Le président de la Banque centrale européenne a déclaré ce mardi 18 juin que les baisses de taux restaient une arme à sa disposition contre une inflation toujours basse. Le président américain a fustigé "l'avantage injuste" d'un euro faible. Mario Draghi refait-il le coup du " whatever it takes ", sa formule magique qui avait sauvé l'euro à l'été 2012 en pleine crise des dettes souveraines ? En déplacement à Sintra, au Portugal, pour un forum annuel ce mardi 18 juin, le président de la Banque centrale européenne (BCE) a dressé un bilan des 20 ans de l'euro et de deux décennies de politique monétaire de l'institution de Francfort. Le super-banquier, dont le mandat arrive à échéance le 31 octobre 2019, a prévenu qu'il était, lui et le conseil des gouverneurs, toujours prêts à utiliser tous les moyens nécessaires pour mettre l'économie européenne sur les bons rails d'une inflation modérée, dans un contexte de ralentissement de la croissance. Après avoir repoussé à deux reprises la perspective de la remontée des taux d'intérêt, au plus depuis 2016, il envisage même de les baisser. Ce qui donne en langage de banquier central : " En l'absence d'amélioration, de telle sorte que la convergence durable de l'inflation vers notre objectif se trouverait menacée, un soutien additionnel sera requis. De nouvelles baisses des taux directeurs et des mesures d'atténuation visant à limiter les effets secondaires font toujours partie de nos outils. Nous mettrons à profit toute la flexibilité permise par notre mandat pour le remplir - et nous le ferons encore pour répondre à tout défi qui se poserait à la stabilité des prix à l'avenir ", a déclaré Mario Draghi. Il a également évoqué une relance du programme d'achats de dettes, pilier de sa politique monétaire accommodante (quantitative easing ou QE). Une réponse claire à ses détracteurs qui affirment que l'institution n'a plus de munitions à disposition. L'effet a été immédiat sur les marchés : l'euro a reculé face au dollar. Le rendement de l'obligation du Trésor français (OAT) à dix ans est même devenu négatif pour la première fois de son histoire, avant de repasser en territoire positif.
" Injuste " selon Donald Trump Les propos de Mario Draghi n'ont pas plu à Donald Trump qui, au saut du lit, a posté quelques tweets courroucés, estimant que l'Europe se livrait à une concurrence déloyale. " Mario Draghi vient juste d'annoncer que d'autres mesures de soutien pourraient intervenir, ce qui a fait immédiatement baisser l'euro contre le dollar et rendu beaucoup plus facile pour eux de concurrencer les États-Unis, de façon injuste. Ils s'en sont tiré à bon compte depuis des années, tout comme la Chine et d'autres pays ", a tempêté le président américain. Le discours de Mario Draghi a redonné le moral à toutes les Bourses européennes. Wall Street aussi est bien orientée ce mardi, dans l'espoir d'une politique monétaire plus accommodante de la Fed américaine, dans le sillage de la BCE. La Réserve fédérale se réunit mercredi 19 juin : les investisseurs s'attendent à une baisse des taux, sur fond de dégradation de la conjoncture mondiale. " Les risques qui ont prévalu tout au long de l'année écoulée, en particulier les facteurs géopolitiques, la menace croissante du protectionnisme et les vulnérabilités des marchés émergents ne se sont pas dissipés ", a noté Mario Draghi dans son discours. Au sujet des tensions commerciales, dont il est largement responsable, Donald Trump, a fait valoir qu'il avait eu " une très bonne conversation téléphonique avec le président Xi de Chine " en amont de la réunion du G20 au Japon la semaine prochaine.
Relancer l'inflation La Banque centrale européenne (BCE) est prête à utiliser toute la flexibilité permise par son mandat si l'inflation ne converge pas vers son objectif, a déclaré mardi le président de la BCE Mario Draghi, renforçant les anticipations de nouvelles mesures de soutien monétaire dans la zone euro dans les prochaines semaines. Mario Draghi, qui intervenait dans le cadre du forum annuel de la BCE à Sintra au Portugal, a recouru à une formulation qui n'est pas sans rappeler celle qu'il avait utilisée en juillet 2012, au plus fort de la crise de l'euro, promettant alors de "faire tout ce qu'il faudra ('whatever it takes')" pour préserver la monnaie unique. "Nous mettrons à profit toute la flexibilité permise par notre mandat pour le remplir - et nous le ferons encore pour répondre à tout défi qui se poserait à la stabilité des prix à l'avenir", a-t-il affirmé. La BCE n'a plus atteint depuis 2013 son objectif d'un taux d'inflation d'un peu moins de 2% et le ralentissement actuel de la croissance fait craindre une nouvelle décélération, malgré des années de politique monétaire ultra-accommodante. La banque centrale est confrontée depuis le début du mois de mai à une forte dégradation des anticipations d'inflation à long terme, les swaps d'inflation à cinq ans dans cinq ans ayant plongé d'à peine plus de 1,4% début mai à moins de 1,14% lundi, une chute dont l'ampleur mine sa crédibilité. La BCE assouplira encore sa politique si l'inflation ne converge pas vers son objectif, a promis Mario Draghi mardi. "En l'absence d'amélioration, de telle sorte que la convergence durable de l'inflation vers notre objectif se trouverait menacée, un soutien additionnel sera requis", a-t-il déclaré. Il a ajouté qu'il restait une "marge considérable" pour davantage de rachats d'actifs et que la BCE pouvait aussi ajuster sa communication avancée, réduire les taux d'intérêt et décider de mesures pour compenser les éventuels effets secondaires des taux négatifs. Mario Draghi s'est aussi employé à dissiper les doutes des investisseurs sur la capacité de la BCE à relancer son programme d'achat d'actifs en raison des limites qu'elle s'est elle-même imposée, notamment de ne pas détenir plus de 30% du stock de dette des différents émetteurs souverains de la zone euro. Il a souligné que ces limites étaient flexibles, la BCE ayant le pouvoir de déployer les instruments de politique monétaire à la fois nécessaires et proportionnés. Il a rappelé que la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE) avait déjà confirmé que la BCE disposait d'une grande latitude dans l'utilisation des instruments à sa disposition. Bien que la CJUE ait validé les achats d'actifs dans une précédente décision, elle avait souligné que ces achats devaient respecter des limites, ce qui pourrait conduire à de nouvelles contestations si la BCE devait s'en affranchir.
"Crédibiliser les instruments pour répondre a la FED" La BCE mettra à profit "les prochaines semaines" pour étudier ses options, a-t-il aussi dit, laissant entendre que la banque centrale pourrait faire des annonces plus tôt que ce qui était généralement anticipé. La prochaine réunion de politique monétaire du conseil des gouverneurs de la BCE est prévue le 25 juillet. Sur les marchés, les déclarations de Mario Draghi ont été suivies par une baisse de l'euro et des rendements des emprunts d'Etat tandis que les principales Bourses européennes ont progressé. "Draghi a vraiment ouvert la porte à des baisses de taux et à un nouveau cycle d'assouplissement monétaire (QE)", estime Neil Wilson, analyste chez Markets.com. "Cela ressemble à un signal clair que la banque centrale prépare les marchés à ce que la politique monétaire devienne plus accommodante cette année". Vers 13h00 GMT, la monnaie unique se traite un peu en dessous de 1,12 dollar après un plus haut en séance à 1,1242. Le rendement du Bund allemand à dix ans, qui était à l'équilibre avant la prise de parole de Draghi, perd 7,8 points de base à -0,324%. Le rendement de l'OAT à 10 ans est brièvement passé dans le négatif. Parallèlement, les Bourses européennes se sont retournées à la hausse: le CAC 40 gagne 1% et le Stoxx 600 prend 0,66%. Les déclarations de Mario Draghi interviennent aussi à la veille des conclusions très attendues d'une réunion de politique monétaire de la Réserve fédérale américaine (Fed). La Fed, qui a mis un terme en janvier au processus de normalisation de sa politique monétaire et opté pour une pause dans le relèvement de ses taux directeurs, n'a pas depuis cherché à détromper les anticipations de marché qui tablent sur plusieurs baisses de ses taux d'ici la fin de l'année, dans un contexte de ralentissement de la croissance mondiale, de regain de tensions commerciales entre Washington et Pékin et de fortes pressions de l'administration Trump en faveur d'un assouplissement monétaire. ""Mario Draghi vient juste d'annoncer que plus de soutien pourrait intervenir, ce qui a fait immédiatement baisser l'euro contre le dollar et rend beaucoup plus facile pour eux de concurrencer les Etats-Unis. Ils s'en tirent à bon compte depuis des années, tout comme la Chine et d'autres pays", a déclaré Donald Trump sur Twitter. "La BCE doit crédibiliser ses outils pour répondre à une éventuelle baisse de taux de la Fed", a estimé Thomas Prince, responsable de la gestion monétaire de Groupama AM. Selon lui, cela implique notamment de faire sauter la limite de 30% sur la détention des stocks de dette souveraine et préciser les conditions d'une modulation de l'impact de taux encore plus négatifs pour le système bancaire de la zone euro, principale courroie de transmission de la politique monétaire.
La BCE ne cible pas les changes La Banque centrale européenne (BCE) n'a pas d'objectif en termes de taux de change a réaffirmé mardi après-midi le président de la Banque centrale européenne (BCE), Mario Draghi, après que le président américain Donald Trump s'en fut pris un peu auparavant à ses annonces du matin sur un possible nouvel assouplissement monétaire. Donald Trump avait auparavant critiqué ses déclarations faites plus tôt selon lesquelles la BCE est prête à utiliser toute la flexibilité permise par son mandat si l'inflation ne converge pas vers son objectif. "Mario Draghi vient juste d'annoncer que plus de soutien pourrait intervenir, ce qui a fait immédiatement baisser l'euro contre le dollar et rend beaucoup plus facile pour eux de concurrencer les Etats-Unis. Ils s'en tirent à bon compte depuis des années, tout comme la Chine et d'autres pays", avait réagi Donald Trump sur Twitter. Le président de la BCE a par ailleurs souligné que certaines mesures des anticipations d'inflation à partir des réactions de marché avaient perdu de leur signification "en raison de facteurs techniques." "Certains des indicateurs de ces anticipations de l'inflation par les marchés ont perdu une partie de leur contenu sur l'inflation en raison de facteurs techniques qui ont affecté ces marchés, en particulier très récemment", a-t-il dit dans le cadre de la conférence annuelle de la BCE à Sintra, au Portugal. Les swaps d'inflation à 5 ans dans 5 ans, une des mesures des anticipations d'inflation à long terme très suivies par la BCE, sont ainsi tombées lundi à un plus bas record, mais dans des volumes d'échange très faibles.
Une concurrence déloyale Donald Trump a critiqué mardi les déclarations faites plus tôt par le président de la Banque centrale européenne, Mario Draghi, qui s'est dit prêt à un nouvel assouplissement monétaire si nécessaire, le président américain jugeant que cela constitue une concurrence européenne déloyale envers les Etats-Unis. "Mario Draghi vient juste d'annoncer que plus de soutien pourrait intervenir, ce qui a fait immédiatement baisser l'euro contre le dollar et rend beaucoup plus facile pour eux de concurrencer les Etats-Unis. Ils s'en tirent à bon compte depuis des années, tout comme la Chine et d'autres pays", a déclaré Donald Trump sur Twitter. La BCE est prête à utiliser toute la flexibilité permise par son mandat si l'inflation ne converge pas vers son objectif, a déclaré mardi Mario Draghi dans le cadre du forum annuel de la BCE à Sintra au Portugal, renforçant les anticipations de nouvelles mesures de soutien monétaire dans la zone euro dans les prochaines semaines. Ses déclarations ont fait baisser l'euro sous le seuil de 1,12 dollar, à un plus bas de deux semaines.