérie.